Poursuivons l’exploration des facettes subtiles du souffle avec le travail sur le silence mental. Le silence mental est le fait de ne pas avoir constamment des pensées parasites. C’est une qualité indispensable pour de nombreuses raisons. En effet, avoir le silence mental c’est être capable d’écouter, de focaliser son attention sur une tâche précise ou encore d’être conscient de son environnement. Le silence mental est également un élément important pour développer d’autres qualités telles que le lâcher-prise.

Evidemment, dans la recherche du silence mental, le travail du souffle peut avoir un vrai rôle. Je vais donc dans cet article proposer un exercice pour chercher à développer cette qualité.

Le silence mental

 

Combien de fois en lisant le paragraphe précédent avez-vous été distrait? Combien de fois sur ces quelques lignes avez-vous posé un jugement, un commentaire (« Ah oui c’est vrai », « N’importe quoi », « Pas moi »,  » C’est quoi cette photo »…)? Tout le monde le fait, c’est un mécanisme naturel de juger pour étiquetter rapidement les choses. Ainsi, on ne perd théoriquement pas de temps en traitant l’information très rapidement sans avoir à analyser plus que ça.

Le problème, c’est que cette habitude empêche de poser un regard neuf sur les choses. Pire, ce mécanisme étant bien connu, il est très facile de manipuler les gens en générant une émotion peu subtile chez le lecteur pour qu’il se rallie au discours. C’est aussi pour cela que le discours simpliste marche le mieux. Vite étiquetté, vite classé et notre avis est ainsi forgé.

Le silence mental est donc un indispensable à la liberté et  à l’instant présent pour reprendre une expression à la mode (étiquetté l’instant présent c’est bien, donc si on parle de l’instant présent, c’est bien…).

Le problème est que le silence mental n’est que rarement atteint consciemment. Pire, lorsqu’il est, il fait souvent peur…

 

Le silence mental, une expérience troublante

 

Le cas le plus impressionnant que j’ai vu est une personne qui avez travaillé dessus depuis longtemps. Un jour, elle l’a eu et ce jour là, elle devait rentrer en voiture chez elle sur un trajet de deux heures. En arrivant, elle avait pris peur parce qu’elle avait eu l’impression de ne rien reconnaître du trajet qu’elle avait fait des dizaines de fois. Pourtant, elle savait très bien où elle était.

L’explication de son prof a été qu’avec le silence mental, c’était comme si elle avait porté un regard totalement nouveau sur ce qu’elle voyait. Ceci lui a donné l’impression de ne rien reconnaître. Pourquoi? Parce que toutes les étiquettes étaient parties…

Personnellement, les premières fois où j’ai touché cet état, l’immensité du silence était effrayant. La première fois, j’ai même refusé de continuer le travail. En effet, j’ai eu l’impression d’être mort avec le cerveau qui était éteint tout en restant conscient… Etrangement, sur le moment, il n’y avait aucune peur, ni rien d’ailleurs Par contre, dès le retour à la normalité, une montée d’angoisse est arrivée avec cette impression d’avoir été déconnecté pendant quelques secondes.

Le silence mental n’est donc pas quelque chose où l’on pense avoir, c’est quelque chose avec de vrais effets qui peuvent être très perturbants. Loin du côté doux et zen que l’on peut avoir dans certaines pratiques modernes.

 

Identifier le bruit avant de trouver le silence

 

A l’image d’un montage son, avant de pouvoir faire le silence, il faut soustraire le bruit. cependant, comment identifier le bruit alors que notre niveau de base est celui avec lequel on vit tous les jours?

Je vais vous proposer l’exercice suivant, basé sur un peu de visualisation.

  • Fermez les yeux
  • Imaginez que vous êtes dans votre tête
  • Vous allez penser, ne serait-ce que pour commenter le fait de visualiser votre tête. Mieux, vous allez commenter le fait que non, il ne se passe rien.
  • Pendant que vous observez cela, imaginez maintenant que vous « sortez » de vous même en faisant un pas en arrière et regardez-vous en train de commenter.
  • Observez également le silence pendant que vous observez votre image commenter à voix haute tout ce qui se passe

Cet exercice est bizarre, mais faîtes le jusqu’à ce que vous vous rendiez compte que ce qui commente est un mécanisme différent de vous qui observez. Vous avez ainsi votre bruit de fond.

Pour moi, sans avoir fait ce travail préalable, les méditations d’observation et de diminution de pensées ne peuvent pas marcher pour trouver le silence mental. Vous n’êtes en effet pas conscient du bruit. Le mental va ainsi profiter de cette faille pour vous faire penser que  vous ne pensez pas… Totalement contre-productif. Et cela explique beaucoup de choses sur le manque de changements profonds de beaucoup de méditants.

Le mental identifié, le travail peut commencer

 

Ce que vous avez observé est donc votre mental. La partie de votre cerveau qui analyse et classe. Il faut apprendre à le maîtriser pour qu’il ne coûte pas d’énergie à mouliner alors que rien ne se passe. Ceci implique de comprendre comment il marche mais ce n’est pas le sujet du silence mental.

Je vais donc vous donner un exercice pour travailler le silence mental à proprement parler.

  • Allongez-vous ou asseyez-vous confortablement
  • Fermez les yeux de préférence mais en maintenant le regard droit
  • Lancez un Timer sur trois minutes
  • Inspirez longuement mais fort par le nez en imaginant que l’air vient rentrer au milieu du cerveau
  • Imaginez ensuite sur l’expiration par le nez que vous expirez l’air qui s’est accumulé dans la zone
  • Dès que le timer sonne, arrêtez cette respiration
  • Respirez lentement sur environ 10 temps d’inspiration, 10 d’expiration et laissez vos pensées aller pendant une minute
  • Recommencez ensuite l’exercice et faîtes le trois fois en tout.

Observez l’évolution du flux de vos pensées.

Cet exercice vous permettra d’avoir un début de silence mental et de toucher du doigt ce que l’on cherche à atteindre. Chez ceux qui n’en sont pas loin, il peut permettre de basculer. Faîtes le régulièrement. Vous pouvez le faire pendant une demi-heure sans soucis.

 

Conclusion

 

Le silence mental n’est pas un état théorique et imaginaire. C’est quelque chose de choquant pour la plupart d’entre nous. C’est aussi une porte d’entrée pour réfléchir sur ce que nous sommes à cause de cette expérience…

 Le silence mental par contre une fois apprivoisé est réellement quelque chose de transformant. Vous ne partirez plus au quart de tour, vous ne serez plus emportés par une révolte en voyant une vidéo sur facebook ou en écoutant quelqu’un parler. En effet, le mécanisme d’étiquette n’étant plus aussi systématique, la promptitude à juger est aussi diminuée et on écoute beaucoup plus, on essaie de comprendre. Après, on peut en conclure qu’il faut prendre des mesures mais cela limite fortement l’impulsivité. Cela évite aussi de ressasser.

Bref, on devient une personne différente, plus proche de qui on est vraiment, le mental étant surtout un assemblage de nos expériences.

Voilà, c’est tout pour cet article. Le silence mental est quelque chose que l’on peut toucher par le travail du souffle subtil et permet de vivre une transformation. C’est d’ailleurs à cela que tout le travail du souffle subtil servira, se transformer… C’est d’ailleurs le thème de mon stage de juillet!

N’hésitez pas à commenter le résultat de cet exercice et à poser vos questions si des choses bizarres arrivent 😉

 

A bientôt

 

Yvan