Un article un peu à part aujourd’hui puisqu’on va parler des bienfaits du doute. Le doute est un élément nécessaire à une bonne pratique. Il permet de ne pas s’égarer, perdre du temps, ou pratiquer des choses néfastes. Néanmoins, pour bien l’utiliser, il y a un équilibre à trouver entre une trop grande naïveté et un trop grand septicisme qui nuiraient également. Je vais donc ici essayer de montrer mon approche du doute et comment l’utiliser au mieux pour progresser.

Le doute, un signe de manque de Foi?

 

Le domaine du bien-être, de la spiritualité, du développement personnel est un domaine plein de croyance. Pire, ces croyances cherchent dans les disciplines scientifiques un semblant de rationalité pour appuyer leurs dires. Une vraie croyance, une véritable Foi en d’autres termes, ne devrait pas se soucier d’arguments scientifiques. Ce n’est pas son propos. Alors pourquoi dans ces domaines, on retrouve tant de ces justifications? Pourquoi avoir besoin d’aller chercher dans le quantique, les neurosciences, la biomécanique un mot ou un concept clairement pas maîtrisé pour justifier une pratique?

Parce que certains doutent.

Et c’est sain.

Parce que personne ne développe une nouvelle capacité capable de jouer sur la matière en un stage de 2h… Si ce que j’écris là n’est pas une évidence pour vous, pratiquez le doute…

Outre le fait que les domaines scientifiques sus-cités sont juste incompréhensibles pour la plupart d’entre nous, une pratique a le droit d’avoir sa propre cohérence interne tant qu’elle donne des résultats. Le pourquoi peut venir après. L’ostéopathie, l’acupuncture, les fascia-thérapies, la PNL, toutes ces disciplines donnent des résultats. Pourtant, tout n’est pas explicable, tout n’est pas démontré. Il faut évidemment d’un point de vue académique continuer à creuser pour comprendre mais pour les patients, l’important est que ça marche. Et si ça ne marche pas, il faut douter. Si ça marche mais que le modèle est fumeux, on peut douter du modèle. Bref, ne pas tout prendre pour argent comptant.

 

Le doute, une attaque sur les gourous

 

Remplacez gourous par coach, professeur, maître ou praticien, c’est la même chose. Souvent, sous prétexte d’une certaine réussite, la tentation est grande d’avoir un avis sur tout. Le problème est que les gourous ont une vraie position d’influence sociale. Par conséquent, douter d’un gourou peut-être vu comme une attaque à la personne. Dissocier la critique d’une idée de la critique d’une personne est un vrai travail. Ainsi, la majorité du groupe ne doute pas et celui qui voudrait douter n’ose pas le faire à cause du groupe.

Cette situation est parfaite pour stimuler un effet placebo. Le problème, c’est quand tout va trop loin et qu’on se retrouve avec des pratiques débiles qui cause la mort des gens ou en tout cas ne leur font pas du bien.

Le problème du développement personnel en général est que nous sommes dans le domaine du ressenti. Il n’y a pas plus trompeur qu’un ressenti, en particulier lorsque le corps est faible et le mental instable. Dans d’autres pratiques, le sport d’opposition en général, il y a un garde-fou qui est le partenaire. Si on affirme quelque chose et que ça ne marche pas, on le jette et on trouve mieux. Avec assez de persuasion sur un public acquis, n’importe quoi semblera vrai.

Il faut donc ne pas hésiter à douter et à questionner le gourou. S’il est vraiment bon, il aura les réponses aux doutes (que vous pourrez recouper) ou au moins, il cherchera une vraie réponse. Cela le fera progresser et le sortira de sa zone de confort.

Comment douter?

 

C’est facile de dire qu’il faut douter mais comment répondre aux doutes? En fait, il n’y a pas une infinité de façons différentes. Soit vous vous plongez dans la littérature et vous vérifiez avec plusieurs sources fiables (académiques) que ce que vous faîtes a une explication. Soit vous mettez en place vos propres tests et vous quantifiez la réussite de ce dont vous doutez. En aucun cas, en phase de doute, on ne se fie à son ressenti. Pour infos, beaucoup de tueurs en série étaient des gens que l’on sentait charmants…

Comment déterminer théoriquement que quelque chose est vrai? A l’heure actuelle ça peut paraître difficile. Si vous avez un doute qui a sa source dans une explication scientifique, cherchez l’information dans des revues à comité de lecture. Gardez aussi en tête qu’un article dans un sens ou dans l’autre n’est pas une preuve mais une tendance. Si le doute porte sur quelque chose inhérent à votre pratique, demandez à d’autres professeurs leur avis sur la question et voyez s’il y a une réponse identique. C’est en général assez surprenant…

Comment mettre en place un bon protocole de test? Cela demanderait un article à part entière. Mais vous devez quantifier et comparer à ce qu’il se passe sans intervention. La différence doit être significative pour dire qu’il y a effet.

 

Quand ne pas douter?

 

En fait, il y a un moment pour tout. Dans une séance où vous pratiquez, le doute n’a pas sa place. En effet, comment pouvoir juger de quelque chose si de base on ne le fait pas? Si on prend l’exemple de la respiration et d’une personne angoissée. En pratiquant la respiration abdominale, ça lui a déclenché des crises d’angoisse. Si elle fait un cours avec moi, je vais lui faire travailler justement dans la région abdominale pour résoudre ce problème. Si elle doute pendant le travail, elle ne le fera pas. L’abdomen restera verrouillé et quand on passera à la respiration, il n’y aura pas d’effets. Pire, cela redéclenchera une crise.

Dans ce cas, c’est bien le doute qui en empêchant la pratique fait que ça ne marche pas pour la bonne raison qu’il n’y a pas eu de pratique. Idem pour le travail de visualisation. Vous ne pouvez pas visualiser quelque chose et penser en même temps, est-ce que ça marche vraiment…

Beaucoup d’effets ne sont pas visibles parce que le doute empêche la pratique. Par conséquent, pendant la pratique, le soin ou tout ce que vous voulez, pratiquez et observez mais ne doutez pas. Après la pratique par contre, oui, posez vos questions, cherchez de l’information, comprenez pourquoi il n’y a pas eu le ressenti.

En ce moment, dans les cours en ligne, nous faisons du travail autour des émotions. Chez certains, ça marche d’autres pas du tout. Et c’est totalement logique mais je ne donne jamais l’explication pendant le travail. Le travail doit être fait, les explications viendront après.

 

Attention à ne pas confondre doute et rejet immédiat

 

A l’autre extrême de la plus grande naïveté, le doute peut devenir un rejet pur et simple équivalent à une fermeture d’esprit. Là aussi il est intéressant de comprendre pourquoi. En général, ce sont les naïfs déçus qui basculent dans cette case. N’oubliez jamais, l’absence de preuve ne signifie pas que ça n’existe pas mais que jusqu’à preuve du contraire, on n’a pas vu que ça existait. Par contre, on part du principe pour simplifier que ça n’existe pas. Par exemple, les extraterrestres, on ne met pas en place des contre-mesures et des protocoles pour les avions de ligne en cas de contact avec une soucoupe volante. Parce que par simplification, on considère que ça n’existe pas et donc qu’il n’y a pas besoin de prendre de mesure contre ça. Si un jour ça arrive, on avisera.

La nuance est de taille. Ainsi, si on prend l’ostéopathie, certains disent que ça ne marche pas parce qu’aucune étude n’a montré l’efficacité de l’ostéopathie sur toutes les pathologies qu’elle prétend traiter. Ceci équivaut à jeter le bébé avec l’eau du bain et pire, à se fermer à une pratique qui empiriquement (et théoriquement en plus pour 90 % de la discipline) marche.

Pourtant, quand beaucoup de gens disent que quelque chose fonctionne, cela vaut le coup au moins d’y jeter un oeil même si l’on doute. Après seulement on pourra se faire une vraie opinion.

 

Conclusion

 

J’ai eu envie d’écrire cet article sur le doute parce que j’ai rencontré des personnes d’une naïveté extrême. Pire, elles essayaient des dizaines de méthodes, plus géniales les unes que les autres mais leur vie était de plus en plus catastrophique.

Il est donc important de prendre du recul, de douter pour évaluer la pratique. Posez des questions, renseignez-vous. Dans mes cours, je finis toujours avec les questions des élèves. Par contre, dans le cours, on pratique avant tout!

 

A bientôt

 

Yvan

 

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