Les routines sont à la mode. On propose des routines pour tout et n’importe quoi. Que sont les routines? Ce sont des mini-programmes à faire tous les jours pour des bénéficies divers et variés. A priori, c’est donc quelque chose de très positif. Mais est-ce vraiment le cas? Est-ce que créer des habitudes est vraiment quelque chose qui est bénéfique sur le long terme? En effet, une habitude n’est ni plus ni moins qu’un conditionnement de plus. Même si cette habitude apporte énormément, le fait de le faire par habitude diminue la conscience. Alors, pour ou contre les routines? C’est ce dont nous allons parler dans cet article.

 

Les routines

 

Les routines sont donc des programmes à faire tous les jours qui permettent d’apporter un bienfait. Ces routines peuvent être consister à un programme portant sur un domaine spécifique, exemple le seven minute workout mais aussi être quelque chose que vous ferez tous les jours pendant une heure et incluant diverses pratiques et exercices. Ces routines permettent ainsi de maintenir un certain niveau de pratique quotidien.

En général, ces routines sont construites de sorte à être automatique, c’est-à-dire que vous faîtes toujours la même chose, le faisant en mode automatique au bout d’un moment. Et c’est là tout le problème, le but d’une routine est d’arriver à ce moment où faire la routine est quelque chose de naturel. Or, faire d’une routine quelque chose de naturel est le point à partir duquel vous êtes conditionné. Or, le conditionnement est l’inverse de l’adaptation et paradoxalement limite la progression.

 

Une autre manière de voir les routines…

 

La personne qui m’a fait réaliser que la mise en place de routines n’était peut-être pas l’idée la plus brillante que j’avais eu est Konstantin Komarov, un de mes instructeurs de systema. Il était venu passer quelques jours chez moi pour un séminaire et il m’avait demandé comment j’organisais mon entraînement. A l’époque, je m’entrainais quatre fois par semaine plus un ou deux week-ends par mois. A cela, j’étais en plein dans le travail de routine avec de la méthode Wim Hof le matin et un peu de musculation. Cela me paraissait bien.

J’ai été très surpris de sa réaction quand je lui ai dit. Konstantin a rigolé et il m’a dit que j’étais trop rigide. Il m’a ensuite dit comment lui s’entraînait. Cela n’avait rien à voir. Il pouvait ne pas pratiquer le systema pendant quelques semaines. Il pouvait ne pas faire de conditionnement pendant quelques semaines. A l’inverse, il pouvait y passer deux ou trois jours d’affilés dessus. Par contre, il était toujours actif. Il avait uniquement une pratique relativement régulière de la respiration pour la santé. Pour le reste, c’était un changement constant d’activités mais qui le stimulaient intellectuellement ou physiquement en permanence.

D’abord dubitatif, j’ai plutôt essayé de faire cela. J’ai réalisé qu’en fait je progressais beaucoup plus… Pourquoi? Parce que je développais ainsi mes capacités d’adaptation. Tout l’inverse de ce que faisaient mes routines qui étaient en fait des habitudes!

Le problème de l’habitude

 

L’habitude est quelque chose à bannir pour progresser. L’habitude tue la souplesse, la capacité à s’adapter à être créatif. La seule bonne raison de mettre en place une habitude est quand on cherche à éliminer un problème, pas quand on cherche à progresser quelque part. L’exemple typique est dans le choix des vêtements. Un grand nombre de dirigeants ou de personnes avec un besoin de temps de concentration important font par exemple l’impasse sur le choix des vêtements. Ils se contentent d’acheter plusieurs modèles de la même tenue pour ne pas à avoir à perdre du temps sur une tâche subalterne dans leur contexte. Les exemples les plus connus sont Barack Obama ou Mark Zuckemberg.

Une routine fait tout l’inverse! C’est transformer un moment qui devrait justement demander du temps d’attention, du développement de la conscience corporelle et mentale en quelque chose que l’on fait par habitude. Vous me direz, on n’a pas besoin de tout le temps travailler! Bien sûr que non. Mais même si la routine sert juste à se sentir bien, une routine automatisée va diminuer au fur et à mesure cette sensation.

La routine va donc au final générer une perte de temps en nous maintenant dans une zone confortable (malgré le fait de faire des exercices difficiles)!

 

Ne pas confondre routine et transformer quelque chose en naturel

 

Attention, prendre l’habitude de se dégager du temps pour soi est une bonne chose. Au départ justement, pour que cela devienne naturel de dégager du temps, se fixer une routine à telle heure permet de se lancer. Toutefois, dès que l’habitude est prise, il est bon de d’essayer de changer le moment consacré de temps en temps, faire des jours sans, faire des jours avec deux fois plus!

Cette démarche permet de lutter contre l’habituation et à faire de vous quelqu’un d’adaptable. Il n’est pas normal de manquer de quelque chose si vous ratez votre temps de pratique un ou deux jours d’affilés. Tout comme il n’est pas normal de ne pas pratiquer plusieurs jours d’affilés. L’adaptation n’est pas de ne se mettre aucune contrainte, c’est de s’en mettre régulièrement pour toujours être légèrement hors zone de confort.

En fait, il est même intéressant de se fixer des cycles de quelques jours à quelques semaines. Ces cycles permettent ainsi de faire en sorte que quelque chose devienne naturel. Pas pour le faire en automatique mais pour pouvoir commencer à en tirer les bénéfices grâce à une exécution précise.

 

La progression en plateau et la progression en cycle

 

Sur quoi repose en fait cette logique de travail? Sur la progression en plateau. En fait, quelle que soit l’activité, la progression fait une courbe avec une pente rapide puis une phase très longue de plateau. Le problème de la routine c’est que vous allez végéter longtemps sur ce plateau. L’idée de casser les habitudes pour être hors zone de confort et travailler l’adaptation est de changer de thème d’entraînement chaque fois que l’on s’approche du plateau.

On reviendra plus tard sur le travail initial et miraculeusement, les progrès reviendront. En gros, sur ma manière de travailler, j’alterne les cycles où je vais travailler sur la mécanique, puis sur le physiologique, puis sur l’émotionnel, puis sur le mental. Evidemment ce n’est pas une thématique exclusive mais en proportion, je ferai 80 % de la thématique du moment puis 20 % du reste. Ces cycles durent un à deux mois en général.

Ensuite, je ne fais pas plus de deux ou trois fois la même séance avant de la changer. L’idée n’est pas de reconstruire une séance à chaque fois, ce serait trop long, mais plutôt de faire varier quelques exercices en en remplaçant ou en les rendant légèrement différents. Vous pouvez d’ailleurs voir cela sur la chaîne youtube sur les cinq cours de respirations matinales que j’ai donné. La structure est proche mais il y a toujours une légère variation.

 

Conclusion

 

Je suis donc plutôt contre les routines. Je suis par contre pour les cycles de pratique et évidemment pour s’habituer à bloquer du temps pour soi. C’est en travaillant ainsi que j’ai obtenu les mêmes résultats. J’utilise cette logique de cycle sur la progression pédagogique des cours de respiration. Entre parenthèse, c’est aussi cette manière de faire qui me permet de gérer plusieurs activités professionnelles (et le blog…) en même temps.

Cette méthode de travail est efficace pour développer plusieurs qualités. L’adaptation d’abord, on en a déjà parlé. Cela permet aussi de développer la curiosité puisqu’on expérimente régulièrement de nouvelles choses. On développe aussi la volonté puisque l’on se tient à quelque chose sur le long terme. Enfin, on développe le lâcher-prise puisque l’on accepte de mettre de côté quelque chose qui bloque et accepter d’y revenir plus tard.

Je vous encourage donc à abandonner vos routines et essayer plutôt de faire constamment varier vos pratiques pour toujours être en train de vous adapter!

Si vous avez des bonnes idées de petites séance à faire, n’hésitez pas à les partager en commentaires!

 

A bientôt

 

Yvan