La préparation mentale est un plus indispensable quand on cherche la performance ou même à réussir à atteindre un objectif. C’est ce qui permet d’être à 100% dans l’action et aide à ne pas avoir de comportements aberrants à cause de la pression. Ce champs disciplinaire est largement couvert par les disciplines gravitant autour de la psychologie. Les résultats sont bien souvent présents et permettent de franchir un cap. Pourtant, il y a un grand oublié dans ces approches, le corps. Vous me direz, normal, c’est de la préparation mentale, pas de la préparation physique. Pourtant, ce n’est pas aussi simple.
Il y a un espace gigantesque entre les deux qui fait parfaitement le lien entre ces deux aspects et qui potentialise les deux. J’utilise cette approche quand je travaille avec des sportifs ou même en gestion du stress. C’est ce dont je vais parler dans cet article!
La préparation mentale
La préparation mentale est une discipline axée sur la préparation à la compétition. Elle se fait en développant des habilités mentales et cognitives pour améliorer la performance globale de l’athlète. Elle s’intéresse également à donner un sens et du plaisir à la pratique de l’athlète pour le mettre dans les meilleures conditions possibles pour réussir. Pour en savoir beaucoup plus, je vous conseille ce livre de M. Target.
Selon cette définition, on voit bien que l’on s’intéresse dans la préparation mentale à l’aspect mental des choses. Comment je pense, comment je change mes schémas de pensées, quel est mon but, quelles sont mes valeurs. Des questions intéressantes et qui amènent beaucoup au pratiquant. On va donc naturellement retrouver des approches de types PNL, sophrologie, méditation et j’en passe. Toutes ces techniques ont un vrai intérêt. Pourtant, les résultats obtenus en fonction de chaque individu sont très variables. Et ce n’est pas forcément la faute du préparateur mental!
J’ai appris récemment par exemple que le Toulouse football club qui fait l’une des saisons les plus catastrophiques de ces 20 dernières années et qui démontre sans aucun doute l’absence total d’un mental adéquat a pourtant comme préparateur mental celui qui a coaché l’équipe de France de handball qui avait tout gagné. Comment expliquer une telle différence?
Bien sûr, on pourra dire que c’est trop multifactoriel pour pouvoir obtenir un résultat sûr et reproductible d’une personne à l’autre. Et c’est vrai. L’efficacité de la préparation mentale dépendra totalement de l’athlète. Avez-vous déjà eu vent d’un athlète moyen mais avec de grandes qualités physiques et techniques qui arrive à atteindre le haut-niveau en débloquant quelque chose dans sa tête? Non, en général, là où la préparation mentale marche le mieux, c’est quand on a un athlète exceptionnel et qu’on lui donne des outils pour aller plus loin (cf l’équipe de France de Hand ou Teddy Riner).
Quel est le problème alors?
Le mental n’existe pas
Sous ce titre provocateur, il y a une réalité. Je parle de celle de Nick Chater dont la thèse peut se résumer à « Our mind is flat » soit notre mental est plat. Cette pointure dans le milieu des neurosciences (celles où on fait des vraies expériences avec des vrais traitements de résultats et qui demandent de vraies compétences) a montré récemment dans plusieurs séries d’expériences que notre mental, la profondeur de notre personnalité, nos réactions, tout cela est une illusion. Récemment, j’ai commenté un article publié dans Nature qui va également dans ce sens. De même pour l’introspection comme l’a montré une étude amusante publiée par l’Université de Lund. Curieusement, ce sont des concepts que l’on retrouve dans certaines traditions sérieuses où la contemplation du mental amènerait à la même conclusion de façon empirique. Notez entre parenthèse qu’on parle du mental, pas de la conscience qui est une tout autre histoire.
Si le mental n’existe pas, on se retrouve alors avec un petit problème concernant la préparation mentale non? Sur quoi agit la préparation mentale?
En fait, avec cette théorie, on explique mieux pourquoi ça marche sur des gens qui sont prêts à l’utiliser. Quand on creuse un peu les théories citées ci-dessus, on se rend compte que finalement, le mental est un outil à générer des schémas. Si l’athlète est capable de générer le schéma en question et qu’il n’a pas de blocage vis à vis de cet input, alors le schéma optimisera sa performance au maximum. Problème, si le schéma va contre quelque chose (qui n’est pas le mental puisque le mental est creux), alors ça ne marchera pas. Ou alors ça marchera en situation calme et sera détruit dès que le stress montera.
Comment alors travailler cet aspect chez quelqu’un qui ne peut pas appliquer ces schémas?
Le corps, cet incroyable bavard
Souvent, on cherche à avoir le silence mental, par la méditation ou autre. En préparation mentale, on va essayer de lever les doutes, les pensées toxiques qui gênent la performance. Il est donc assez consensuel qu’il faut diminuer le bruit pour être dans l’action. Mais vous savez ce qui est bien plus bruyant que le mental? Le corps. Le corps, c’est des milliards d’informations qui remontent à chaque seconde. C’est des tas de boucles de retro-actions qui peuvent être inutiles, qui ont enregistré de l’information qui pourrit la vie qui en permanence remonte au cerveau.
Le problème, c’est que si vous mettez un schéma mental super efficace mais qu’il est noyé sous le bruit de disfonctionnements corporel profonds, vous perdez votre temps, ça ne marchera pas. C’est un peu comme faire tourner un logiciel sur un pc avec un disque dur en fin de vie, ça va ramer.
Donc la base de la préparation mentale doit passer par le corps. Oui, mais vous me direz, les athlètes font de la préparation physique. Tout à fait, mais la préparation physique ne s’adresse pas à cette problématique. Elle s’adresse à renforcer le corps. J’ai encore en tête cette discussion avec un professionnel de santé qui travaille au stade toulousain et qui m’expliquait qu’une bonne partie de son boulot consistait à muscler les athlètes pour qu’ils puissent jouer en étant blessés…
Le rôle de la respiration dans la préparation mentale
C’est là que la respiration entre en jeu. La respiration est un pont entre le physique et le mental. C’est également un élément important pour filtrer le bruit corporel. C’est donc bien par la respiration et pas du tout par des approches psychologiques que j’entraîne les sportifs de haut niveau qui travaillent avec moi. Ce n’est qu’une fois ce travail sur le bruit du corps effectué qu’un préparateur mental classique aura tout son intérêt. Il travaillera alors sur un athlète qui peut recevoir et exploiter au maximum les nouveaux schémas.
Concrètement, quels sont les principes? Tout d’abord permettre que la respiration se fasse bien. Ce n’est que comme ça qu’elle sera utilisable pour avoir un effet sur le corps. De plus, elle va modifier l’équilibre musculo-squelettique et permettre de mieux faire fonctionner le corps. Ensuite, on va utiliser la respiration pour remettre de la mobilité dans les tissus qui ont enregistré des traumas plus ou moins importants. Cela va permettre de nettoyer un peu le système. Enfin, on va venir travailler la gestion émotionnelle. C’est très proche de ce qu’on fait à l’ecole de la respiration mais avec des adaptations spécifiques au sportif.
Après ces étapes, je donne des exercices et des motifs respiratoires à utiliser en situation. Ils sont d’ailleurs choisis en fonction du type d’efforts à fournir. Evidemment, à ce stade, ces motifs sont hyper efficaces. On peut donc réellement faire passer un cap très important à un athlète. J’ai ainsi participé à faire passer un joueur de plus de 20 ans d’amateur à pro avec cette approche. A ce moment-là, l’intervention d’un préparateur mental conventionnel devient aussi d’une efficacité redoutable.
L’effet sur la préparation physique?
L’aspect mental n’est pas le seul à y gagner. Des effets sur le corps seront également très visibles et ces effets ne peuvent s’obtenir avec une préparation physique classique. L’exemple le plus frappant quand on s’intéresse au cas Yohan Gourcuff. Excellent joueur de foot, très bon technicien et constamment blessé. Préparateurs physiques, médecins, kinés, aucun n’a réussi à rattraper cela. Sa carrière a malheureusement été gâchée à cause de ces blessures à répétition.
Or, dans le cadre de ce type de travail, on va s’intéresser aux schémas corporels vicieux induits par un problème « mental ». Et ces schémas n’impliquent que rarement le muscles les plus sollicités lors de la préparation physique. On va donc par la respiration majoritairement mais pas que, venir corriger ces attitudes qui vont cesser de parasiter le travail de préparation physique et ainsi limiter les blessures.
Enfin de façon plus générale, même certaines habilités motrices peuvent être perturbées à cause d’un mauvais travail respiratoire. Ceci est particulièrement visible en cas de stress intense comme par exemple une fin d’action décisive en sport. Dans ce modèle, c’est ce qui va grandement expliquer les effets du stress lors de la compétition sur les schémas moteurs répétés maintes fois à l’entraînement.
Conclusion
La préparation mentale est aujourd’hui entrée dans les moeurs du sport de haut-niveau. Pourtant, les résultats sont variables. Vous avez dans cet article expliquée le modèle que je suis pour rendre compte de cette variabilité. Les résultats sont empiriquement évidents et seront aussi bientôt validés de façon plus académique grâce à des approches de pointe en analyse du mouvement couplées à des analyses psychologiques standardisées. On sortirait alors du pur mental pour y intégrer la dimension réponse corporelle. Enfin, ce travail a également un impact positif sur le corps et potentialise ainsi tout le travail effectué en préparation physique.
Comme je le disais dans l’introduction, cette pratique respiratoire est un vrai pont entre les deux approches mentales et physiques!
Si vous êtes sportifs de haut-niveau, n’hésitez pas à me contacter pour poser des questions sur cette approche ou de vous faire suivre, ce sera avec plaisir que j’y répondrai!
A bientôt
Yvan
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