Connaissez-vous la pleine conscience? Ce blog a pour objectif de traiter de la respiration sous toutes ses formes. Or, la respiration est intégrée dans de nombreuses pratiques. Nous avons déjà vu dans un article précédent l’influence de la respiration dans les pratiques contemplatives C’est pour cela que je travaille très régulièrement avec des spécialistes de pratiques de bien-être. Les échanges sont ainsi très intéressants. Une des particularités des personnes avec qui je travaille est qu’ils sont toujours issus d’un parcours scientifique ou de santé classique et ont ensuite choisi d’utiliser des pratiques alternatives pour proposer des solutions plus variées à leurs patients tout en gardant un oeil critique sur leur pratique.

C’est le cas de David, médecin psychiatre et instructeur de méditation de pleine conscience dont il va parler dans cet article. David en est un expert puisqu’il l’utilise dans sa pratique professionnelle et sa thèse de médecine portée sur le sujet appliqué à certaines maladies psychiatriques. Dans cet article, il discute de comment doit être appréhendée la respiration dans la pratique de la pleine conscience.

 

La pleine conscience

Ici David GUILLEN, interne en psychiatrie au CHU de Toulouse et instructeur MBCT (Thérapie Cognitive Basée sur la Pleine Conscience).

Yvan m’a demandé de parler pour ce blog de la respiration du point de vue de la pratique de la pleine conscience.

Avant-tout, il est utile de rappeler la définition de la pleine conscience telle qu’elle a été formulée par Jon Kabat-Zinn, biologiste américain, pionnier dans l’application des sagesses orientales dans la médecine moderne. La pleine conscience c’est « faire attention d’une manière particulière, c’est-à-dire délibérément, au moment présent, sans jugement de valeur. » Nous portons notre attention sur les événements intérieurs (sensations, émotions, pensées) et extérieurs (sons, conversation, situation) dans une dimension d’accueil, d’ouverture, de bienveillance.

Dans la pleine conscience, la respiration est un objet d’attention comme un autre. Mais ses caractères permanents, illimités et changeants en font un excellent point de focalisation pour la pratique. Nous observons tous, et ce blog en traite, des modifications du rythme et de l’amplitude de notre souffle selon l’état émotionnel que nous traversons.

Être conscient de la respiration sans chercher à la diriger

Ce blog traite de techniques respiratoires. En pleine conscience il n’y a pas de techniques, pas de recherche de la respiration parfaite. La seule respiration qui compte est celle qui se produit dans le moment présent. En pleine conscience nous embrassons le moment présent, nous tentons de nous y installer, en essayant de laisser nos jugements, nos croyances, nos préjugés, nos attentes et de les considérer comme des éléments insignifiants, de simples produits de l’activité mentale. C’est observer sans jugement ce qui se déroule dans l’ici et maintenant. Nous ne cherchons donc pas à contrôler d’aucune manière notre souffle. Nous l’observons, nous le suivons. il faut faire l’expérience de notre souffle dans l’espace du moment présent.

Je dirais donc que ce que l’on cherche à cultiver dans la pleine conscience est la capacité à lâcher-prise. Mais cet objectif, si l’on peut l’appeler ainsi, de lâcher-prise, ne peut être expérimenté que par l’absence de recherche d’un but, par la pleine soumission au moment présent. C’est une pratique paradoxale, qui me déroute moi-même, comme beaucoup de néophytes et pratiquants confirmés si la vigilance n’est pas là. Il est heureusement toujours temps de s’en rendre compte l’instant suivant.

Il n’y a pas de mauvaise respiration en pleine conscience

Respirer en pleine conscience, c’est donc toujours dans un premier temps embrasser cette respiration courte, rapide et thoracique si nous sommes tendus ou anxieux. Et c’est également embrasser cette respiration ample, profonde et abdominale lorsque nous ressentons de la détente, de la satisfaction ou de l’épanouissement. Nous ne portons pas de jugement sur ce qu’elle est bonne ou mauvaise. Nous nous permettons de rester avec une qualité de présence un petit moment avec elle.

Mon expérience est que lorsque le mental se calme, que les jugements sont lâchés ou perdent de leur signifiance, que nous ne faisons qu’un avec l’instant présent, nous retournons à un état plus naturel, un état d’être, une simplicité. La pratique doit toujours se rapprocher de la simplicité. Le corps sait exactement ce qu’il a à faire. Après tout nous n’avons pas besoin de penser pour qu’il fonctionne. Et nous n’avons pas besoin de penser pour respirer. Mon expérience est que la respiration finit par se poser toute seule, efficace, simplement comme elle doit être. C’est une respiration à point de départ abdominal dont l’inspiration et l’expiration s’initient et se déploient de façon autonome, fluide et douce. C’est tout le système corps-esprit qui s’apaise, car il n’y a plus de lutte, plus d’effort, plus d’énergie superflue gaspillée.

Pour finir

Encore une fois, l’atteinte d’un but n’est pas l’état d’esprit à avoir avec la pratique de la pleine conscience et constitue un écueil. Se forcer à lâcher-prise est irrationnel. Débuter une pratique avec l’objectif caché de vouloir se sentir mieux ou dans un autre état, puis terminer la pratique en vérifiant si nous sommes bien là où nous voulions être se révèlera très frustrant, décevant et démotivant, et éclipsera toute la richesse de la pratique. L’apaisement peut survenir, ou pas. Pour autant, cette pratique ne serait pas millénaire si elle n’apportait aucun bénéfice. Nous sommes en droit d’attendre des bénéfices de la pratique, mais pas d’une pratique. Ce sera le sujet d’un prochain article.

Conclusion

Tout d’abord, merci à David pour le partage de son expérience de pratique. Comme vous pouvez le voir, du point de vue de David, en lâchant-prise la respiration finit par se mettre en place. Un point de vue intéressant. En effet, il décrit bien comment la respiration descend au fur-et-à mesure dans l’abdomen au cours de la pratique!

Pour ceux qui s’intéressent à la pleine conscience je vous conseille ce livre par le fondateur de la discipline. Voilà, j’espère que cette intervention vous a plu, il y en aura d’autres à suivre…

Pour ceux que ça intéresse, David fera partie des instructeurs lors de la journée des voies du bien-être. C’est un évènement exceptionnel autant par le cadre que par la qualité des intervenants prévus. Pour en savoir-plus, cliquez ici.

A bientôt

Yvan