Les douleurs chroniques sont un désagrément expérimenté par de nombreuses personnes. Très souvent, il est médicalement difficile de trouver une solution puisque les examens physiopathologiques ne donnent rien. Cela entraîne une incompréhension du malade. En effet, lui sait qu’il souffre. Par contre, le corps médical met ça dans le sac des problèmes fonctionnels ou psycho-somatiques. La raison est que la cause du problème n’est pas identifiée.

Ces derniers temps, j’ai eu l’opportunité de travailler avec plusieurs personnes ayant ce genre de problèmes, dont une envoyée par un médecin. Toutes ces personnes avaient en commun la présence de douleurs mal définies et sont suivies par un grand nombre de professionnels de santé (Médecin généraliste et spécialiste, kiné, ostéopathe, psychologue…). Toutes ces personnes ne présentaient pas de changements significatifs depuis un moment avant de venir travailler avec moi. Ceci a permis l’évaluation de ce travail quelques semaines après. Je vais donc faire un retour d’expérience sur ce billet.

 

douleurs chroniques

 

Le problème de la poule et de l’oeuf dans l’apparition des douleurs chroniques

 

Quand on s’intéresse à ce problème de douleurs chroniques liées à certaines maladies chroniques, on tombe toujours sur des poussées qui elles sont caractéristiques et des phases entre les poussées où la douleur est là mais sans que la raison ne soit claire. Cette douleur peut être extrêmement forte, l’une des personnes que je suis étant sous morphine pour pouvoir le supporter. Pourtant, aucune cause physique ou physiologique entre les poussées n’est souvent déterminé. Une approche pluridisciplinaire est d’ailleurs souvent utilisée pour essayer de voir si quelqu’un ne met pas le doigt sur quelque chose.

Lorsque j’ai travaillé avec ces personnes, il y avait tout de même une caractéristique commune malgré pourtant des diagnostiques différents. La respiration était grandement affectée. Il se pose donc la question de savoir si la respiration est la cause du problème ou une conséquence.

Mon hypothèse de base est que la respiration était une conséquence du problème. En effet, je ne vois pas de raison évidente qu’un problème de respiration entraîne des maladies de type auto-immun. Par contre, que la respiration soit affectée par ce type de maladie et la douleur et/ ou le stress qu’elles entraînent en phase de poussée me paraît plus logique. En effet, la douleur excite le système nerveux qui entraîne une contraction de la plupart des tissus. Ceci entraîne évidemment une perte de mobilité du diaphragme. Ceci tend à accélérer la respiration et donc maintenir le corps en état de stress.

Mais dans ce cas, quel est l’intérêt de travailler la respiration pour ce type de problème?

 

Les disciplines utilisant la respiration n’ont pas d’effets long-terme sur les douleurs chroniques

 

Sophrologie, yoga, des études montrent que ces disciplines peuvent faire du bien aux gens atteints de douleurs chroniques. Mais cela ne dure pas. Idem pour la kinésithérapie. Elle procure un mieux-être immédiat mais qui implique d’être constamment renouvelée. Ceci indique que le problème de douleurs n’est pas résolu.

Dans le cadre du yoga et de la sophrologie ou même de la méditation, il y a pourtant une approche respiratoire. Alors si cela ne marche pas, pourquoi mes approches respiratoires pourraient être plus efficaces? C’est le raisonnement que les personnes avec qui j’ai travaillé ont eu. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a été difficile de tester mes approches. Les gens avaient déjà testé du travail autour de la respiration sans résultat probant.

Alors pourquoi cela ne marche pas? Parce que ces personnes ne peuvent pas respirer correctement. Donc les exercices proposés ne peuvent pas atteindre leur plein potentiel. C’est pourquoi il est important d’avoir un vrai outil diagnostique respiratoire pour savoir si une personne peut ou non utiliser telle ou telle technique.

 

L’importance du diagnostic respiratoire

 

C’est ainsi que toutes mes premières consultations consistent à faire une anamnèse du patient. L’objectif est de déterminer les paramètres mécaniques, physiologiques et psychologiques influant sur la respiration de la personne.

Toute une série de tests et de questions sont nécessaires pour avoir une idée claire de comment la personne respire. A partir de là, le travail peut commencer.

Une des grosses force de cette manière de faire est que la personne n’a absolument pas besoin d’être touchée. De même, il est inutile de lui poser des questions personnelles pour avoir l’information nécessaire concernant son état psychologique. Ceci permet à la personne d’entrer confiante dans le travail.

De plus, ce diagnostic permet de présenter à la personne les différentes étapes du travail sur la durée. Il permet aussi à la personne de s’évaluer et de pouvoir observer ses progrès au fur et à mesure.

La phase de remobilisation tissulaire est la phase clé du travail

 

Une des caractéristiques des gens qui ont des douleurs chroniques est leur perte de mobilité. Une autre caractéristique est la charge émotionnelle liée à la maladie. Ces deux caractéristiques se retrouvent dans les tissus et leur manière de réagir.

Bonne nouvelle, c’est là que la respiration sera la plus utile dans un premier temps. En effet, le protocole respiratoire appliqué à cette étape va permettre de remobiliser ces tissus en état de protection grâce au travail du diaphragme. Mécaniquement, c’est totalement différent que de travailler sur des étirements ou de la mobilisation externe par les muscles des bras, des jambes ou du dos. Ce travail sera en effet très efficace sur du court-terme, mais le problème reviendra invariablement. Pourquoi? Parce que les contraintes mécaniques qui maintiennent le système dans cet état elles ne changent pas.

C’est donc bien le travail respiratoire qui permet de relancer la machine. Le but est d’essayer de casser ces contraintes mécaniques internes qui ont probablement étaient construites au cours de la maladie par la douleur.

Ce n’est qu’une fois cette mobilité revenue que l’on pourra envisager d’utiliser la respiration pour calmer le système nerveux de la personne.

Calmer le système nerveux pour diminuer les douleurs chroniques

Ensuite, on peut alors penser à venir calmer le système nerveux. Là on retombe sur des approches respiratoires plus classiques que l’on retrouve en sophro, yoga, cohérence cardiaque ou autres. D’ailleurs, il est intéressant de pratiquer ces disciplines en prévention pour maintenir un système nerveux équilibré et empêcher de venir basculer dans la maladie ou une phase de poussées. En effet, plus le système nerveux sera calme, moins il y a de chances de faire de poussées. Dans le cas de la sclérose en plaque par exemple, il est connu que les poussées se déclenchent lors d’une phase de stress trop importante ou trop longue.

Ce qui nous ramène à l’histoire de la poule et de l’oeuf. En effet, autant le fait d’être malade n’est à mon sens pas lié à la respiration, autant le fait de faire des poussées ou de rester douloureux y est lié. Pourquoi? Parce qu’une mauvaise respiration induit une excitation du système nerveux qui se retrouve en état de stress. Et l’état de stress prolongé entraîne les crises mais aussi l’inflammation qui maintient la douleur.

Par conséquent, rétablir une respiration calme est nécessaire pour casser ce cercle vicieux.

 

Résultats de cette approche

 

Les deux grandes étapes du travail sont celles-là. En fonction de la personne et du diagnostic, il y aura des petites étapes intermédiaires à réaliser.

Ce type de travail demande du temps, environ quelques semaines pour le patient. Ce dernier doit réussir à se discipline pour pratiquer au moins 10 minutes par jour. Par contre, les résultats sont là.  Arrêt d’anti-douleurs, reprise d’une activité physique, diminution de l’anxiété et des crises d’angoisse, état générale beaucoup plus calme. Pour ceux qui ont eu une crise pendant le suivi du protocole, elle a été moins intense et gérée beaucoup plus vite qu’habituellement.

Il est à noter que je n’ai pas réalisé moi-même le suivi des résultats mais qu’il m’était rapporté par les professionnels qui suivent ces personnes.

Cette approche est donc intéressante et mérite d’être étudié plus en profondeur avec un  plus grand nombre de patients pour s’assurer de la répétabilité de la stratégie.

Conclusion

 

Les douleurs chroniques liées généralement aux maladies chroniques sont un problème courant. Fibromyalgies, lombalgies, maladies inflammatoires, toutes provoquent ce type de problème. Généralement, la respiration n’est absolument pas une piste pour la prise en charge de ces douleurs et de ces patients. Pourtant, il se pourrait que ce soit un élément central pour rétablir un état normal comme j’ai pu l’expérimenter avec mes patients.

Néanmoins, la respiration ne règle absolument pas le problème de base qui est la maladie. Elle permet seulement de largement soulager le patient et de participer à l’éloignement des crises.

L’intérêt de cette approche est qu’elle est sans risque, que le patient peut pratiquer lui-même et qu’elle n’implique pas de remuer les souvenirs de la personne. Ceci permet une adhésion plus facile à ce suivi.

Pour conclure, s’intéresser à la respiration quand on est atteint de douleurs chroniques n’est pas commun. Malheureusement, il n’y a que peu de chance que la médecine conventionnel vous dirige là-dessus si c’est votre cas. Néanmoins, si vous en prenez la responsabilité, vous reprendrez un rôle actif dans votre mieux-être simplement en respirant!

A bientôt

 

Yvan