La respiration a des influences multiples. Parmi ces influences, elle a une action sur la posture et sur notre bio-mécanique. Pourquoi? Grâce au diaphragme, dont la racine grecque  (phrenos) signifie esprit ou pensée. Amusant non? Ce muscle que nos sollicitons constamment de part ses structures anatomiques joue un rôle considérable sur les contraintes auxquelles notre squelette est soumis. Dans cet article, nous allons voir comment le diaphragme s’organise et ainsi, les influences qu’il peut avoir. Nous verrons également pourquoi son utilisation peut participer à corriger des problèmes de dos et de posture en général.

 

Le diaphragme thoracique

Le diaphragme thoracique appelé le plus souvent diaphragme est le muscle principal de la respiration. Il ressemble à peu près à une coupole. Anatomiquement, c’est une structure visco-élastique permettant de séparer la cavité thoracique de la cavité abdominale. Il forme les limites supérieures du contenu viscéral.

Ses insertions se font sur le pourtour interne des éléments de la cage thoracique. IL s’insère ainsi sur le processus xyphoïde (l’extrémité cartilagineuse du sternum) sur la face avant. Sur les côtés, les insertions se font sur les quatre dernières côtes et sur les six derniers cartilages intercostaux. On notera qu’à ce niveau là, les insertions s’intriquent avec les insertions du muscle transverse de l’abdomen.

Au niveau de la face arrière, les insertions se font via des piliers et des arcades:

  • Deux principaux qui se fixent sur les lombaires (L2-L3)
  • Deux accessoires se fixant sur sur L2
  • L’arcade du psoas qui se fait du corps vertébral de L2 au processus transverse de L1
  • L’arcade du carré des lombes, du processus transverse de L1 à la dernière côte

Le diaphragme forme également des orifices permettant aux veines et artères mais aussi aux nerfs de le traverser.

Les fascias et le diaphragme

Un autre point important à garder en tête sur le diaphragme est l’importance de ses interconnexions avec les fascias. En effet, les fascias sont des tissus principalement constitués de collagène et contenant de nombreux corpuscules aux propriétés proprioceptives donnant énormément d’information sur le corps. une innervation importante et apparemment des nocicepteurs (récepteurs de la douleur). Ils contiennent également des fibres contractiles  qui ont probablement le mauvais goût de pouvoir spasmer, créant des dysfonctions et de la douleur. Manque de pot, ils sont intégralement gérés par notre système sympathique. Je ne vous apprendrai rien en vous disant donc qu’ils sont sensibles aux stress… En réponse à ces stress, ils auront donc la tendance à spasmer.

Le diaphragme contient le centre phrénique. Un fascia positionné plutôt sur la face thoracique, mince et résistant. Un autre fascia, plus postérieur, créant un véritable réseau est le plan interfascial. Il se connecte au carré des lombes, au muscle psoas, mais aussi aux reins, à l’oesophage et au foie. Un autre système, le fascia transversalis. Ce dernier se lie au muscle transverse, au péricarde et se lie à des fascias cervicaux. Enfin, le fascia thoraco-lombaire se lie au trapèze, au grand dorsal, au grand fessier, aux obliques externes et au sacrum.

Les effets du diaphragme sur la posture

De part ses insertions multiples et son point central dans le réseau des fascias, le diaphragme a donc un rôle crucial. Des douleurs cervicales ou lombaires ont pu être par exemple corrélées à des tensions et des dysfonctions du diaphragme… La raison est assez simple, les fibres contractiles du diaphragme sont bien meilleures pour se raccourcir que pour se détendre. Or, le diaphragme étant normalement toujours en mouvement, il peut participer à constamment maintenir les fascias mobiles, évitant qu’ils se spasment. Or, si le diaphragme fini par se bloquer ou à être trop crisper, il ne va plus pouvoir jouer son rôle et les fascias auront plus de mal  à se relâcher sous l’action du diaphragme…

Deuxième point, le diaphragme est également lié à des muscles comme les psoas. Ces muscles répondent également aux stress et il semble qu’ils répondent également aux émotions par la contraction. Là aussi, la mobilité du diaphragme permet de maintenir du mouvement dans ces muscles pour éviter qu’ils spasment.

L’innervation du diaphragme

Le diaphragme est un muscle très particulier au niveau de son innervation. En effet, comme tout le monde le vit en respirant, la respiration se fait de façon autonome mais également de façon volontaire. Autrement dit, le diaphragme et sous le contrôle à la fois du système nerveux végétatif mais aussi du système somatique.

L’innervation motrice principale se fait par le nerf phrénique. Vous sentir ce nerf en pressant l’avant du scalène antérieur. Cette pression induit d’ailleurs un arrêt du hoquet, c’est toujours bon à savoir. Par contre, ce qui est intéressant avec le nerf phrénique, c’est qu’il innerve sur le plan sensitif entre autre le péricarde, ce qui expliquerait la capacité à ralentir le coeur par la respiration. D’un point de vue sensitif, le diaphragme est par contre innervé par le nerf vague, contrôlant le système nerveux végétatif.

On se rend donc compte que l’innervation du diaphragme est à la croisée des systèmes nerveux. Ceci explique le fait de pouvoir passer par la respiration volontairement via le nerf phrénique pour influencer le système végétatif via le nerf vague.

La mobilité du diaphragme

D’un point de vue simpliste, le diaphragme se contracte à l’inspiration. De part ses insertions au niveau lombaire, le diaphragme va descendre dans la cavité abdominale en se contractant. Ensuite, lors de l’expiration, le diaphragme se relâche et remonte vers la cavité thoracique. Cependant, ce mouvement extrêmement simple a de grandes conséquences.

La conséquence la plus évidente est le travail sur la cavité viscérale. Les cycles d’inspiration/expiration permettent de faire bouger les viscères. Ceci n’est pas anodin puisque nous n’avons aucun moyen de contrôler les muscles lisses qui entourent nos viscères. Or, comme d’habitude, en cas de stress, par l’activité du système orthosympathique, ces muscles se contractent et il est impossible de les étirer. Le diaphragme, via la respiration naturelle offre un véritable massage viscéral permanent.

Moins évident, le rôle du diaphragme sur la posture corporelle. Comme nous l’avons vu, le diaphragme via ses fascias est « accroché » à de nombreux muscles profonds. Ceci implique que ces muscles vont être partiellement mis en mouvement par le diaphragme. Ceci peut-être intéressant pour soulager certaines douleurs liées à des tensions musculaires. Des pistes par exemple montrent que cela pourrait avoir un effet sur les lombalgies chroniques. Ceci a fait l’objet d’un article ailleurs et d’une thèse de médecine.

D’autre part, d’un point de vue purement structurel, via ses insertions au niveau de la colonne, il peut à la fois  mobiliser le rachis s’il est en bonne santé ou au contraire le verrouiller s’il est tendu. Cela se sent assez facilement avec la respiration naturelle qui fait bouger les lombaires en réduisant la lordose sur l’inspiration et en la creusant sur l’expiration. Cependant, des effets comparables sont décrits au niveau thoracique, cervical et même crânien!

Diaphragme et émotions

Ce dernier point est moins documenté que les précédents. Ceci étant dit, c’est bien connu dans les traditions anciennes. Le diaphragme (mais aussi les psoas et l’ensemble de la chaîne profonde) enregistre les émotions. Sa proximité avec le système nerveux végétatif peut l’expliquer. Toutefois, en pratique, toutes les émotions, positives ou pas, si elles ne sont pas évacuées par du mouvement, restent enregistrées dans le muscle. Si le muscle n’est pas étiré, il va rester contracté, gênant la respiration et le mouvement du reste du corps qui lui est lié.

Comment évacuer l’émotion? Sur le coup, le modèle que je préfère est le mouvement. Une émotion positive qi fait rire se diffuse par le mouvement de rire. Par contre, une émotion telle que la tristesse ou la colère qui est socialement moins accepté ne va pas être évacué par le mouvement créant une tension corporelle. Cette tension s’enregistre dans le diaphragme. il faut donc chercher à évacuer l’émotion comme le corps en a envie.

L’autre solution consiste à évacuer par la parole (qui reste du mouvement d’ailleurs). Cependant, je n’aime pas cette solution puisqu’elle va juste transférer l’émotion à quelqu’un d’autre et lui pourrir sa propre structure.

Comment relâcher les émotions déjà enregistrées?

Une émotion qui a été enregistrée va créer une tension musculaire. Ces tensions vont s’accumuler en stressant le corps jusqu’à ce qu’il soit en état d’épuisement. D’ailleurs, souvent, un burn-out poussé à l’extrême provoque des convulsions, le corps faisant des mouvement extrêmement violent pour se libérer. J’ai personnellement connu quelqu’un qui s’est fracturé une vertèbre après une crise de convulsion qui a officialisé son burn-out… Preuve de la puissance des tensions qui peuvent s’enregistrer.

Comment alors l’évacuer? Le mouvement permet d’enlever ce qui est récent. C’est pour cela que pratiquer une activité sportive est importante. Par contre, les vieilles émotions et les peurs stockées sont difficiles à faire passer. Il y a deux stratégies. La première, le massage, pour relâcher les muscles et les étirer. Le massage du plexus solaire permet de détendre le diaphragme. Le diaphragme permet de masser le corps en interne et relâcher les tensions de la chaîne respiratoire (profonde). La seconde solution, épuiser le muscle pour qu’il soit obliger de se détendre. Des techniques telles que le TRE est basé là-dessus: faire trembler les psoas pour évacuer des traumatismes. cette technique a été développé en remarquent que les animaux proies qui viennent d’échapper à un prédateur une fois à l’abri se mettent à trembler avant de repartir ensuite à leurs activités.

Ainsi, j’ai développé des exercices dans la méthode REBO2T pour générer ces tremblements sur toutes la chaîne respiratoire. Combiné avec le massage du diaphragme et par le diaphragme, ceci permet de garder un corps sans tensions émotionnelles. Si en plus on combine cela à la respiration explosive qui permet de choquer le diaphragme, on élimine en plus au fur et à mesure.

Conclusion

Le diaphragme est un muscle méconnu mais qui est central à tous les niveaux. Le maintenir en bonne santé et mobile est un enjeu majeur pour conserver une bonne santé. Grâce à un travail respiratoire, vous pourrez ainsi maintenir la bonne santé de ce muscle. Un diaphragme bien mobile permettra ensuite d’éliminer les tensions émotionnelles mais aussi posturale. Enfin, il permettra de mobiliser par le centre la plupart des réseaux de fascias qui eux aussi enregistrent le stress. Stress que vous pourrez aussi maîtriser par le feedback que le diaphragme peut donner au système nerveux végétatif. Pour tout cela, je montrerai au cours de stage ou en vidéos des astuces pour le travailler. N’oubliez pas de faire le test pour voir si votre diaphragme fonctionne bien!

 

Bref, intéressez-vous à votre diaphragme, cela changera considérablement votre vie quotidienne.

 

Et vous, avez-vous des techniques pour soulager votre diaphragme ou l’utiliser pour détendre le corps? Partagez-les dans les commentaires et partagez cet article si vous connaissez des gens qui sous-utilisent ce muscle si central!

A bientôt

Yvan