Connaissez-vous le jeu de la bouteille d’eau? C’est un excellent moyen de passer le temps pour pas cher tout en travaillant sa respiration. Et puis c’est un exercice assez amusant à réaliser. Cet exercice est tiré de la méthode Pescher, un médecin du début du XXieme siècle qui a développé cette méthode de rééducation pulmonaire qui était à la mode jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Le principe de cette méthode? Tout miser sur le travail expiratoire pour améliorer la santé générale. Comme je le dis souvent, il n’y a pas de méthode respiratoire comprenant une seule technique qui soit une panacée contrairement à ce que chaque méthode prétend… Néanmoins, cet exercice est intéressant à pratiquer comme une séance de fitness pour votre appareil respiratoire. Découvrons donc cette technique de respiration.

 

La légende de la création de la méthode Pescher

Comme toute bonne méthode qui se respecte, il y a une histoire de transformation profonde. Celle de la méthode Pescher est celle d’un ado malingre qui vient de la ville pour habiter dans un village. Dans ce village, les enfants jouaient au jeu de la bouteille. A ce jeu, l’ado en question (le futur Dr. Pescher) est mauvais. Alors, il s’entraîne seul, devient bon à ce jeu et miraculeusement, devient plus athlétique, capable de lutter et de faire jeu égal à la gymnastique avec ses petits camarades…

Plus tard, alors qu’il est médecin et s’occupe d’insuffisants respiratoires ou de tuberculeux, il se rappelle de ses jeunes années et les traitent en les faisant jouer à ce jeu. On passera sur la pertinence de faire souffler au maximum des tuberculeux… Toutefois, sa méthode devient connue et il traite les poilus qui ont été exposés au gaz de combat pendant la Grande Guerre. Finalement, sa méthode est utilisée pour soigner un peu tout et n’importe quoi jusqu’à la seconde guerre mondiale où elle tombe en désuétude.

 

Le jeu de la bouteille

 

Alors quel est ce jeu de la bouteille, à la base de la méthode Pescher? C’est assez simple. Prenez une grosse bouteille d’eau en plastique de 5L, une bassine et un tuyau en caoutchouc de 80 cm environ.  Prenez un marqueur et remplissez votre bouteille 1L par 1L et marquez d’un trait chaque L rempli. Puis remplissez au 3/4 votre bassine. Mettez le tuyau dans la bouteille puis renversez la bouteille d’eau pleine dans la bassine.

Le jeu? Vider la bouteille d’eau en soufflant dedans. L’idéal? Vider la bouteille en quelques respirations seulement. Quand vous soufflez, cela doit se faire de façon totalement continue. Ceux qui ont lu l’article sur le poumon savent que nous sommes capables de souffler en étant en bonne santé environ 3L d’un coup. Cet exercice est à faire quelques fois par jour.

Quand vous êtes à l’aise, essayez de rajouter une expiration, la plus longue et maximale possible. Dans ce cas, vous devriez être capable de vider la bouteille sur une respiration puisque la capacité résiduelle fonctionnelle est d’environ 5L.

Quid de l’inspiration? Elle se fait par le nez par rebond de l’expiration complète. Quand vous cherchez à aller au maximum de votre capacité, utilisez tout de même ce rebond et allez chercher au maximum.

Le système D

 

Pour une version plus simple, il suffit d’un tuyau et d’une bassine. En effet, pour ceux comme moi qui n’ont aucun attrait pour les systèmes un peu compliqué, cette version permet de se mettre à la pratique rapidement sans avoir l’excuse matérielle. Donc allez, on essaie. Par contre, en contre-partie, il faudra prévoir un moyen de se chronométrer.

Dans cet exercice, le but est de souffler le plus longtemps possible. Il faut donc respirer modérément. Attention,  il s’agit d’expirer de façon régulière. Pour le vérifier, les bulles doivent apparaître de façon régulière à la surface de l’eau.

Normalement, l’expiration doit pouvoir durer environ une minute sans gros soucis. Si vous n’y arrivez, c’est l’objectif à atteindre. Pour rendre l’exercice plus difficile, pincez le tuyau. De même, plus le tuyau sera immergé, plus la pression sera importante, et donc, plus il sera difficile de souffler. A 13 cm, il y a une atmosphère de pression.

Un exercice de musculation à combiner avec un travail postural: la base de la méthode Pescher

 

Ceux qui suivent ce blog ont peut-être lu mon avis sur les appareils powerbreathe. En règle générale, je n’aime pas trop les appareils qui ne font travailler que l’expiration puisque ça déséquilibre la posture en favorisant le tonus expiratoire au détriment de l’inspiratoire. Ce qu’il y a d’intéressant avec la méthode Pescher, c’est que le travail postural fait partie de la méthode. Il n’est pas extraordinairement développé mais permet de bien équilibrer le travail.

Ainsi, le travail postural créera un équilibre lors du travail d’expiration. Avec une variation de l’exercice, il est en effet possible d’équilibrer l’expiration avec l’inspiration. Pour cela, l’exercice proposé est de faire ce travail d’expiration assis sur un tabouret et dos totalement contre un mur.

Ceci permet lors de l’expiration de garder un tonus antagoniste à l’effort expiratoire. On obtient alors un bon exercice de gainage postural.

 

Conclusion

Cette petite technique de respiration est donc un bon exercice à ajouter pour travailler posture et fonction respiratoire. Je la classerais dans les techniques de travail posturale et d’amélioration cardio-vasculaire. Le point fort de cette approche est de prendre en compte l’effet général de forcer l’expiration sur la posture.

Je vous invite donc à essayer de pratiquer cette méthode de temps en temps, ou plutôt, tous es jours sur une période de deux ou trois semaines. Dîtes-moi ensuite ce que vous en avez pensé 🙂

Pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous conseille le livre « La méthode Pescher » de Pierre Sébire.

 

A bientôt

 

Yvan