Un petit billet sur l’avis d’un Nobel de médecine sur la respiration nasale! Louis J. Ignarro est en effet un des trois lauréats du nobel de la médecine en 2008 pour son travail sur le monoxyde d’azote. Ces travaux ont d’ailleurs fait du monoxyde d’azote la molécule de l’année dans le magazine Science. Je suis plutôt familier des travaux que ces lauréats ont conduit puisque le monoxyde d’azote en tant qu’agent biologique était le sujet de ma thèse soutenue en 2012 (déjà…). Pourquoi le monoxyde d’azote (NO) est-il intéressant dans le cadre du Co-vid (et de l’immunité en général)? C’est ce que le Dr. Ignarro explique dans l’article suivant et que je vais retranscrire et commenter ici!

Le rôle du NO dans le corps

 

Le NO est une petite molécule gazeuse présente un peu partout dans le corps et responsable de nombreux effets physiologiques. C’est une molécule signal qui la plupart du temps provoque une dilatation des tissus. Ce NO est produit entre autres par la couche interne de l’endothelium tapissant les vaisseaux sanguins, en particulier au niveau pulmonaire. Cette production de NO à ce niveau permet de détendre les muscles lisses entourant les vaisseaux sanguins et les artères les empêchant ainsi de créer une hypertension et favorisant l’afflux sanguin vers les tissus.

Au niveau des voies respiratoires, le NO favorise la détente des muscles lisses entourant trachée et bronchioles, rendant plus simple le passage de l’air. Enfin, c’est également le principe actif du viagra. Je vous laisse deviner comment ça fonctionne…

Néanmoins, à plus haute concentration, il a un autre rôle crucial. Il est produit par les macrophages en tant qu’anti-microbien. Son mécanisme d’action est basé sur sa très grande réactivité chimique. En se liant facilement à d’autres molécules, il crée des antimicrobiens qui ont des effets par exemple sur l’intégrité de l’ADN, des protéines ou des membranes. Ceci a pour conséquence de tuer les microbes (parasite, virus, bactéries ou champigons). Pour aller plus loin sur son rôle je vous renvoie à cet article.

 

Le monoxyde d’azote en tant qu’actif par inhalation

 

En tant que gaz, le monoxyde d’azote peut être inhalé et est utilisé comme agent thérapeutique. Le Dr. Ignarro donne comme exemple le traitement de l’hypertension pulmonaire des nouveaux-nés. Dans cette affection, le flux sanguin est ralenti à cause d’une constriction des muscles pulmonaires et l’oxygène ne passe donc plus. Le NO permet ainsi de redilater les artères et de sauver ces enfants qui auparavant mourraient.

C’est cette propriété à être inhalée qui a poussé des équipes à tester le NO dans le cadre de l’infection au coronavirus. Des études cliniques sont d’ailleurs actuellement en cours. Les chercheurs espèrent que le NO grâce à ses différentes propriétés puissent agir dans le cadre de cette maladie. Comment? En réduisant grâce à ses propriétés vasodilatatrices l’essouflement réoxygénant ainsi les tissus. Grâce à ses propriétés anti-microbienne, le NO pourrait également détruire le virus et/ou bloquer sa propagation dans les poumons.

En 2004, une étude a ainsi montré in vitro, sur des cultures de cellules de mammifères que le NO avait une influence sur le SARS-Covid. Ils ont identifié que le NO permet de perturber le cycle de réplication du virus en attaquent les protéines virales et son ARN (l’équivalent viral de notre ADN). Une étude clinique en 2004 a même permis de guérir des patients de pneumonie. C’est donc prometteur comme approche. De même, on espère que l’inhalation de NO réduise le besoin de respirateurs ce qui dans le cas du Co-vid 19 est particulièrement important.

 

Comment respirer pour accumuler et utiliser du NO?

 

Mais quel est le rapport avec la respiration? Eh bien le monoxyde d’azote est produit dans les cavités nasales des sinus. Par contre, il n’est pas produit par la bouche. Il est donc indispensable d’inspirer par le nez pour profiter de ce NO et qu’il soit envoyer dans les poumons.

Le Dr. Ignarro recommande ainsi d’inspirer par le nez et d’expirer par la bouche. Je ne peux qu’être d’accord sur la première partie. Sur la deuxième partie, je suis plus partagé. L’argument d’expirer par la bouche est qu’expirer par le nez fait perdre le précieux NO sur l’expiration. Donc en inspirant par le nez et expirant par la bouche, on maximise le NO absorbé.

Le problème est que l’expiration par la bouche pose d’autres problèmes d’ordre mécanique, de rythme et de débit respiratoire. Du coup, je préfère ne pas expirer par la bouche. De plus, il y a tout de même une subtilité. Les cavités sinusales sont orientées vers la trachée. Le flux d’air crée donc un appel d’air sur l’inspiration qui tire le NO vers les poumons. A l’inverse, sur une expiration nasale, le flux va avoir tendance à refouler le NO vers les cavités, l’accumulant.

Si en plus on ralentit le rythme respiratoire, le débit est encore moins important diminuant le NO perdu.

Je considère donc qu’il est plus profitable d’inspirer et d’expirer par le nez.

Petite illustration de l’effet du monoxyde d’azote

 

On pourrait penser qu’il est difficile de voir l’effet du NO produit par le nez. En fait pas du tout. Si vous avez le nez un peu bouché (hors rhinite), faîtes la petite manoeuvre suivante.

 

  • Bouchez-vous le nez en le pinçant avec pouce et index
  • Faîtes le son HUM en expirant
  • Ceci va vous faire vibrer le palais et le nez
  • En fin d’expiration, débouché le nez et prenez une grande inspiration par le nez
  • Recommencez

En quelques cycles, votre nez sera beaucoup plus libre. C’est l’effet vasodilatateur du NO!

 

Conclusion

 

Le NO comme expliqué par le Dr. Ignarro est une molécule puissante. Elle pourrait avoir un grand intérêt pour se protéger du virus en ayant un vrai rôle immunitaire. Elle pourrait également dans l’attente des essais cliniques un rôle pour soigner et se remettre du co-vid19.

Pour favoriser cela, il faut respirer par le nez, encore et toujours.

 

Bonne respiration!

 

A bientôt

 

Yvan