Il y a peu de temps, j’ai publié un article récapitulant un petit peu ce qui avait été fait dans le milieu de la recherche en rapport avec la méthode Wim Hof. Rien n’était alors sorti depuis l’article de 2014 qui l’avait étudié scientifiquement. Ce mois-ce, une nouvelle étude a été publiée, la première depuis 5 ans. Cette étude a été publié dans le journal Plos one et est une preuve de concept de l’utilisation de la méthode sur la spondylarthrite axiale.  Cette maladie inflammatoire chronique touche la colonne vertébrale et la sacro-illiaque diminuant progressivement la mobilité de ces dernières et provoquant des douleurs constantes chez les malades.

Que penser de cette étude? Quels sont les résultats de la méthode Wim Hof sur cette pathologie?  C’est ce que nous allons voir dans cet article!

La spondylarthrite axiale

 

La spondylarthrite axiale est une maladie inflammatoire chronique qui touche essentiellement l’axe du corps. La colonne vertébrale et l’articulation de la hanche sont particulièrement touchées. Elle se manifeste par des douleurs qui durent plus de trois mois dans la zone, un raidissement des muscles et des tendons, une inflammation des articulations. Les causes sont peu connues. D’un point de vue mécanistique, cette maladie peut être classées dans les formes de maladies auto-immunes. En d’autres termes, le système immunitaire vient attaquer notre propre corps. Là encore, les raisons ne sont pas claires.

L’évolution de la maladie est une raideur de plus en plus marquée, une fusion des vertèbres, une limitation de la mobilité articulaire générale. L’activité physique, la prise d’anti-inflammatoires et d’anti-douleurs sont à la base du traitement.

Que vient faire la méthode Wim Hof là-dedans? L’article de 2014 montrait que l’inflammation diminue en cas de présence d’une toxine pathogène. Le froid et l’activité physique sont recommandés dans ce genre de pathologie. Il était donc pertinent d’évaluer l’effet de la pratique de la méthode dans cette maladie.

 

Une étude publié dans Plos One

 

Pour tout les inconditionnels de la méthode, il est temps de partir… En effet, dans le cadre de cette étude, on ne peut pas dire que ce soit très convaincant par rapport à la vidéo sortie sur le site de Wim Hof sur cet article justement. Donc ne vous attendez pas à une éloge inconditionnelle de la méthode dans ce billet.

C’est le journal Plos One qui  a publié cet article. Alors que dire de Plos One… C’est un journal assez particulier. Son facteur d’impact est de 2.776, ce qui est relativement faible mais qui reste correct. Le problème n’est donc pas spécialement là. Le problème est que la politique de Plos One est de demander aux reviewers de ne pas juger le fond de l’étude ni les conclusions. Ils leur demandent simplement de regarder si les protocoles expérimentaux sont corrects. Autant dire que c’est léger. J’ai moi-même était reviewer pour ce journal un peu contre mon grès et l’article que j’ai dû réviser ne serait jamais passé dans un autre journal alors que là il a été accepté. Bref, tout ça pour dire que ce n’est pas nécessairement un journal référence contrairement au journal PNAS qui a publié l’étude de 2014 qui est un bon journal la plupart du temps.

Quel est l’intérêt alors de ce journal? En fait, un peu de publier ce qui rate, ce qui ne paraît pas spécialement intéressant mais qui pourra peut-être servir un jour à la communauté.

 

Présentation de l’étude sur la spondylarthrite axiale

 

Le but de cette étude est double. D’abord, montrer que l’ajout de la méthode Wim Hof à la prise de traitement amène un plus lors de cas de maladie inflammatoire chronique. Ensuite que cet ajout est inoffensif dans le cadre du traitement. Le choix de la maladie, la spondylarthrite axiale a été choisie en fonction des critères suivants. Elle affecte des individus jeunes, elle amène peu de comorbidités, elle implique le système immunitaire inné et persiste de façon chronique. En effet, seuls 60 à 70 % des patients parviennent à avoir un contrôle de la maladie sous traitement, dont 30 % seulement de façon partielle. Seuls 20 % ont une rémission totale.

Pour évaluer les effets sur les sujets, les chercheurs ont utilisé la mesure du taux de protéine C réactive dans le sang et la vitesse de sédimentation des érythrocytes, deux marqueurs biologiques classiques de l’inflammation. Ils ont également utilisé divers questionnaires de perception du confort de vie utilisé classiquement. L’étude se veut exploratoire donc les auteurs n’ont pas cherché à savoir comment la méthode pouvait agir sur la physiologie des malades.

 

Le recrutement des patients et le protocole opératoire

 

L’étude a été construite de façon assez originale. Vingt quatre patients ont été suivis, divisés en deux groupes. Ces deux groupes ont été décalés dans le temps. Le premier groupe a immédiatement été formé pendant 8 semaines à la méthode Wim Hof (deux sessions par semaine pendant 4 semaines et une session par semaine pendant 4 semaine) puis suivis pendant 16 semaines pour des analyses. Le deuxième groupe a été pris après 8 semaines pour être entraîné pendant 8 autres semaines et suivis pendant 16 semaines. Ce second groupe a servi de groupe contrôle pendant les 8 premières semaines où des analyses ont été réalisées et a ensuite été intégré dans les datas de suivi.

L’entraînement a consisté à réaliser 30 cycles d’inspiration/ expiration avec apnée vide de 2 à 3 minutes (limite de sécurité 3min30) puis apnée pleine pendant une dizaine de secondes et pompes à la fin des trois séries. Cette série a été suivie d’une autre série où les patients à chaque inspiration et expiration retiennent leur respiration pendant 10 secondes et contractent leurs muscles. Enfin, des exercices physiques venant du yoga ont été ajoutés.

Toutes les semaines pendant les huit semaines, une exposition à des bains de glace (0 à 1°C) ont été réalisés avec des durées allant jusqu’à 5 min max pour des raisons de sécurité. En parallèle, des douches froides (entre 10 et 14°C) étaient prises quotidiennement par les participants.

Enfin, des méditations d’une vingtaine de minutes ont été ajoutées au protocole.

Résultats de l’étude sur les effets de la méthode Wim Hof sur la spondylarthrite axiale

 

Sur l’ensemble des participants, seuls 19 sont allés jusqu’au bout de l’étude pour diverses raisons. Ceci n’a rien de surprenant pour une étude aussi longue. Concernant les potentiels effets négatifs, la seule complication qui est apparue mais de façon non significative puisque présente dans les deux groupes est un rhume. 3 sur 19 pour le groupe test contre 2 sur 11 pour le groupe contrôle. La première conclusion est que la pratique de la méthode est sans danger ou effet négatif.

Concernant les bénéfices, c’est plus que mitigé. Sur les résultats les plus objectifs que sont les mesures biologiques, on ne trouve que la sédimentation des érythrocytes qui est statistiquement amélioré et encore on est proche de la limite statistique entre effet et hasard. La CRP ne bouge pas de façon significative. C’est un peu mieux sur les questionnaires évaluant la qualité de vie où là il y a une vraie amélioration pour au moins deux tests sans contestation. Néanmoins, ces questionnaires restent des éléments plus subjectifs.

La conclusion est que la méthode peut être appliquée sans crainte à des malades atteints de la spondylarthrite axiale et qu’il y a potentiellement un effet sur le niveau de l’inflammation.

 

Limite de l’étude

 

En fait, c’est là la grosse faiblesse de cette étude. Attention néanmoins, les chercheurs précisent que c’est une tentative de preuve de concept. Donc il ne faut pas chercher énormément de conclusions là-dedans. Toutefois, il y a des faiblesses importantes.

Tout d’abord, l’échantillon. Le nombre de personnes suivi est très bas. Il y a une eu une astuce statistique pour augmenter artificiellement le nombre de l’échantillon test en rajoutant l’échantillon contrôle à la fin de l’étude mais malgré cela, il n’y a que 19  personnes. Le choix du test statistique peut sembler combler ce manque mais le test de Wilcoxon manque de robustesse dans ces conditions. de plus, ce test est sensé comparer des échantillons indépendants alors que dans le cas de cette étude, les échantillons ont été poolés puis comparés. Ils ne sont donc pas vraiment indépendants. Malgré cela, les résultats des tests subjectifs sont proches d’une p-value de 0.05 signifiant que l’hypothèse de différence est liée au hasard…

Pour une étude robuste, il faudrait un minimum d’une trentaine de personnes suivies dans les deux groupes…

Ensuite, un gros problème de cette étude est la gestion de l’effet placebo. Cette étude semble d’ailleurs montrer que les résultats subjectifs sont supérieurs aux résultats objectifs. Ce qui est tout de même typique d’un effet placebo.

Bref, je ne trouve pas cette étude spécialement convaincante. Je ne la trouve même pas suffisamment convaincante pour justifier de faire plus d’études là-dessus. Pourquoi? Voyons-ça immédiatement.

 

Les enseignements de cette étude scientifique

 

Plusieurs enseignements sont intéressants dans cette étude. Tout d’abord, elle montre qu’il y a un effet Wim Hof important sur la subjectivité des patients, ce qui peut être intéressant en soi, du moins sur le court terme. Ensuite, et là c’est plus intéressant, les chercheurs posent la question de savoir à quoi est dû la légère différence observée. Au froid? A l’exercice physique? A la méditation? En fait, en cherchant un peu, des effets plus probants ont déjà été montrés avec de l’exercice physique ou de l’exposition au froid (cryothérapie ou  douche froide) pour ce type de pathologies.

En quoi est-ce important? Parce que le suivi d’un protocole sur le temps dépend énormément de la durée que prend l’ensemble des exercices tous les jours. Or, il semblerait que le plus efficace pour un bon suivi soit de maximum  10 minutes par jour, éventuellement divisé en deux fois  5 minutes… Au-delà, les gens ne suivent plus. Répondre à cette question est donc important parce que la méthode Wim Hof avec ses trois composantes est assez chronophage. Difficile de le tenir sur la durée sans un intérêt fort, ce qui n’est pasle cas de la plupart des malades. D’ailleurs, sur la période d’entraînement de 8 semaines, sur 20 personnes 2 ont abandonné dans le cadre d’une étude où ils sont venus volontairement… 10 % c’est beaucoup pour quelque chose de choisi sur une courte période.

 

Conclusion

 

Cet article est donc le troisième sur la méthode Wim Hof. Des trois, c’est certainement le moins convaincant. Il se veut une preuve de concept mais au final, il ne fait pas mieux que des études déjà publiées et beaucoup plus convaincantes pour cette pathologie. Il faut espérer que des financements seront accordés pour permettre aux chercheurs d’aller plus loin dans l’étude de la méthode sur les maladies inflammatoires.

En attendant, si vous pratiquez et que vous allez mieux, que cela ne vous empêche pas de continuer! Pour les autres, essayez et si vous n’êtes pas convaincus, jetez un oeil sur ce qui a été faits ailleurs pour ce genre de problématiques!

 

A bientôt

 

Yvan

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