Très souvent, quand je parle de Respiration, les gens me disent: « Ah oui moi je fais bien attention à respirer par le ventre » ou « J’utilise une respiration ventrale! ». Oui. Bon. Déjà, c’est bien de s’intéresser à sa respiration, c’est un bon début! cela signifie que la personne fait l’effort de descendre sa respiration et de solliciter un peu voire beaucoup plus son diaphragme. Mais est-ce que respirer par le ventre est vraiment une bonne chose? Ben en fait, pas vraiment… En tous cas, pas dans n’importe quelle condition. Pourquoi? C’est tout l’objet de ce nouvel article!

 

La respiration ventrale

Je n’aime pas le terme respiration ventrale.

Pourquoi? Parce qu’il prête à confusion. Cette confusion est liée au fait que quand on pense respiration ventrale, on visualise le ventre qui se gonfle sur l’inspiration et qui se dégonfle sur l’expiration. On essaie donc de mettre en place ce mouvement. Concrètement, comment fait-on cela? Revenons un petit peu à de la mécanique respiratoire. Qu’est-ce qui fait que le ventre se gonfle à l’inspiration? En fait, c’est lié au mouvement de diaphragme. Le diaphragme en se contractant lors de l’inspiration vient plonger dans la cavité abdominale pressant ainsi les viscères. Si on est détendu et qu’on ne contracte ni le grand droit ni les transverses, les viscères sous la pression depuis le haut du diaphragme vont venir pousser contre la paroi abdominale. C’est ce phénomène qui va provoquer ce « gonflement » du ventre.

Tout ceci est donc assez naturel et fait d’ailleurs penser au départ du mouvement de la respiration naturelle justement. Sauf qu’il y a une petite différence qui a tout son importance avec la respiration ventrale. En voulant voir le ventre gonfler, on va avoir tendance à forcer ce mouvement. Comment? En redirigeant la pression viscérale vers l’avant. Comment fait-on cela? En venant contracter volontairement le carré des lombes, les psoas, voire le périnée. Quel est le problème de faire cela? Le problème est que votre posture est profondément modifiée par ce petit changement.

Les conséquences d’une respiration ventrale

Faisons un petit test, mettez-vous sur la pointe des pieds. Sentez comment est réparti votre poids. Maintenant, venez inspirer et faîtes une respiration ventrale au maximum. Où se situe votre poids maintenant?

Si vous êtes un peu à l’écoute, vous devriez sentir que votre centre de gravité s’est légèrement déplacé vers l’avant et que vous devez forcer un peu plus sur l’avant de vos jambes pour tenir. Et c’est logique. Le poids de la masse viscérale est important. Ce qui n’est pas un problème puisqu’elle repose sur l’ensemble du bassin avec la projection du centre de gravité environ entre les jambes. Le problème est que si on redirige cette masse vers l’avant, tout le corps va devoir rééquilibrer en compensant vers l’arrière. Ce qui va poser quelques problèmes. De plus, cela va avoir également à maintenir tendu le psoas et le carré des lombes, ce qui peut à terme conduire à des lombalgies ou aggraver ce type de problème pré-existant. Cela va également entraîner une raideur de la zone lombaire qui aura des répercussions plus générales.

D’ailleurs, est-ce que parmi vous certains ont des douleurs lombaires alors qu’ils respirent par le ventre? Laissez vos réponses en commentaires!

Le pire? Combiner la respiration ventrale et respiration par la bouche

Ceci est la plus mauvaise combinaison à faire. Je la vois souvent chez des sportifs qui paradoxalement cherchent à mieux respirer. Alors attention, c’est toujours mieux que de respirer en thoracique et par la bouche… Le problème de ce combo est double. Le centre de gravité avec la mandibule ouverte et la région lombaire en tension aggrave le transfert de poids vers l’avant. Pour compenser, le bassin va avoir tendance à faire un grosse rétroversion et la fatigue arrivant, va rendre la respiration de plus en plus difficile en réduisant l’espace dans lequel le diaphragme va descendre.

Avec la fatigue pendant l’effort, cela va entraîner une respiration de plus en plus haute qu  combinée à la surventilation liée à la bouche ouverte va totalement exténuer la personne et réduire drastiquement son endurance… C’est donc un point à corriger rapidement pour ne pas affecter la performance.

Plus généralement, c’est une habitude à supprimer au plus vite!

La respiration abdominale

En fait, le problème est que souvent, quand on parle de respiration ventrale, il faut en fait parler de respiration abdominale. Quelle est la différence?

La respiration abdominale consiste à laisser descendre le diaphragme le plus bas possible dans la cavité de l’abdomen. Il va en résulter une pression sur les viscères qui vont eux-mêmes créer une pression sur toute la surface abdominale. Cette pression se manifeste aussi bien en ventral que sur les flancs et dans le dos! Voilà toute la différence avec la respiration ventrale.

En fait, la respiration ventrale se fait par la contrainte, la respiration abdominale par le relâchement musculaire. Les muscles entourant la cavité abdominale doivent être souples et toniques et non pas tendus. C’est donc bien la respiration abdominale qui est à la base de la respiration naturelle.

Comment la pratiquer?

En position debout ou assis, venez mettre vos mains sur vos flancs, le pouce sur les lombaires, le majeur sur les côtés du ventre et la paume de la main sur le flanc. Appuyez contre votre abdomen dans cette position et venez pousser vos mains avec votre inspiration que vous réalisez par le nez. Laissez-les revenir avec votre expiration. Vous devez sentir de la pression aussi bien sur les main que sur les pouces et les majeurs. Si vous vous remettez sur la pointe des pieds, vous devriez sentir que votre poids « descend » dans le sol. Ceci montre que la force exercée par votre diaphragme descend bien en projection de votre centre de gravité. Centre de gravité qui sera d’ailleurs légèrement plus bas et vous donnera l’impression d’être également plus stable. Pour ceux qui recherchent un ancrage, respirer ainsi est la base!

Evidemment, respirer ainsi n’est pas évident. Vous découvrirez vite que la région lombaire peut être assez capricieuse en terme de mobilité mais petit à petit cela viendra. Vous pouvez d’ailleurs aller voir cet article que j’ai écrit sur le blog de l’organisologie pour ne savoir plus.

Conclusion

Il ne faut donc pas respirer par le ventre. Par contre, il faut avoir une respiration abdominale si on veut pouvoir atteindre une respiration naturelle. Cependant passer de façon inconsciente d’une respiration ventrale à une respiration abdominale n’est pas forcément aisé. De plus, une zone lombaire contractée a tendance à être une source de stress à cause de l’inconfort permanent que cela crée. Le stress provoque une tension dans l’abdomen qui elle-même limite le mouvement du diaphragme. Il va donc généralement falloir sortir de ce cercle vicieux avant de pouvoir retrouver cette respiration abdominale en commençant par détendre le diaphragme. Mais avec de la pratique, ça se fait très bien!

Alors, avez-vous une respiration ventrale? Laissez-moi votre réponse en commentaires!

A bientôt

Yvan