Lorsque l’on travaille la respiration, on dit souvent d’inspirer par le nez et d’expirer par la bouche. C’est en effet la façon la plus commune de respirer lors d’exercices de respiration consciente. Cela dit, pourquoi inspirer par le nez? Pourquoi est-ce plus confortable? Est-ce qu’expirer par la bouche est réellement une bonne idée? Quelle est l’influence de la respiration nasale ou buccale sur l’ensemble du corps? C’est l’objet de cet article et vous serez surpris de l’influence de cet organe si commun sur notre fonctionnement mais aussi sur nos disfonctionnements!

 

Le nez, un organe permettant de contrôler le corps!

Le nez

 

 

Qu’est-ce que le nez? Mise à part ce qui est évident comme ce que l’on a au milieu de la figure… Le nez est un os accolé à deux cartilages eux-mêmes recouvert de tissu épidermique. Ces deux cartilages délimitent les narines qui font tampon entre l’extérieur et les cavités nasales. Il communique avec les sinus, les voies respiratoires et  les voies lacrymales. Il a également une connexion avec le bulbe olfactif dont la cavité nasale n’est séparée que par la lame de l’os ethmoïde lui donnant ainsi un accès direct au cerveau. Le système olfactif est d’ailleurs le seul système donnant un accès direct au cerveau.

Le nez est formé de façon symétrique, à savoir que l’on retrouve la même chose d’une narine sur l’autre. Les deux parties sont séparées par la cloison nasale. Cette construction est nécessaire pour pouvoir reposer les capteurs de chaque narine. En effet, à l’image de ce qu’il se passe quand les yeux sont exposés à une forte lumière et qu’ils deviennent moins sensibles aux contrastes, si les deux narines sont soumises à une forte odeur, l’odorat en est impacté. Pour éviter cela, le flux nasal s’alterne. Pour cela, il y a un gonflement léger de la muqueuse qui permet de réduire le débit d’air d’un côté ou de l’autre. Au-delà de l’aspect purement olfactif, cette asymétrie de flux semble également jouer un rôle dans le fonctionnement du cerveau.

 

Les fonctions biologiques du nez

 

Le nez assure trois fonctions biologiques principales. Une fonction respiratoire, une fonction olfactive et une fonction immunitaire.

Pour la fonction respiratoire, le nez brasse environ 15000L d’air par jour chez l’adulte. En le traversant, l’air qui arrivera dans la gorge sera à environ 30/35°C. C’est la température nécessaire pour ne pas irriter les muqueuses. Il sera également en charge d’humidifier l’air pour que le taux d’humidité soit compris entre 90 et 95%. Ce pré-traitement de l’air est important puisqu’un air trop frais et trop sec vient abîmer les muqueuses, les rendant plus perméables aux infections et créant également de l’inflammation. On peut également ajouter que cela permet de plus facilement maintenir la température corporelle puisque l’air dans les poumons refroidira beaucoup moins le sang que s’il n’est pas pré-chauffé en passant par la bouche. Si vous êtes joueur, essayez en hiver de respirer rapidement par la bouche en extérieur une vingtaine de minutes. Vous sentirez votre gorge sèche, irritée et vous aurez probablement une angine dans la foulée. 

Pour la fonction olfactive: Il contient une muqueuse olfactive composée de cellules spécialisées dans l’odorat. Elle se situe au sommet de la cavité nasale et possède une surface d’à peine 2 cm².  Lorsqu’une molécule atteint cette muqueuse, les cellules olfactives enverront un signal sous forme électrique directement au cortex olfactif.  Le cortex olfactif appartient au système limbique. Il est donc au croisement entre les émotions et la mémoire… C’est pour cela que des souvenirs peuvent remonter en présence de certaines odeurs. Mémoires, émotions et respiration sont très liées.

Pour la fonction immunitaire: le nez est une des premières lignes de défense de l’organisme. Que ce soit par les poils ou le mucus, une grande partie des particules extérieures se retrouvent bloquées dans le nez et sont évacuées par éternuement ou écoulement. La respiration nasale permet donc de filtrer l’air des gros éléments extérieurs. En plus de cette barrière purement mécanique, le nez est un organe produisant du monoxyde d’azote au niveau des sinus paranasaux. Ce monoxyde d’azote permet de détruire bactéries ou virus dans cette région. Il permet également de réguler la dilatation des bronches.

Pour toute ces fonctions, le nez doit interagir avec l’ensemble du système nerveux. Il est donc contrôlé par le système nerveux autonome, le somatique et le sensitif. CE qui implique qu’en retour, son activité aura un impact sur ces trois systèmes. En particulier, au niveau du système nerveux autonome, une respiration lente tend à le clamer tandis qu’une respiration rapide et haute tend à l’exciter.

 

Les réflexes contrôlés par le nez

 

Le nez est également une tour de contrôle. Son lien avec l’ensemble du système nerveux périphérique lui donne une force d’impact sur énormément de fonctions. Il contrôle ainsi le réflexe  de plongée. ce réflexe présent chez les mammifères permet au corps de s’adapter à une immersion dans l’eau froide (moins de 21°C). Pour cela, il va ralentir le coeur, amener le sang au cerveau et au coeur pour sauvegarder ces fonctions vitales, faire de la vasoconstriction de la périphérie corporelle pour conserver la chaleur. Ceci est possible par une transmission de l’information depuis les cellules sensorielles de la cavité nasale au nerf vague et trijumeau.

Renifler, éternuer, deux autres réflexes qu’il contrôle et qui influent sur le reste du système. Le nez stimule également le réflexe d’axone, entraînant la contraction des bronches par exemple.

Tout ceci montre que le nez permet de jouer sur le corps et toutes les techniques de respiration incluant le nez auront pour objectif de changer la régulation corporelle. Par exemple, une étude a montré que la respiration du pranayama, bhramari, (5 secondes inspiration, 15 secondes expiration), où l’inspiration se fait aussi par le nez, stimule le parasympathique, diminuant le rythme cardiaque et la pression sanguine. Ceci en seulement 5 minutes de pratique!

 

La respiration par le nez ou nasale

 

Respirer par le nez permet de faciliter la fonction physiologique de la respiration comme nous l’avons vu au-dessus. Par conséquent, à part lors d’un besoin d’hyperventiler, le nez sera toujours la meilleure solution pour l’inspiration. Il y a également une raison anatomique à cela. La position bouche ouverte incite mécaniquement à avoir une respiration beaucoup plus thoracique. Vous pouvez d’ailleurs essayer de respirer par la bouche et de chercher à descendre votre respiration, vous verrez que cela demande beaucoup d’effort. La respiration nasale permet donc la respiration naturelle sans effort et construira votre posture. A l’inverse, respirer par la bouche en faisant monter la respiration dans le thorax donnera rapidement une sensation d’oppression qui peut se prolonger toute la journée. Hyperventiler va même jusqu’à déclencher de l’angoisse, la respiration par la bouche tendra donc à angoisser les gens.

Qu’en est-il de l’expiration? En fait, c’est à peu près pareil. L’expiration se fait par le nez au repos ou à effort modéré. En effet, l’expiration buccale détruit la posture et provoque également un débit d’air trop important lors de l’expiration nous vidant trop vite de notre CO2. Cela produira des effets potentiellement délétèrent que vous pouvez voir ici. Un effet connu de tous est celui de la crise d’angoisse qui peut aller jusqu’à une perte de connaissance. La raison est qu’on se vide de notre CO2. C’est pourquoi on fait respirer les gens dans une poche en papier pour qu’ils le récupèrent sur l’inspiration évitant la syncope.

En plus de ce que nous avons déjà vu, la respiration nasale a une influence sur la psyché. De part sa connexion directe avec le cortex olfactif, chaque inspiration stimule le système limbique. Il a ainsi été montré que l’inspiration améliore l’apprentissage lorsqu’elle est faîte par le nez tandis que l’inspiration par la bouche non.

D’un point de vue empirique, la respiration nasale calme le mental. Cela a été montré par plusieurs études dont celle-ci qui montre que la respiration nasale alternée diminue les ondes thetas et augmente les ondes betas du cerveau entraînant un plus grand calme (J’écrirais un article spécifique sur les ondes cérébrales). Ainsi, chaque fois que vous faîtes une inspiration nasale, vous calmez le système. 

Le nez a donc à la fois un rôle dans le contrôle du corps mais aura aussi un impact sur différents processus cognitifs.

 

Impact des troubles nasaux

 

Lorsqu’on analyse un peu l’influence du nez sur l’ensemble du corps, on se rend compte des problèmes que peuvent induire son mauvais fonctionnement. une cloison nasale déviée, un rhume, une congestion, tout ceci impactera sur votre manière de respirer et affaiblira globalement le système simplement en excitant le système nerveux autonome. C’est pourquoi il faut être attentif au nez et à ses variations. Nous avons tendance quand il se bouche respirer par la bouche. Au contraire, il faut chercher à garder la respiration nasale pour ne pas le laisser se boucher. Respirer par une seule narine est suffisant!

De plus, par expérience, plus vous avez l’habitude de la respiration nasale, moins il se bouche et plus il est facile de consciemment restaurer le flux nasal. Attention, ceci n’est valable qu’avec une anatomie normale. S’il y a des déviations de la cloison nasale, elles obstrueront la narine et on n’y pourra pas grand chose. Envisager une chirurgie pourrait être intéressant sur le long terme. Discutez-en toujours avec votre médecin.

La respiration nasale ou buccale ont des effets plus inattendus. Ainsi, la respiration buccale modifie le microbiote buccal favorisant les infections à répétitions. En sport, il y a un lien entre respiration buccale et durée de récupération d’une entorse et de leur fréquence d’apparition. La respiration buccale a également un impact négatif sur l’attention, la réussite scolaire et le sommeil. Une des raisons serait que la respiration buccale fait respirer plus haut et plus vite stimulant le système nerveux sympathique et mettant les gens en état de stress constant.

Enfin, certains posent l’hypothèse que certaines formes d’autisme corrèlent avec une alternance nasale défectueuse.

 

Conclusion

 

Pour conclure, dès que vous chercherez à contrôler votre physiologie de manière fine par la respiration, l’inspiration nasale sera clé. De même, si vous souhaitez une posture forte, la respiration nasale est indispensable. Appliquez vous donc lors de vos exercices. Faîtes toujours attention à lui et à ce qu’il soit capable de fonctionner correctement. Une vie plus agréable s’offre à vous simplement en faisant bien attention à avoir une respiration nasale dans la vie quotidienne!

Et vous, votre respiration se fait-elle automatiquement par le nez ou par la bouche? N’hésitez pas à m’écrire pour me répondre à yvan@artdelarespiration.fr. 

 

A bientôt

 

Yvan

PS: Désormais, les articles sur le blog se feront rares. Par contre, j’écris toutes les semaines des emails très pratiques pour la pratique de la respiration aux abonnés de ma newsletter. Pensez à vous y inscrire en vous rendant ici et en défilant jusqu’en bas de page!!