Des pratiques respiratoires sont retrouvées dans toutes les cultures. Pour certaines, elles ont une valeur d’élévation spirituelle mais pour d’autres une valeur très pratique. En effet, comme nous le voyons régulièrement ici, la respiration permet de mieux réguler l’utilisation du corps. Les peuples amenés à parcourir de longues distances ont donc développé des techniques pour pouvoir le supporter.
La marche afghane est totalement dans ce cas. On parle de personnes ordinaires capable de parcourir des centaines de kilomètres à pied par semaine dans le désert. Ceci est totalement impossible à faire pour le commun des mortels. Pourtant, dans ces cultures nomades, c’est quelque chose de très commun. Comment ça marche? C’est ce que nous allons voir ici!
La marche afghane
La marche afghane est issue de techniques anciennes, transmises de générations en générations par les populations voyageant sur de longues distances dans les déserts. Il semblerait qu’elle vienne de Perse. La version populaire, la marche afghane, a en fait été formalisée par Edouard Stiegler, entre les années 1970 et 1980. Stiegler était un français passionné par la marche et déjà convaincu par les marches rythmiques. Au cours d’un voyage en Afghanistan, il découvre les nomades caravaniers se déplaçant sur de longues distances dans le désert. Il en tire un livre: » la régénération par la marche afghane » où il décrit les différentes techniques de marche utilisée.
Cette marche est devenue populaire pour plusieurs raisons. Elle est simple, les effets sont rapidement visibles et elle reconnecte les gens avec eux-mêmes. C’est également une porte d’entrée très accessible vers le travail respiratoire.
Principe de la marche afghane
Nous n’avons pas trouvé d’études scientifiques spécifiquement menées sur la marche afghane. Néanmoins, la marche afghane regroupe des qualités retrouvées dans la méditation en terme de fixation de la conscience et dans la marche. On va donc jouer à la fois sur le système cardio-vasculaire et sur l’observation de soi. L’un dans l’autre on va pouvoir améliorer notre utilisation énergétique en entraînant le coeur et en ne perdant pas d’énergie à cause d’émotions non contrôlées. De nombreuses études ont été effectuées sur la marche et la méditation prises indépendamment et elles démontrent cela.
De plus, la marche dîtes consciente est plus efficace que la méditation en terme de réduction du stress et de l’anxiété, donc du contrôle émotionnel que la méditation. Ceci a par contre été démontré par plusieurs études (coréenne et américaine).
D’un point de vue respiratoire, les rythmes de la marche afghane vont favoriser l’absorption de l’oxygène en maintenant un haut niveau de CO2 dans le corps grâce aux apnées. La fatigue interviendra donc beaucoup moins vite et les muscles fonctionneront de façon optimale et plus longtemps.
Les rythmes de la marche afghane
La marche afghane se pratique en inspirant et en expirant par le nez. Comme on l’a déjà vu sur ce blog, l’utilisation du nez est nécessaire lorsqu’on cherche à calmer la psyché et à réguler la respiration.
Dans la marche afghane on synchronise les pas à la respiration qui se fera en rectangle. Le rythme de base est le 3/1/3/1. On inspire sur 3 pas, on fait une rétention poumons pleins sur un pas, on expire sur 3 pas, on fait une rétention poumons vide sur un pas, et on enchaîne. C’est la première approche à faire sur terrain plat. A la pratique, c’est un rythme assez énergisant.
Ce motif n’est que le motif de base auquel on en ajoutera d’autres en fonction de la situation. Par exemple, pour les montées, on va accélérer le rythme en inspirant sur 2 pas et en expirant sur 2 pas pour suivre le coeur qui s’accélerera aussi. Vous serez surpris de pouvoir monter une côte à une bonne allure sans être fatigué à l’arrivée.
Enfin, un dernier motif pour tenir vraiment longtemps est de faire une inspiration d’un certain nombre de pas qui vous est agréable puis une expiration du même nombre de pas + 2. Exemple, quatre pas d’inspiration pour six pas d’expiration. On aura le même type d’effets mais le rythme sera ainsi adapté à chacun.
Le travail de la capacité pulmonaire
Comme toutes les respirations, plus votre capacité respiratoire sera importante, plus vous serez performant. Dans le cadre de la marche afghane, il existera d’autres motifs faits pour améliorer cette capacité pulmonaire. Loin d’être sorcier, il suffira d’augmenter les temps mais par contre de passer à un triangle respiratoire. Un triangle respiratoire comprendra une inspiration, une expiration et une apnée. Ces apnées se feront toujours après l’expiration et sur deux pas. L’inspiration se fera sur 4/5 ou 6 et l’expiration en 4/5 ou 6 respectivement. A partir de 7, on ne fait plus d’apnée, on ne fait qu’inspirer et expirer.
Être capable d’allonger les temps respiratoires permet de fortement muscler la chaîne musculaire respiratoire et de relâcher les tensions qu’elle contient. Un article sera spécifiquement écrit là-dessus. En augmentant ainsi nos capacités, avec cette forme de musculation interne, on pourra être plus efficace sur les respirations classiques de la marche afghane.
Les marches respiratoires
Il serait présomptueux de dire que seule la marche afghane intègre des principes de respiration. Enormément de traditions utilise la respiration pour marcher plus longtemps en terrain compliqué. On peut parler des moines tibétains, des moines du Shugendo au Japon, des moines orthodoxes. Il existe d’autres pratiques telles que la marche nordiaque, la marche rythmique qui utilise la respiration lors de marche consciente. Il est d’ailleurs fort probable que la plupart des peuples nomades aient développé des techniques similaires. Enfin, parfois, c’est par le chant que la respiration sera calée. On peut ainsi penser aux chants dans les différentes armées utilisés pendant la marche et qui ont également comme intérêt de synchroniser le groupe sur une même respiration. Ceci est excellent pour l’esprit d’équipe.
Néanmoins, la marche afghane est finalement bien documentée et ses effets sont faciles à voir. Par conséquent, l’essayer est un des indispensables lorsqu’on cherche à explorer sa respiration et les capacités qu’elle dévoile.
Et vous avez vous déjà essayé cette marche? Si oui qu’avez vous ressenti?
A bientôt
Yvan
Bonjour,
Pratiquant le Buteyko (via Oxygen Advantage) depuis un an et demi et étant adepte de la randonnée pédestre, j’ai testé (plutôt intuitivement), la même méthode avec passablement de succès (je viens également de terminer le nouveau livre, très intéressant de James Nestor, « Breath: The New Science of a Lost Art). Dans une ascension soutenue, pas trop à pic, je maintiens le rythme 3/4 pendant assez longtemps pour faire une montée de 4 km avec 400 m. de dénivelé dans un effort contrôlé et confortable. Sur le plat, je fais 4/5 et en faux-plat descendant 5/6. Ça m’a aussi permis de faire en longue rando avec sac à dos, l’été dernier, quelques journées de 26-27 km. J’ai 62 ans. Je savais que ça marchait, mais vous lire, me confirme encore plus tout ça. Merci!