La respiration possède de nombreux effets, parmi eux, l’amélioration de la mémoire. Néanmoins, beaucoup sont de l’ordre du ressenti personnel, peu d’études ayant été menées spécifiquement dessus. Comme je le dis souvent lorsque j’enseigne, la respiration en est là où la diététique en était il y a 30 ans. Ce qui est amusant puisqu’à priori, il est plus difficile de rester sans respirer que sans manger…

Dans cet article, nous allons parler d’une des études qui implique respiration et capacités cognitives. Plus particulièrement, nous allons parler de l’apprentissage et de la mémoire. Cette étude a été publié dans « The journal of Neuroscience », au facteur d’impact plus qu’honorable puisqu’il est en 2016 à 5,9.  

 

Respiration et mémoire?

Introduction

 

La respiration est un processus essentiel impactant sur l’ensemble de notre être. Ceci est surprenant pour les personnes qui ne s’intéressent pas du tout au sujet. Parmi les effets les plus étonnants, il y a le rapport de la respiration sur l’activité du cerveau. Comme on l’a vu dans l’article sur le nez, la cavité nasale a un lien direct avec le cerveau de part son interaction avec le cortex olfactif, lui-même en rapport avec le système limbique. Ainsi, il est connu et vous l’avez peut-être expérimenté, lorsqu’on sent une odeur, des souvenirs peuvent réapparaître.

C’est un bon exemple de l’effet de la respiration sur l’activité du cerveau. Ici, on va aller plus loin puisqu’une étude a étudié plus spécifiquement ce lien et a montré que le cycle respiratoire via la respiration nasale provoque des oscillations de l’activité limbique modulant la fonction cognitive.

Une première étude chez l’Homme prouve un lien direct entre respiration, émotions et la mémoire.

L’article en question est ici et s’intitule: Nasal Respiration Entrains Human Limbic Oscillations and Modulates Cognitive Function. On peut le traduire par « La respiration nasale provoque des oscillations Limbique chez l’Homme et module la fonction cognitive. » 

Jusqu’à présent, il avait été montré chez d’autres mammifères que le rythme respiratoire influe sur certains comportements. Par contre, chez l’Homme cela restait à faire et en particulier, l’influence de celle-ci sur les émotions et sur les capacités cognitives.

C’est maintenant chose faîte.

La respiration de repos influe sur l’activité électrique du cortex piriforme

Une des limitations jusqu’alors pour travailler sur cette question était l’utilisation de l’electro-encéphalogramme. En effet, la pose d’électrodes externes ne permettait pas d’avoir une vue précise de l’activité cérébrale en temps réelle des différentes zones du cerveau à étudier. Or, dans cette étude, les auteurs ont eu l’opportunités de pouvoir utiliser un electro-encéphalogramme avec des électrodes internes donnant une précision non atteinte jusque là.

Ainsi, l’une des premières observations a été que comme chez les autres mammifères, l’activité du cortex piriforme (lié à l’olfaction) est corrélée à la respiration que je définirais de repos (dans le texte ils parlent de respiration à basse fréquence). Par contre, l’amygdale (lié à la peur entre autres) et l’hippocampe (mémoire et navigation spatiale) ne seraient pas impliqués. Dit autrement, au repos, la respiration sert d’un point de vue neuro à sentir les odeurs environnantes.

Le pic inspiratoire influe sur l’amygdale et l’hippocampe avec des conséquences sur les performances cognitives

C’est ici que l’étude devient vraiment intéressante. En effet, les auteurs ont pu montré que lors de l’inspiration, l’activité de l’amygdale et de l’hippocampe s’allume et cette activité est complètement dépendante du flux d’air qui passe dans le nez. Autrement dit plus il y a d’air, plus ces deux centres s’activent. Encore plus intéressant, une inspiration par la bouche n’a pas d’effet…

Les auteurs ont donc voulu tester les performances cognitives de leurs sujets en fonction du cycle respiratoire. L’amygdale est liée à la peur. Les chercheurs ont construit une expérience durant laquelle des sujets devaient reconnaître sur des photos des visages exprimant de la peur ou de la surprise. Dans ce cas, les performances étaient largement meilleure au cours de l’inspiration pour la reconnaissance de la peur que lors de l’expiration. La reconnaissance de la surprise n’est elle pas influencée ni par l’inspiration ni par l’expiration (contrôle).

Concernant les capacités cognitives, pour tester l’influence de la respiration sur l’hippocampe, les auteurs ont fait mémoriser des images aux sujets sur l’inspiration ou l’expiration et 20 minutes plus tard, ils devaient retrouver l’ordre de ces images. Là aussi sur l’inspiration, les performances étaient nettement meilleures.

Autre donnée très intéressante, l’inspiration par la bouche n’a aucun effet sur les performances émotionnelles ou cognitives. La clé est donc dans l’inspiration par le nez qui rappelons le mène directement au cortex olfactif contrairement à la bouche.

Discussion des auteurs

L’auteur de cet article dit:

 « si vous êtes en état de panique, votre rythme respiratoire devient plus rapide. Par conséquent, vous passez en proportion plus de temps à inspirer que quand vous êtes au calme. Ainsi, la réponse du corps innée à la peur avec l’accélération de la respiration pourrait avoir un impact positif sur le fonctionnement du cerveau et donnerait un temps de réaction plus court à des stimuli dangereux de l’environnement » (source)

Il ajoute que des études sont en cours sur les effets de la respiration contrôlée et de la méditation. « Quand on respire, on synchronise les oscillations cérébrales dans l’ensemble du réseau limbique » (lié aux émotions).

La respiration fait donc partie de nos réponses adaptatives au danger. En effet, d’après cette étude, une respiration à fréaquence élevée (comme en cas de danger) impacte l’hippocampe. Cela a un effet sur la mémoire mais participe aussi au positionnement et au déplacement dans l’espace.

Applications à retirer de cette étude

Bien que l’étude n’en parle pas, l’augmentation de l’activité respiratoire permettrait certainement d’avoir une meilleure gestion du corps, des distances et de l’environnement. Ceci est vérifiable empiriquement quand on respire correctement.

La mise en place permanente d’une respiration de travail, que l’on détaillera, améliore la mémorisation. En effet, lors de cette respiration, on expire beaucoup, on inspire peu. Cette respiration étant utilisée fréquemment dans notre méthodologie dans le processus d’apprentissage pour concentrer la personne. Elle pourrait donc favoriser aussi la mémoire.

La respiration explosive est une autre technique respiratoire où on expire plus que l’on inspire. Grâce à son flux et d’amplitude, elle pourrait trouver son efficacité dans le fait de ne pas suractiver l’amygdale. On obtiendrait donc un meilleur contrôle de la peur. Idem d’ailleurs en pranayama ou autres, quand les expirations sont longues, l’amygdale se retrouverait au repos. Cela aurait des effets sur l’anxiété par exemple.

 

Inspirer et expirer par le nez sur de longues amplitudes augmenterait aussi les performances.

 

Conclusion

 

Voilà les informations que je retiens de cet article. Pour certains, elles pourraient sembler évidentes puisqu’ils l’ont expérimentés empiriquement. Néanmoins,il est difficile de tirer une généralité d’une expérience empirique.

Nos pratiques respiratoires ont d’incroyables conséquences. Leur exploration méthodologique est nécessaire pour pouvoir réellement les comprendre et c’est ce que je m’efforce à faire dans le cadre de la méthode REBOOT et de mes cours en ligne. Nous devenons par cette exploration des spironautes 😉

Si vous avez d’autres conclusions ou points de désaccords dans cet article, n’hésitez pas à laisser un commentaire!

 

A bientôt

 

Yvan

 

PS: Le blog c’est fini! Désormais, j’écris exclusivement sur ma newsletter où je donne des exercices toutes les semaines pour progresser dans la pratique de la respiration consciente! N’hésitez pas à vous y inscrire c’est gratuit!