Depuis quelques temps, je vois passer sur facebook une image amusante. Celle-ci schématise notre rapport à l’information en fonction de la connaissance, de l’expérience et de l’intuition. Cette image à ceci d’intéressant que la manière dont elle est conçue fait la part belle à l’intuition. En effet, selon ce schéma, c’est le chemin le plus direct vers la nouveauté.

Dans le milieu du développement personnel au sens large, les gens sont très « à l’écoute » de leur intuition. Or, selon moi, sans un certain nombre de garde-fou, cette image indique pour moi que l’intuition est surtout le meilleure moyen d’être directement à côté de la plaque…

Dans cet article, je vais expliquer ce point de vue et comment cela influe ma pratique de la respiration. Ceci va également ouvrir vers un aspect plus subtil et profond de la pratique de la respiration.

Comment définir l’intuition?

 

L’intuition est une forme de connaissance immédiate qui ne recourt pas au raisonnement. De part sa nature, nous sommes donc face à quelque chose d’assez peu compréhensible. Pourtant, l’intuition est quelque chose d’assez étudiée par des approches rationnelles (l’expérience de la prémonition porno pour une des plus drôles) et de façon non rationnelle (médiumnité ou autre).

Alors comment expliquer que nous possédions de l’information qui nous tombe du ciel?

A ce stade, je vais amener une petite nuance. Je vais diviser l’intuition en deux. L’un sera l’instinct. L’instinct va concerner la connaissance concernant quelque chose de matériel, qui existe déjà quelque part. Par exemple, une idée géniale qui arrive est le plus souvent la reconstruction par le mental d’information que nous possédons déjà et qui accouche sur un nouveau concept. C’est également l’instinct qui nous permet de savoir dans une pièce que quelque chose ne va pas ou encore chez quelqu’un qu’il est malade ou qu’elle est enceinte.

L’intuition par contre est plus cette impression de tomber du ciel. Vous avez de l’information sur quelque chose qui n’est pas encore matérialisé ou qui ne l’est plus. Typiquement, prémonitions et médiumnité seraient classifiées dans de l’intuition.

 

Le travail de l’instinct

 

De part son ancrage fort dans la réalité (on va considérer pour simplifier que la réalité, c’est ce qu’on perçoit tous de façon globalement consensuelle…), l’instinct peut se travailler. En fait, une grande expérience dans quelque chose peut avec le temps passer pour un instinct incroyable.

Par exemple, un pisteur expérimenté pourra retrouver quelqu’un à des kilomètres dans des bois sans avoir de piste apparente. Un grand cuisinier saura si tel aliment ira bien avec tel autre même s’il ne les a jamais mariés ensemble.

Dans les arts martiaux, certains prévoient parfaitement à quel moment leur adversaire va déclencher son attaque et quelle attaque il déclenche.

Un chercheur dans son domaine sera orienté instinctivement, c’est-à-dire sans raisonnement particulier vers une direction. Ceci étant dû à son expérience qui lui fait presque sentir comment son domaine fonctionne dans les grandes lignes.

L’avantage de l’instinct est qu’il se travaille en engrangeant connaissance théorique ou empirique et expérience. Cette expérience doit être basée sur un  retour objectif sur la décision, l’hypothèse ou le test.

C’est ainsi qu’on développe l’instinct en l’amenant à un niveau qui peut paraître presque paranormal. Néanmoins l’instinct est fortement lié à un vrai travail (comme tout ce qui est un peu sérieux d’ailleurs mais on y reviendra).

 

Le travail de l’intuition

 

Le travail de l’intuition est différent de celui de l’instinct et la sensation que donne l’intuition par rapport à l’instinct aussi. Une réponse donnée par l’instinct se sent, la réponse donnée par l’intuition est déjà là, comme un souvenir. Et c’est là tout le problème.

En effet, comment différencier l’intuition d’une construction du mental? Je connais énormément de gens disant utiliser leur intuition. Je n’en connais pas plus de 4 capables de réellement le faire.

Ainsi, le premier travail pour pouvoir réellement utiliser son intuition est d’avoir un mental extrêmement stable. Ceci implique aussi d’avoir une psyché détendue. Autrement dit, un corps en très bon état et un mental entraîné… Paradoxalement, un mental entraîné est à la fois silencieux et rationnel. Tout l’inverse de l’intuition… Et c’est normal puisque ce silence permet de faire la différence entre une création mentale et une information qui apparaît dans l’esprit.

Sans ce travail, il y a de forte chance que ce que l’on perçoive comme de l’intuition soit un savant mélange d’imagination et de chance avec une mémoire sélective à posteriori. Evidemment, il y a des gens très doués mais ils semblent être rares. En tous cas, je n’en connais pas personnellement et ceux dont j’ai entendu parlé s’entraînent en plus.

 

Le piège du mental

 

S’il y a une chose pour laquelle le mental est très doué, c’est de vous faire croire que quelque chose se passe et qu’il n’y ait pour rien. Je constate souvent que des gens qui s’auto-proclament intuitifs ou sensibles sont submergés par un mental instable. Cela peut paraître méchant à dire mais pourtant, il y a des moyens très fiables pour vérifier cela facilement.

Certaines méditations, très intéressantes permettent de mettre en évidence les stratégies du mental pour se faire oublier ou pour flatter l’ego. Dans les deux cas, cela lui donne de l’importance. Une autre méditation permet aussi de voir ce que le mental est capable de créer quand on le laisse faire et malheureusement, on se rend compte que ce que l’intuition peut facilement se confondre avec ces créations…

En gros, le mécanisme classique est de se croire intuitif, d’avoir le mental qui crée 50 000 intuitions par jour, que l’une se vérifie à un moment donné et que le mental mettent celle là en avant tout en oubliant les 49 999 autres fausses. La conclusion que vous en tirez alors est que vous êtes intuitifs…

 

Intuition et respiration

La respiration et l’intuition sont très liés. Peut-être même plus que respiration et instinct, l’instinct impliquant la psyché et même le mental. En effet, ces deux composants nous permettent d’appréhender le réel et dont l’instinct est une forme de compréhension.

La respiration par contre va permettre d’accéder à l’intuition, en posant à la fois mental et psyché. La respiration dans beaucoup de culture est lié à « l’esprit », quelque chose de plus immatériel.

Concrètement, deux actions évidentes de la respiration sont de calmer le système végétatif et donc la psyché et de travailler sur le mental. D’abord, en donnant une bonne structure, le corps va être sujet à moins d’inconfort et donc de distraction pour le mental. Travailler ensuite à fixer le mental sur la respiration permet de l’entraîner à être stable et de se familiariser avec son bruit.

Ensuite, une fois ce travail effectué, la respiration permet de se mettre dans des états de conscience modifiées où on pourra entendre ce qu’est l’intuition plus facilement. Mais l’aide de la respiration s’arrêtera là, elle nous permettra de nous amener aux portes d’un autre type de travail.

Toutefois, à ce stade, la différence entre conversation mentale et intuition sera d’une évidence limpide.

Enfin, si vous vous engagez dans ce sujet, notez tout et utilisez les statistiques pour voir si il se passe réellement quelque chose. Vérifiez de façon rationnelle (mais cela implique d’être formé en amont et de comprendre ce qu’est être rationnel) tout ce que votre « intuition » vous a donné comme information.  Faîtes des tests en double aveugle…

Seulement là votre travail sera de qualité et vous pourrez être assez confiant que vous n’êtes pas simplement prisonnier de votre mental et de votre ego. Malheureusement, vous verrez que cela demande un gros travail…

 

L’intuition, on en parle beaucoup mais…

 

Arriver à utiliser l’intuition n’est donc pas simple malheureusement. Or, les intuitifs semblent être légions… Peut-être que l’explication se trouve dans notre société moderne où l’intolérance à la frustration et la négation de l’effort et du travail sur le long terme conduisent à chercher de la technique ou formule magique. Il y a d’ailleurs un sérieux problème à envisager les choses ainsi.

Si des cultures millénaires avec une approche empirique des choses et des millions de pratiquants depuis leur existence ce sont accordées sur le fait qu’il y avait un processus long pour avoir des effets importants, c’est qu’il y a une raison. Dans la plupart des pratiques, on dit de ne pas se laisser distraire par des phénomènes anormaux. Phénomènes qui apparaissent très vite. Or, ce sont bien ces phénomènes qui aujourd’hui donnent des méthodes fast-food sans se préoccuper des conséquences long terme.

L’intuition est totalement dans ce piège. L’image dont je parle est totalement ainsi, elle indique que l’intuition est un raccourci qui permet d’éviter à la fois de s’éduquer et de travailler en donnant une réponse immédiate et sans effort (ou pas beaucoup histoire de se donner quand même bonne conscience). Bref de la magie. Et les gens sont contents.

Conclusion

 

La pratique de la respiration mène à l’intuition. A ce niveau là, le travail change et il faut s’appuyer sur des méthodes en plus pour ne pas faire n’importe quoi. Cependant, c’est un long travail où les effets sont d’abord très subtils (mais vérifiables) et deviennent avec le temps plus importants. En ce qui me concerne, ce type d’effets sans pratique sérieuse est une construction de l’imagination pour 99% des gens et ne passerait pas un test de vérification.

C’est pourquoi dans ma pratique et sur ce blog, je ne parle généralement que des choses bien documentée, prouvées, pour pouvoir faire la différence du normal et de l’extraordinaire. D’abord construire un corps et un mental capable d’engranger de la connaissance qui permettra de faire une vraie expérience, qui développera l’instinct et nous permettra ensuite de faire la différence nette avec l’intuition. Voilà le plan

A bientôt

Yvan