Respiration superficielle. Bizarre comme titre non? Depuis à peu près le tout début de ce blog, j’insiste sur la mise en place de la respiration naturelle ou complète. Cette respiration est principalement basée sur la bonne utilisation du diaphragme. Pourtant aujourd’hui on va parler de la respiration superficielle. Qu’est-ce que cette respiration? C’est une respiration qui va se faire majoritairement avec les muscles inspiratoires accessoires et qui va donner la sensation de respirer que par la partie haute du thorax et par la gorge. Pourquoi respirer comme cela? Comment? C’est l’objet de cet article.
L’impact de la respiration sur la psyché
La respiration a un impact évident sur la psyché. Bien que ce ne soit pas très documenté, tous les pratiquants de breathwork vous le diront. Quel est le mécanisme? Je ne sais pas trop. Sur le long terme, mon hypothèse serait qu’à l’image de la posture qui impacte notre comportement, la respiration va également contraindre le corps. En effet, en fonction de la partie du corps avec laquelle on respire, on va légèrement changer notre posture comme on le verra dans un futur article écrit par un médecin posturologue. La conséquence est que corriger la respiration peut améliorer certains trait de caractère. L’anxiété par exemple peut être largement calmée lorsqu’on réussit à retrouver une respiration naturelle.
D’ailleurs, si on parle de la respiration naturelle, que va-t-elle nous amener? Globalement, un ancrage, une stabilité à la fois dans le sol, dans la posture et dans le moment. L’intérêt est donc important d’adopter une telle respiration au quotidien. Toutefois, ces propriétés peuvent parfois être intéressante à lâcher un peu. Surtout pas de façon constante, au risque de devenir un peu éthéré dans le comportement, mais plutôt pour des exercices particuliers.
De quels types d’exercices je parle? D’exercices où l’on va s’intéresser à l’émotionnel, à la sensation et où le mental stable que nous donne la respiration naturelle va nous gêner plus qu’autre chose.
CAC et CIE, éteindre la conscience analytique en modifiant la respiration
Ma conception de la science est avant tout d’avoir un esprit ouvert. Chercher à expliquer le maximum, tester ce qu’on ne connait pas. Si on a des résultats, on essaie de les expliquer. Si on y arrive pas mais que les résultats sont bénéfiques, continuer à exploiter le phénomène ou le modèle en attendant que la connaissance se fasse.
Parmi les modèles qui me semblent intéressant à utiliser: le concept de conscience analytique cérébrale (CAC) et conscience intuitive extraneuronale (CIE) proposé par le Dr. Jean-Jacques Charbonnier. La première conscience est celle que nous avons dans la vie de tous les jours. La seconde est celle que nous atteignons dans des états de conscience modifiés tels que le rêve, l’hypnose ou les expériences de mort imminente. Peu importe que ce soit vrai ou pas, pour l’instant ce qui m’intéresse là dedans est que les deux consciences cohabitent difficilement comme le montre par exemple la difficulté à se souvenir d’un rêve au réveil ou d’avoir été hypnotisé.
Dans le cas de la respiration superficielle, nous allons donc chercher à éteindre la CAC pour accéder à des états de conscience particulier. Or, cette CAC est hyper-présente lorsqu’on est stable puisqu’on peut tout analyser sans être perturbé par des variations émotionnelles anarchiques. C’est tout l’intérêt de la respiration naturelle. Par conséquent, il va falloir physiquement modifié notre manière de respirer, ce qui permettra de changer notre état de conscience.
Accéder à la conscience intuitive et travailler sur les émotions enregistrées dans le corps par la respiration superficielle
En terme de motifs respiratoires, les respirations chamaniques ou encore le Rebirth ou la respiration holotropique sont des bons exemples de ce qu’il se passe lorsqu’on éteint la CAC. Pour bien l’expérimenter, je travaille depuis un moment sur l’utilisation d’une respiration superficielle et rapide. L’effet? Au bout d’un moment, être dans un état entre le rêve et l’éveil, en étant toujours présent mais sans réfléchir à ce qu’il se passe.
Les résultats sont assez étonnant puisque le corps peut se mettre à faire des soubresauts, on peut avoir envie de rire sans raison particulière, les membres se mettent à trembler. Un peu à l’image des traumas release exercices dont il faudra un jour parler ici. Plus étonnant, le corps rythme lui-même la respiration. nous ne devenons alors à ce moment là qu’un observateur. D’ailleurs, en parlant d’informations, des souvenirs très nets peuvent remonter à ce moment-là.
On pourrait penser que l’hypoxie est la responsable principale de ces phénomènes. Pourtant, pas vraiment. Les symptômes liés à l’hypoxie comme les fourmis dans le corps, le mal de tête, les flashs lumineux ne sont pas là ou alors très peu. il suffit d’ailleurs de faire quelques rounds de respiration Wim Hof pour faire la différence.
Le résultat? Une immense détente à la fin de la respiration superficielle, une récupération de mobilité dans des zones où on pensait que ça n’existait pas et surtout une disparition totale du moindre stress ou de la moindre contrariété… Il y a d’autres types d’effets qui intéresseront les pratiquants d’arts internes mais que je ne développerai pas ici.
Comment mettre en place la respiration superficielle en pratique?
Allongez vous dans un endroit confortable et chaud. Assurez-vous que vous êtes bien couvert, c’est important. Fermez les yeux et commencez à mettre en place une respiration naturelle mais jusqu’au bout du mouvement. C’est à dire jusqu’à avoir les épaules qui bougent. Respirer ainsi lentement.
Posez ensuite vos mains sur le ventre et cherchez à inspirer sans que vos mains ne montent. Mécaniquement, vous allez inspirez par le haut de la cage thoracique pour limiter la contraction du diaphragme. Inspirez par le nez, expirez par la bouche. Pour l’instant, sur un rythme lent. En gardant ce rythme, cherchez à n’avoir aucune pause entre l’inspiration et l’expiration. Essayez en plus d’avoir un mouvement corporel cyclique pendant que vous respirez ainsi qui semble devenir au fur et à mesure automatique.
Petit à petit, commencez à accélérer la respiration. A ce stade, une musique de fond avec un tambour et un rythme rapide à atteindre est très utile.
Par contre, indication importante, Expirer de façon sèche et inspirer sur le relâchement de l’expiration. Ainsi, vous devriez inspirer moins que ce que vous expirez. Ceci est important puisque cela permettra de limiter l’hypoxie liée à une ventilation trop importante. Continuez ainsi et augmenter la vitesse. Quand vous sentez que vous perdez le rythme, ralentissez, reprenez quelques respiration normales et réaccélérez.
Continuez à respirer ainsi jusqu’à ce que votre corps finisse par respirer seul, comme emporter par l’élan de la mécanique respiratoire. une fois ce stade atteint, votre rôle sera alors de laisser faire, d’observer ce qui se passe, sans jamais chercher à saisir quoi que ce soit. Vous sentez votre corps trembler légèrement? ne cherchez pas à sentir précisément au risque d’arrêter le phénomène. Vous avez envie de rire? Ne vous posez pas la question pourquoi, riez. Votre corps sursaute? Ne vous crispez pas laissez le faire. Continuez ainsi et observez ce qu’il se passe. Si jamais vous vous sentez submergés par les sensations, contentez vous de ralentir votre respiration, tout redeviendra normal instantanément.
La session doit durer au moins 45 minutes. Vous pouvez aller jusqu’à une heure ou plus. Lorsque vous vous arrêtez, prenez bien le temps de récupérer une respiration naturelle complète avant de reprendre vos activités. Faîtes bien cet effort.
Conclusion
Nous avons vu jusqu’ici des respirations pour calmer le système nerveux, pour améliorer les performances physiques ou notre posture. Ici, nous ouvrons un tout nouveau chapitre de l’exploration de la respiration: le contact avec l’émotionnel et le corps. La respiration superficielle en se focalisant sur la zone du coeur empêche le mental de pouvoir trop se concentrer. A l’inverse, elle favorise l’apparition d’émotions et de l’expression du corps et des tensions qu’il a enregistrées. Attention à ne pas aller trop vite avec ce type de travail. Vous risqueriez de passer à côté ou de vous faire peur. Au départ, même s’il ne se passe pas grand chose, ou s’il se passe trop, prenez le temps de ralentir avant de repartir.
Ce type de respiration a un effet incroyable sur la psyché. On les retrouve donc sans surprise dans de nombreuses pratiques spirituelles ou martiales où j’ai pu les découvrir. Les expérimenter permet d’aller chercher là où en général on ne va pas. Or, si on y va pas, le corps se crispe et arrête de bouger. Ce qui à terme pose toujours des problèmes. La respiration superficielle permet donc de remettre de la conscience corporelle partout libérant ainsi les tensions que nous avons accumulé au cours du temps.
Bref, un outil à utiliser régulièrement et qui peut amener à des expériences pour le moins surprenante. Testez par vous même, en faire l’expérience rend évident l’intérêt de pratiquer la respiration superficielle.
Laissez vos expériences en commentaire!
A bientôt
Yvan
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