Sur ce blog, on a souvent parlé du lien entre corps et psyché. Dans cet article, nous allons nous intéresser à un phénomène liant les deux de façon évidente, le lâcher-prise. Pour la plupart des gens le lâcher-prise est une question de mental. Ils essaient de lâcher prise par la force de leur volonté… Ironique… En fait, le lâcher-prise doit être à la fois corporel et mental. Si un des deux n’est pas dans la boucle, le lâcher-prise sera forcé et donc uniquement de façade. Ici, je vais vous proposer un exercice pour apprendre se lâcher-prise en utilisant la respiration bien sûr mais aussi le corps. L’avantage de cet exercice? Il ne laisse aucun doute sur le fait que vous ayez vraiment lâché 🙂

 

 

Le lâcher-prise 

Qu’entend-t-on par lâcher-prise? Il y a deux modèles de pensée qui coexistent. Dans le premier, la vie est chaotique et pour vivre correctement, il faut établir de l’ordre. Dans le second, une puissance supérieur organise le chaos et a un plan pour nous, tout ce qu’il y a à faire est de suivre le plan. Peu importe la véracité ou non de ces deux affirmations, le résultat est qu’elles vont définir des façons différentes de se comporter. La première va pousser à chercher toujours plus de contrôle, la vie étant génératrice de chaos par essence. Par conséquent, une stratégie basée sur le contrôle va pousser à structurer de plus en plus jusqu’à s’épuiser en le faisant. Dans ce cas, il n’y a pas de lâcher-prise, cette notion étant synonyme de chaos.

Dans l’autre façon de faire, tout ce qui se passe est de la faute de quelque chose d’extérieur. Par conséquent, il y a un grosse tendance à la déresponsabilisation et à l’absence de contrôle ou de structure. Ce type de comportement par contre ne posera en général pas de problème avec le lâcher-prise (enfin, si c’est une vraie croyance et pas juste de la paresse).

Ce qui est intéressant, c’est que c’est deux tendances vont impacter le corps.

Les tensions corporelles liées au contrôle

De façon totalement empirique, voici ce qui est observé. Les personnes ayant une tendance à vouloir tout contrôler ont des grosses tensions qui verrouillent leurs hanches ainsi que les muscles des cuisses. Pourquoi? Parce qu’il y a un refus total de la chute. La chute étant un symbole archétypal par bien des aspects. En plus de cela, il y aura énormément de tensions dans les épaules et dans le cou pour paraître droit. Paradoxalement, ce type de tensions ne renforce pas, ou en tous cas, pas à long terme. Elles demandent beaucoup d’énergie et empêche le corps de bouger et donc de s’adapter. 

Lorsque ces gens là vont s’approcher dangereusement du burn-out, on va leur suggérer de lâcher prise avec de l’hypnose ou tout autre technique qui s’intéresse au mental. En général, le bénéfice va être de courte durée parce que la mémoire du muscle va remettre la personne dans son besoin de contrôle.

 

Comment travailler alors?

Un test simple pour évaluer votre niveau de tension

Asseyez-vous au bord de votre lit, les yeux fermés. Laissez vous tomber en arrière. Comme vous suivez ce blog,il est évident que vous n’avez pas fait de micro-apnée en tombant… Mais est-ce que vous avez senti vos abdos se contracter pour ralentir la descente? Si oui, il y a un soucis de lâcher-prise. Si vous ne savez pas, demandez à quelqu’un de poser la main sur votre ventre pendant que vous tombez et de surveiller la contraction pour confirmer.  Ensuite, est-ce que vous tombez en un bloc? 

Ce simple test permettra de savoir comment votre corps réagit au lâcher-prise. En effet, mentalement, il n’y a pas vraiment de contrainte. Même, il est agréable de se laisser tomber dans le lit. Par contre, pour ces muscles, une chute est une chute et il faut pouvoir la contrôler s’ils ont été éduqués à ça …

La faux lâcher-prise

Attention, il ne faut pas confondre lâcher-prise et abandon. L’abandon mène à la mollesse et l’inaction (le défaut de rejeter la faute sur l’autre). Dans le test précédent, si votre tête vient inconsciemment heurter le matelas, vous êtes sûrement dans la mollesse et/ou l’abandon.

Le lâcher-prise doit mener à la présence et à la capacité d’adaptation. Ceci aussi se verra dans le corps. Si au moment de tomber un objet est sous votre dos et que vous êtes incapable de vous adapter à lui, vous êtes dans l’abandon. D’ailleurs paradoxalement, cet abandon va mener à une crispation réflexe très révélatrice de la superficialité de la démarche… Même dans l’acceptation de la chute, votre corps doit rester disponible mais sans tension!

L’abandon mène à l’échec, le contrôle à l’épuisement. L’un n’est pas plus enviable que l’autre. Le lâcher-prise sert à trouver l’équilibre ou à le restaurer.

Travailler le lâcher-prise

Voici l’exercice à faire pour travailler sur son lâcher-prise. Asseyez-vous au sol, les jambes allongées. Vous pouvez utiliser un tapis de sol même si ce n’est pas forcément utile. Inspirez et expirez en respiration complète mais avec une légère variation, déséquilibrez votre temps d’expiration pour qu’il soit plus long que l’inspiration et ralentissez le temps de pause avant la reprise inspiratoire. En faisant cela, sentez votre chaîne respiratoire vous structurer.

Quand c’est fait, au début de l’expiration, laissez vous tomber sur un côté et roulez sur ce côté pour finir sur le dos. Pour rouler, étirez votre bras et faîtes lui faire une rotation pour rediriger votre corps. Faîtes cela un moment et essayez de sentir les crispations qui apparaissent dans le corps. Quand vous sentez une zone crispée, revenez en position assise et étirez là par votre respiration complète. Vous pouvez aussi utiliser une respiration explosive pour rebooter votre système si vous ne parvenez pas à l’éliminer.

Lorsque vous êtes à l’aise avec cet exercice, laissez vous tombez et utilisez l’élan de la chute pour remonter sur l’autre côté mais toujours sans crisper les abdos. Lorsque vous y arriverez, vous aurez alors la sensation du lâcher-prise qui permet de s’adapter à la situation au lieu de la subir.

Le lâcher-prise est à la fois un problème physique et mental. Par cet exercice, on stimule le parasympathique pour calmer le système mais on fait bouger le corps pour lui faire accepter de relâcher les tensions qui enregistre le besoin de contrôle. Cet exercice est le premier d’une série permettant de vivre le lâcher-prise et pas seulement de l’imaginer. 

Quand ce travail sera effectué, vous verrez que vous entreprendrez beaucoup plus et vous vous y tiendrez jusqu’à ce que ça marche ou non. Si ça ne marche pas, cela ne vous affectera pas et vous rebondirez. Ce sera le signe que le lâcher-prise est intégré dans votre vie.

Conclusion

Pour travailler le lâcher-prise, la respiration sera essentielle. La moindre micro-apnée par exemple éliminera les bienfaits du travail en stressant le système. La respiration permettra donc d’initier et de supporter la démarche. 

En abordant cette notion de lâcher-prise, on aborde également une notion importante, celle de l’équilibre. La respiration permet de transformer le corps pour trouver un équilibre, un centre qui structure à la fois le corps mais aussi la manière d’être.

Le but de la respiration et sa capacité de contrôle du corps est l’adaptabilité. Trop souvent, le lâcher-prise est de considérer l’échec comme un abandon au lieu de le considérer comme un obstacle auquel il faut s’adapter. Cela ne veut pas dire que l’on refuse l’échec, qui se traduit par une tentative de contrôle inutile qui ne conduira qu’à l’épuisement des ressources. Non, cela veut dire qu’on en prend note, que l’on accepte le fait que l’on y peut rien en l’état et que l’on va profiter de cette dynamique (même négative) pour relancer quelque chose et retomber sur nos pieds.

 

Testez cet exercice et s’il vous a plu, partagez cet article! Laissez vos sensations en commentaires et vos questions, comme d’habitude, je me ferai un plaisir d’y répondre! Et vous, quelles sont vos approches du lâcher-prise?

 

A bientôt

 

Yvan