Quand on s’intéresse à la respiration, on tombe sur tout un tas de techniques ou de traditions respiratoires. Bien souvent, on en prend une, on la travaille, considérant que c’est une panacée. Je ne crois pas à une panacée en général. Nous sommes bien trop compliqué pour pouvoir tout résoudre avec une solution unique! C’est ainsi que la respiration agira sur trois grands axes, que j’appelle pilier de la respiration. Nous les décrirons dans cet article.

 

La respiration agit à différents niveaux. Chacun de ces niveaux est d’une nature très différente. Ces différences font donc qu’une technique respiratoire spécifique ne peut pas être une panacée. Dans cet article, nous allons voir les trois piliers sur lesquels la respiration aura une action. Chacun de ces piliers demandera une approche respiratoire différente et parfois même les approches se contrediront les unes avec les autres. Ceci est normal puisqu’on va chercher des effets différents.
Il faut garder en tête ceci lorsque l’on s’intéresse au corps humain. Notre corps est fait pour être adaptable. Par conséquent, il est nécessaire d’avoir des systèmes de régulation contradictoires comme le serait le frein ou l’accélérateur d’une voiture.

C’est cette approche que nous utiliserons dans l’art de la respiration pour utiliser la respiration au maximum de son potentiel. ON parle d’un réel bio-hacking de notre physiologie.

La structure premier pilier de la respiration

La structure, à ne pas confondre avec la posture, est ce qui nous permet de nous tenir droit avec un minimum d’effort. Des faiblesses dans la structure conduisent inévitablement des douleurs musculaires, une accumulation de tension, des troubles viscéraux et une perte de mobilité des fascias. C’est le premier pilier de la respiration sur lequel on peut agir.

La plupart du temps, ces troubles peuvent être corrigés, ou en tout cas on cherche à les corriger, avec des méthodes de rééducation tel que la kinésithérapie. Malheureusement souvent ces troubles reviennent. Pourquoi? Parce que l’apparition de ces troubles est due à la prise d’une mauvaise habitude qui est souvent quotidienne. Or, la rééducation est souvent beaucoup trop courte pour corriger une mauvaise habitude.

 

Or, quelle est l’habitude que l’on effectue le plus fréquemment? Respirer.

 

Changer la manière de respirer signifie changer un mouvement effectué environ 10 fois par minute, 600 fois par heure 14400 fois par jour. Par conséquent si la respiration corrige la structure, cette correction sera ancrée constamment. C’est ainsi qu’avec un protocole respiratoire j’ai complètement fais disparaître des douleurs lombaires persistantes. Je travaille aussi actuellement à améliorer la vie de lombalgiques chroniques grâce à ce même protocole.
Comment la respiration peut-elle corriger la structure? La chaîne respiratoire lorsqu’elle est travaillée dans son intégralité agit sur sur l’ensemble des muscles antigravitaires à l’exception des jambes. Le diaphragme lorsqu’il est parfaitement utilisé permet également d’harmonieusement connecter les différentes structures anatomiques nous permettant de tenir droit.

Les techniques à utiliser pour améliorer la structure tournent autour d’une éducation à la bonne utilisation de la respiration profonde. Mais attention on ne parle pas de l’aspect oxygénation de la respiration complète mais uniquement du mouvement musculaire impliqué dans cette respiration.

La mise en place correcte de cette respiration permettra donc à terme de corriger la structure corporelle. Mieux encore, il ne faudra en général pas plus de 3 mois pour restaurer la bonne habitude dans la manière de respirer.
Un autre point sur lequel cette manière de respirer va agir et la posture. La posture et l’ensemble régulation que le corps en place  pour garder son équilibre. Pour cela, le corps possède des récepteurs posturaux de se situer dans l’espace. La respiration permet de donner une information correcte à ces récepteurs et donc de participer à améliorer la posture.

2e pilier de la respiration: la physiologie respiratoire

La physiologie respiratoire comprend principalement les échanges gazeux entre l’hémoglobine (ou la myoglobine) et les tissus. Nous avons déjà discuté de cela dans l’article sur l’effet Bohr. Pour rappel, l’efficacité de l’oxygénation des tissus dépend d’un gradient entre le CO2 et l’oxygène. Gérer ce gradient influe évidemment sur nos capacités physiques mais pas seulement. En effet la quantité de CO2 que nous avons dans le sang joue à la fois sur la dilatation de notre système circulatoire mais également sur notre pH sanguin. Ceci a des implications sur de nombreuses autres processus physiologiques comme par exemple le système immunitaire. C’est le deuxième pilier de la respiration.

Pour travailler sur cet aspect,  on s’intéressera à la fois à diminuer notre apport en oxygène et augmenter notre tolérance au CO2 . Ceci même lors des efforts physiques. Les effets obtenus par ce travail peuvent se voir très vite sur la performance  sportive et à plus long terme sur la santé.
La base de ce travail et de totalement supprimer la respiration buccale y comprit la nuit. On essaiera également de travailler une respiration nasale pendant l’effort physique. Lors de ce type de travail il y a d’abord un fort inconfort puisqu’on a toujours l’impression de manquer d’air. Pourtant on se rend vite compte que malgré l’inconfort, musculairement tout semble beaucoup plus facile.

Pour tester votre tolérance actuelle au CO2, arrêtez simplement de respirer à la fin de votre prochain expiration et chronométrez combien de temps vous tenez avant de sentir l’envie de respirer. Reprenez votre respiration sur une inspiration comme si vous n’aviez pas fait d’apnée. Si vous avez besoin de prendre une plus grande inspiration c’est que vous avez tenu trop longtemps. Pour la plupart des gens le score sera entre 15 secondes et 30. Les effets intéressant commence à apparaître lorsque l’on s’approche des 45 secondes ou de la minute. Essayez et laissez votre score en commentaire.

Le système nerveux végétatif le 3e pilier de la respiration

Nous avons également déjà parlé du système nerveux végétatif. Notre capacité à l’accélérer ou à le calmer nous permet de nous adapter à tout type de situations. Dans notre société où le stress et les sollicitations sont omniprésentes le système nerveux végétatif a malheureusement la tendance à être constamment excité. Pour la plupart des gens le challenge sera donc de le calmer. Toutefois dans certaines situations comme par exemple dans le sport exciter le système nerveux végétatif peut également être une nécessité. Dans ce cas la respiration sera le régulateur conscient de la réponse à ses besoins.

Globalement, pour travailler sur le système nerveux végétatif on va jouer sur le rythme et le débit respiratoire. À cela on rajoute le fait que notre mental est occupé à gérer notre respiration et donc pas à se projeter ailleurs que dans l’instant présent. D’ailleurs je me demande parfois si le principal apport de la mindfulness par exemple n’est pas simplement de respirer consciemment et calmement.

Si on veut calmer le système on va plutôt choisir des rythmes lents. La cohérence cardiaque par exemple ralentit le système et stabilise le système nerveux végétatif. À l’inverse, les hyperventilations telles que la méthode Wim Hof, le Rebirthing, ou la respiration holotropique vont avoir tendance à surcharger et  énerver le système végétatif et à déclencher des réponses de défense tels que la sécrétion d’adrénaline. Tout dépend de ce qu’on cherche à faire.
Tout de même, il faut garder en tête que ce sont des respirations à faire de façon ponctuelle et peu adaptée à la vie quotidienne. Exception peut-être de la cohérence cardiaque qui utilise un rythme que l’on atteint assez facilement lorsque l’on commence à avoir une respiration bien en place.

C’est également par ce type de travail que l’on va pouvoir agir dans le domaine du psycho-corporelle. En effet,c’est en jouant sur le système végétatif que l’on va pouvoir faire sortir des émotions qui se seraient stockées dans les muscles suite à un stress. C’est un peu le principe du Rebirthing. Sans aller dans des pratiques aussi extrêmes, la respiration permet  de détendre les couches profondes de nos muscles et de libérer des émotions qui s’y seraient enfouies.

Conclusion

Il n’y a pas une respiration permettant de travailler tous les aspects du corps et encore moins de la conscience. Il faut d’abord fixer des objectifs de travail que l’on atteint petit à petit grâce à diverses techniques respiratoires. Ensuite passer aux objectifs suivants. Un aspect supplémentaire que je n’ai pas du tout abordé dans cet article concerne l’accès à la conscience. La respiration permet en effet d’accéder à la conscience en muselant le mental. Elle permet également d’avoir des effets très fin sur le corps en permettant à la conscience d’accéder à des zones peu sollicitées. Ceci fera l’objet d’un prochain article. De même l’aspect psycho-corporel du travail respiratoire.

Quelle est pour vous la priorité de travail?

Laisser la en commentaire et je vous donnerai l’approche technique la plus adaptée!

A bientôt

Yvan