La crise d’asthme est une expérience allant du désagréable au terrifiant puisqu’on a la sensation d’étouffer et de ne pas pouvoir respirer. Lors d’une conversation avec une médecin généraliste, ancienne asthmatique mais qui aujourd’hui ne l’est quasiment plus après avoir travaillé sa respiration, nous avons discuté de comment respirer pendant une crise. Les asthmatiques connaissent probablement pour la plupart cette manière de faire mais au fil de la discussion, il y avait des points qui ne paraissaient pas si évidents et je me suis donc dit qu’il serait intéressant d’écrire un article à ce sujet. Nous allons donc voir ici pourquoi adopter une stratégie sur le long terme permettra de mieux gérer la crise et en avoir de moins en moins.

 

L’asthme, une maladie multifactorielle mais des symptômes identiques

Nous avons déjà parlé de l’asthme. Les raisons de sa survenue peuvent être nombreuses. Néanmoins, il y a une constante, durant les crises, les bronches viennent se comprimer limitant la possibilité d’entrée mais surtout de sortie d’air. Ceci donne la sensation d’étouffer et dans les cas extrêmes conduire à malaise ou pire par suffocation. La gravité de la situation dépendra de l’intensité de la crise mais aussi de l’état inflammatoire de base des bronches qui de base provoqueront déjà une résistance anormale à l’entrée d’air.

Il est intéressant de se poser la question de savoir pourquoi le corps réagit en empêchant l’arrivée d’air. Clairement, si la fermeture des bronches a été conservée par l’évolution c’est qu’il y a un intérêt. Je vais distinguer deux catégories de réaction. La première, la plus évidente, est liée à l’arrivée d’un allergène. Un allergène provoque une réaction inflammatoire à son contact. Déclencher une crise d’asthme au contact de l’allergène provoque une inflammation et fermer les bronches pour éviter qu’une trop grande quantité pénètre trop profondément dans les poumons peut ainsi paradoxalement protéger l’organisme.

Deuxième cas de crise d’asthme, l’hyperventilation. L’hyperventilation provoque une élimination trop importante du CO2 et donc une hypoxie. A l’effort, certaines crises d’asthmes pourraient donc servir à ralentir le débit respiratoire et permettre ainsi à l’organisme de réaccumuler du CO2. Typiquement, l’asthme du sportif.

Problème, la panique lors d’un début de crise d’asthme peut aussi conduire à une hyperventilation qui va aggraver la crise… Comment alors gérer ces problématiques?

Le problème de la crise d’asthme aïgue

La première chose à faire quand la crise d’asthme commence à monter est de prendre le traitement médical conventionnel, typiquement la ventoline qui est un bronchodilatateur par action sur les beta-récepteurs 2. Ce traitement joue sur la contraction des muscles lisses responsables du rétrécissement du diamètre des bronches. Cela permet de maintenir les bronches ouvertes et de limiter la crise.

La première ligne de défense est donc là et il faut commencer par cela. Ce n’est en effet pas dans l’urgence qu’on teste des trucs. Néanmoins, une fois cela fait, on va utiliser des outils pour mieux gérer la crise. Comme vu au dessus, le problème principal lorsqu’on a une crise d’asthme est qu’on cherche de l’air. On va donc avoir une tendance à hyperventiler, sans pour autant réussir à combler le besoin mais toutefois en éliminant de plus en plus de CO2.

Or, si il y a moins de CO2, le corps va chercher à en accumuler et donc va chercher à encore plus limiter la ventilation. Par conséquent, on rentre immédiatement dans un cercle vicieux qu’il va falloir couper. Pour cela, on va donc chercher à accumuler du CO2 en faisant quelque chose de très contre-intuitif: accepter de respirer encore moins

La respiration à mettre en place dès le début de la crise d’asthme

Naturellement, les asthmatiques respirent de la façon suivante pendant la crise. Ils pincent les lèvres pour que cela maintienne une pression expiratoire positive sur les bronches les empêchant de se collaber. La respiration par le nez se fait lentement.

Nous allons donc voir un motif respiratoire qui va légèrement optimiser la situation à ce besoin qui est d’accumuler du CO2. Dès que vous sentez la crise monter, cessez de respirer par la bouche malgré le côté désagréable.

  • Inspirez lentement sur trois temps.
  • Retenez votre respiration sur  3 temps
  • Puis, expirez sur 6 temps lèvres pincées
  • Et retenez votre respiration sur deux temps en maintenant le nez pincé et en expirant pour maintenir la pression

Respirez comme ça au moins 3 minutes. Rapidement, les effets devraient s’estomper.

Bien sûr, ce motif pose un problème, il peut vous angoisser encore plus! Cadeau empoisonné alors? Non pas vraiment. Si vous le prenez en début de crise, vous pouvez désamorcer sans que cela ne soit inquiétant. Plus tard, ou pour une crise violente, là il va falloir faire un travail de fond. Ce travail va consister à vous rendre plus tolérant à la sensation de manque d’air.

Augmenter sa tolérance à la privation d’air 

Ici on parle d’un véritable entraînement sur la durée. Néanmoins, ne vous faîtes pas de soucis, cela ne vous prendra que 10 minutes par jour. Pas plus. L’objectif sera donc de travailler sur vos rétentions et sur vos prises d’air.

L’exercice à faire pendant ces 10 minutes est le suivant:

  • Expirez votre air et tenez le plus longtemps possible
  • Reprenez votre respiration sur 2 fois votre temps d’apnée
  • Puis respirez normalement sur 1 temps d’apnée
  • Recommencez.

Normalement vous devez pouvoir faire au moins trois cycles. Si cela devient trop facile et que vous ne faîtes pas au moins trois cycles, remplacez la première phase par une apnée accompagnée de pompes ou de squat. Au bout de quelques semaines, vous serez bien plus tolérants au manque d’air et  vous pourrez sans problème exécuter le premier exercice en cas de crise.

Attention à ne pas devenir trop tolérant!

 

Suite à la relecture de cet article par le médecin en question et sous sa suggestion, je dois rajouter le point suivant. Ce travail est très important pour pouvoir faire face à la crise. Le corollaire à cela est qu’il y a un risque que vous deveniez tellement tolérant que la crise ne vous inquiète pas.

Attention, si vous devez faire ce type de respiration, c’est qu’il y a une crise et donc un problème. Si vous devez continuer à respirer ainsi pendant plusieurs minutes et après avoir pris de la ventoline, c’est que la crise est importante. Votre place est alors aux urgences! Votre capacité à mieux tolérer ce manque d’air ne doit pas vous faire oublier le problème. Elle doit simplement vous permettre de mieux le gérer. Restez donc bien conscients qu’une crise peut être dangereuse et donc si ça ne passe pas, à savoir que votre respiration ne devient pas normale, il faut prendre de vraies mesures.

Ceci n’est pas pour induire de la peur, mais réellement pour que vous fassiez la différence entre tolérance et gravité.

Conclusion

L’asthme est un problème de plus en plus commun et une expérience difficile à vivre. Sa bonne gestion pourrait grandement dépendre de la capacité à empêcher toute forme d’hyperventilation. Pour faire cela, il y a une technique à mettre en place en cas de crise qui consiste à globalement moins respirer. Toutefois, bien appliquer cette technique demande un certain sang froid ou du moins, une habitude de la sensation de privation d’air. Cette sensation est d’ailleurs lié essentiellement à notre tolérance au CO2.

Pour travailler cela, il faut du temps et une pratique de long terme. Néanmoins, cela vaut le coup puisque cela vous permettra de neutraliser à la base une crise. Enfin, avec le temps, il est possible que le crise deviennent de plus en plus rares en fonction du type d’asthme. En effet, si réduire le volume d’air diminue la crise d’asthme, est-ce que le fait d’avoir une tendance naturelle à l’hyperventilation ne les provoquerait pas?

J’espère que ces deux astuces vous auront été utiles et je vous dis à bientôt!

Yvan