La respiration est un phénomène que tout le monde expérimente en permanence. Résultat, si vous demandez aux gens comment il faut respirer tout le monde aura un avis sur la question. Pourtant, cet avis sera souvent erroné. Pourquoi? Parce que paradoxalement, malgré la proximité que nous avons avec ce processus, bien peu de gens le comprennent. Pire, parfois, même dans des pratiques où la respiration est spécialement travaillée, on entend de grosses erreurs et on voit des applications de la respiration qui n’ont aucun sens et qui peuvent être dangereuses… Dans cet article, je vais donc lister 7 croyances totalement fausses sur la respiration et son fonctionnement.

Première croyance: une bonne respiration implique une inspiration ventrale

C’est la croyance que l’on retrouve le plus souvent, en particulier dans les disciplines de bien-être. On pense qu’inspirer beaucoup d’air fait du bien. On se retrouve classiquement avec une inspiration longue faîtes avec la partie thoracique ou avec le ventre. L’expiration se fera en général avec la bouche de façon active.

Avant d’expliquer le problème, on va parler un peu chiffres. Classiquement, le volume d’air inspiré par minute chez un individu sain est autour de 6 à 7 litres par minute. Par contre, chez des individus malades (diabète, maladie cardio-vasculaire, cancer, hyperthyroidie, apnée du sommeil, syndrôme anxieux), le volume respiratoire est entre 12 et 16 L/ min.  Or, quand on respire en « respiration abdominale », on se retrouve environ à 12L/min…

Enfin, il semble que la plupart des gens souffrent d’hyperventilation chronique liée à notre mode de vie. Or cette hyperventilation chronique est également à 12L/min…

Le problème n’est donc pas de respirer plus mais au contraire de respirer moins. En fait, cela vient d’une incompréhension… Une respiration profonde doit être faîte en ralentissant le rythme et en diminuant le volume inspiré mais ça c’est une autre histoire…

Croyance 2 : Il faut respirer par le ventre

Là aussi, c’est une croyance qui est tenace. Respirer par le ventre n’est pas une bonne manière de respirer. Pas tant au niveau physiologique mais plus au niveau postural. Respirer par le ventre génère des tensions. En effet, la respiration naturelle doit laisser tomber le diaphragme, cela en détendant au maximum le corps. Respirer par le ventre fait tout l’inverse. Cela tend le bas du dos et les muscles intercostaux entre autres autres.

De plus, ce type de respiration vient déséquilibrer le centre de gravité et donc modifie les appuis en sollicitant trop les jambes.

Bref, ce n’est pas une bonne respiration… Une bonne respiration doit utiliser le diaphragme pour répartir les forces de tensions de façon harmonieuse sur l’ensemble de la structure corporelle.

Néanmoins, une respiration superficielle n’est pas mieux pour la posture puisqu’elle va affaiblir la région lombaire, monter le centre de gravité et le porter sur l’avant…

Croyance 3: Je respire bien et je sais comment respirer

J’ai été très surpris en voyant une compilation d’étude comparant le rythme respiratoire des personnes aujourd’hui et il y a un siècle. La différence est d’un facteur 2. Aujourd’hui, on estime comme normal entre 12 et 16 respirations minute. Il y a 100 ans, c’était plutôt entre 5 et 8 respirations… On notera d’ailleurs que ce rythme est proche de celui de la cohérence cardiaque qui est autour de 6 respirations par minute…

Le volume d’air inspiré est aussi bien plus important aujourd’hui qu’il y a cent ans… Bien que la corrélation ne soit peut-être pas la plus pertinente,inter et intra-espèces, on se rend tout de même compte que plus un animal respire vite, moins il vit longtemps.

Ainsi, une souris qui vit environ 6 ans respire entre 90 et 250 fois par minute. Un chien 18 à 25 fois et vit 16 ans. Le cheval 12 à 18 et vit 30 ans. Le chimpanzé 7 à 12 et vit 50. Nous respirons entre 6 et 18 et vivons 75 ans. L’éléphant respire 4 à 12 et vit 80 ans. La baleine bleu,  3 à 4 et vit 90 ans. La tortue 1 à 2 et vit 120 ans.  La coïncidence est amusante…

Donc en fait, il semble que la plupart de nos contemporains ne savent pas bien respirer et n’en soit pas du tout conscients. En même temps, les effets d’une mauvaise respiration ne sont pas directs mais s’expriment via des problèmes physiologiques divers et variés…

Croyance 4: Je suis conscient des variations de ma respiration

En effet, j’ai l’habitude de respirer donc je sais quand ma respiration change. En fait , rien n’est plus faux. Sur une courte période, comme après une course, nous sommes capables de sentir que notre fréquence respiratoire a bougé. Par contre, la plupart des gens ne se rendent pas compte que la respiration change quand ils deviennent malades, stressés ou fatigués. Or, le rythme respiratoire qui change est un bon indicateur qu’il y a un soucis. En être conscient est donc très important.

Certaines études ont ainsi montré que l’hyperventilation au repos chez les personnes malades concernent 100 % des gens… Ils respirent deux à trois fois plus que la normale et pourtant, ils n’en sont pas conscients… Pourtant, cette simple prise de conscience pourrait amener à consulter un médecin plus tôt et prendre le problème à la source.

Pourquoi ce manque de conscience? La raison est simple, l’air est si léger et les muscles respiratoires sont si puissants que ce type d’effort passe totalement inaperçu d’un point de vue conscient. Par contre, d’un point de vue physiologique, la différence est plus que significative…

Et je ne parle pas ici des micro-apnées…

Il faut donc prendre le temps de s’arrêter et de compter ses respirations régulièrement, du moins le temps de se reconnecter à la respiration.

Croyance 5:  le CO2 est un déchet dont il faut se débarrasser

Comme nous en avons parlé dans cet article, le CO2 est bien plus qu’un déchet métabolique. De sa capacité à rester dans le corps va dépendre notre capacité à bien assimiler l’oxygène. A la fois au niveau du transfert de l’hémoglobine aux tissus par effet Bohr mais aussi par son action de vasodilatateur puissant.

Eliminer le CO2 en excès par des hyperventilations provoque une hypocapnie qui réduit la quantité d’oxygène dans les organes, le sang et le cerveau. Ceci explique pourquoi il est si facile de tomber dans les pommes en forçant des hyperventilations pendant quelques minutes.

Croyance 6: c’est le manque d’oxygène qui nous donne envie de respirer

Souvent, quand on fait un effort ou pendant une apnée, on a la sensation de devoir prendre une grande inspiration. On met alors cela sur le compte du manque d’oxygène. Bien qu’en soi cela puisse ne pas être totalement faux, ce n’est pas le manque d’air que nous sentons mais bien un excès de CO2.

En effet, les récepteurs centraux qui nous renseignent sur notre besoin de respirer ne sont pas des récepteurs à l’oxygène mais au dioxyde de carbone. Quand ils en détectent trop dans le corps, ils déclenchent le réflexe inspiratoire. Vous êtes donc loin d’être à court d’oxygène dans le corps au moment où vous souhaitez reprendre votre respiration.

Résultats, on reventile trop et trop tôt si les récépteurs au CO2 sont trop sensibles. Ceci peut être gênant, en particulier en sport où une trop grande hyperventilation va générer une baisse de l’efficacité de l’assimilation de l’oxygène pourtant nécessaire à la performance. Cela peut aussi poser problèmes entraînant asthme, fatigue…

Essayez donc de mieux supporter ce manque pour désensibiliser un peu ces récepteurs au CO2 et ainsi respirer moins et mieux.

Croyance 7: En m’hyperventilant, je me charge en oxygène et je tiens ma respiration plus longtemps

La saturation en oxygène du sang est en temps normal autour de 98%. Au mieux, en hyperventilant, vous arriverez à 99,999…%. Autant dire que ce n’est pas un changement significatif quand la saturation peut descendre à 50% facilement lors d’apnées… Il suffit d’utiliser un oxymètre pour s’en rendre compte soit même.

Alors pourquoi tient-on plus longtemps en apnée après une hyperventilation? Parce qu’on a éliminé le CO2 et donc que le besoin de respirer vient plus tard comme vu au dessus.

Quelles sont les sensations liées à l’hyperventilation comme les picotements ou les muscles qui se crispent? Ce n’est pas du tout qu’ils se chargent en oxygène, c’est que le manque d’oxygène vient tétaniser le muscle par ralentissement du métabolisme énergétique. Idem pour les picotements qui sont un phénomène nerveux lié au manque d’oxygène!

Et si vous avez des visions à ce moment là, c’est parce que votre cerveau s’asphyxie…

Conclusion

Voilà sept croyances fausses autour de la respiration. Il est important d’en être conscient puisque ces croyances peuvent donner une pratique au mieux totalement sans intérêt, au pire, une pratique qui va influer négativement sur la santé.

A l’inverse, avec les bonnes connaissances en tête, on comprend aisément les différentes stratégies d’utilisation de la respiration pour une bonne santé et une utilisation optimale du corps.

Et vous, connaissez-vous des fausses croyances sur la respiration?

Toutes ces croyances seront traitées au cours de la formation de moniteur de respiration. 

Laissez les en commentaires et pensez à partager cet article s’il vous a plu, cela m’encourage à continuer!

A bientôt

Yvan