Inspirez par le nez, expirez par la bouche. C’est dans 90 % des cas ce que l’on cherche à faire quand on travaille la respiration. Si on s’intéresse spécifiquement à l’inspiration, 99% des techniques utilisent le nez. Il existe également des techniques où l’utilisation de la bouche sera même totalement proscrite. Pourquoi ne pas utiliser la bouche pour respirer et pourquoi vous devriez d’abord chercher à savoir si vous avez cette mauvaise habitude et ensuite la corriger? C’est ce que nous verrons ici. Dans cet article, je vais m’appuyer sur plusieurs publications scientifiques pour expliquer pourquoi la bouche n’est pas faîte pour respirer.
Respirer par la bouche? Une mauvaise idée à priori…
La respiration par la bouche provoque de nombreuses pathologies. Dès l’enfance, la respiration par la bouche provoque un développement anormal du visage. Ainsi, une respiration buccale entraîne un développement anormal des dents, de la mandibule, des os du visage et provoque une posture déséquilibrée. Ces sont au départ les dentistes qui se sont intéressés au problème puisque ça touche les dents.
On note également que les gens qui respirent par la bouche développe des troubles du sommeil associés à un déficit de l’attention et une qualité de vie dégradée. Enfin, les gens qui respirent par la bouche présentent une oxygénation amoindrie du cortex préfrontal par rapport aux gens qui respirent par le nez.
C’est potentiellement embêtant sachant que le cortex préfrontal contient la plupart de nos fonctions cognitives supérieures (mémoire, langage, raisonnement, mémoire de travail…).D’ailleurs, une étude a montré que l’on retrouve chez les enfants en échec scolaire une plus grande prévalence d’élèves respirant par la bouche que chez ceux qui réussissent. Il est probable que la capacité d’apprentissage soit affectée par la respiration buccale.
La respiration par la bouche peut également augmenter l’anxiété et empirer les crises d’angoisse.
Autre type de pathologies: les rhinites (nez bouché). La prévalence des rhinites augmente chez les gens qui respirent par la bouche. Si vous avez lu l’article sur le monoxyde d’azote, vous avez des pistes pour comprendre pourquoi. Cela entraîne d’ailleurs un cercle vicieux puisque plus on a de rhinites, moins on a envie de respirer par le nez…
On détecte également plus de carries à cause de l’acidité causée par l’assèchement de la salive. Enfin, des problèmes de ronflements et d’apnées du sommeil sont également corrélés à la respiration buccale.
Déterminer si vous respirez par la bouche et si c’est un problème!
L’article suivant propose un questionnaire pour savoir si vous êtes concernés par la respiration par la bouche. Je vous le met ici:
- Avez-vous souvent le nez bouché
- Est-ce que votre bouche est ouverte la plupart du temps au repos
- Respirez-vous par la bouche
- Les gencives de vos dents du devant sont souvent inflammées et rouges
- Vos dents du devant se décolorent facilement
- Êtes-vous inquiets d’avoir une mauvaise respiration
- Pensez-vous avoir une mâchoire supérieure trop développée
- Quand vous étiez enfants, étiez vous nourris au sein ou au biberon
- Enfant, étiez-vous sujets aux allergies et aux rhinites?
Chaque question vaut:
- 0 pour non
- 1 pour parfois
- 2 pour oui
Si votre score est autour de trois, vous ne respirez pas par la bouche. Si le score est autour de 6, on suspecte que vous respirez par la bouche. Un score au delà de 9 montre que vous respirez clairement avec la bouche.
Question bonus pour ceux qui sont à 6, si vous respirez consciemment par le nez, est-ce que cela provoque un inconfort?
Si vous êtes autour de 6 et que vous avez répondu oui à la question bonus, vous respirez probablement par la bouche de façon épisodique, c’est bien de le corriger mais on peut vivre avec. Au delà de 10, trouver une stratégie pour revenir à une respiration nasale est important.
Comment corriger le tir?
Aujourd’hui, dans la littérature médicale, le gros des solutions de correction reposent sur un traitement orthodontaire du problème. Les résultats sont plus ou moins là mais ça vaut le coup d’essayer. En effet, certains troubles musculo-squelettiques peuvent complètement disparaître en corrigeant ce type de soucis. Pour cela, je vous suggère d’en parler à un posturo-dentiste.
Par contre, dans certains cas, réapprendre à respirer par le nez peut marcher. Si anatomiquement il n’y a pas de changement majeur type croissance osseuse, il y a alors une grosse piste avec le travail respiratoire. En effet, changer votre manière de respirer et passer par le nez va modifier l’implication des muscles. Cela va développer des muscles qui étaient peu sollicités, en détendre d’autres qui l’étaient trop. La conséquence pourra bien souvent être un rééquilibrage de la posture et une atténuation de douleurs de dos ou de nuque.
Parfois, cela va pouvoir diminuer votre sensibilité aux rhinites et certains ont même vu de gros effets sur leur asthme. A priori, le mécanisme est différent dans ces cas puisque qu’on va favoriser la circulation du monoxyde d’azote pour les rhinites et la concentration en CO2 pour l’asthme.
Certains conseils également d’éviter de dormir sur le dos.
Comment corriger la respiration par la bouche avec des approches respiratoires?
La méthode Buteyko suggère de dormir avec du scotch sur la bouche. Très efficace mais qui peut-être anxiogène, ssurtout pour les asthmatiques. Solution intermédiaire, en journée, au repos, mettez un powerbreathe à intensité maximum dans votre bouche. Il sera tellement difficile de respirer qu’inconsciemment, vous passerez sur le nez. Dernière approche, respirer consciemment par le nez. Longtemps. Pour moi, une très bonne méthode mais qui demande du temps. C’est pour cela que je la combine avec de l’entraînement physique modéré.
Typiquement, sur un vélo d’appartement, pédalez tranquillement une heure en regardant un film mais faîtes le uniquement bouche fermée. Petit à petit, vous redévelopperez l’habitude de respirer par le nez. Pourquoi pas simplement en conscience? C’est possible à faire, notamment avec des alarmes aléatoires pour vérifier votre respiration comme dans le challenge des 7 jours. Mais, dans ce cas, il n’y a pas d’effort à faire ni rien sur quoi rester concentré. A l’inverse, pendant un travail physique, il est plus facile de rester longtemps focalisé sur la manière de respirer.
Les cas où on peut respirer par la bouche: ne pas confondre chronique et pratique consciente.
Attention, il y a des cas où il est normal de respirer par la bouche (encore que ça s’entraîne) et même où il faut respirer par la bouche pour augmenter des effets. C’est pour cela qu’il faut bien distinguer le chronique de la pratique consciente. le chronique est un problème parce que c’est faire tout le temps quelque chose de pas adapter. A l’inverse la pratique consciente permet d’utiliser les spécificités de la respiration par la bouche pour en tirer des effets bien particuliers.
Prenons des exemples simples, le chant, la diction dans une certaine mesure sollicitent beaucoup plus la respiration par la bouche pour des questions de vitesse.
Le sport, quand on commence à être dans un effort intense fait respirer par la bouche classiquement. Encore qu’il est intéressant dans ce cas d’essayer d’être de plus en plus à l’aise avec la respiration nasale pour augmenter la performance comme le propose oxygen advantage.
Enfin, certaines techniques respiratoires qui utilisent l’hyperventilation sont favorisées par l’utilisation de la bouche (Wim Hof, respiration holotropique ou chamanique…).
Bref, il ne faut pas non plus totalement rejeter ce type de respiration et du coup ne pas apprendre à respirer correctement avec la bouche. En particulier, apprendre à correctement solliciter les muscles du cou et de la gorge est un travail très profitable. Cela fera l’objet d’un prochain article.
Conclusion
Être conscient de sa respiration est une clé pour une bonne santé. La respiration par la bouche est liée fortement à ce manque de conscience. C’est un problème puisque cette respiration peut entraîner de nombreux soucis de santé. Le diagnostiquer et le corriger devrait donc être une priorité. Néanmoins, la respiration par la bouche est parfois utile si elle est consciente et mise en place dans un but bien précis.
J’espère que cet article vous a été utile et si vous pensez qu’il peut servir à quelqu’un merci de le partager!
Si vous avez des questions sur les conséquences et les solutions pour arrêter de respirer par la bouche, posez les dans les commentaires, j’y répondrai avec plaisir!
A bientôt
Yvan
Première nuit avec le sparadrap. Pas spécialement anxiogène et non gênant toute la nuit.
A recommencer pour voir les effets.
Bonjour
Dans l’article, il est surtout question de l’inspire.
Quant est-il de l’utilisation de la bouche à l’expire?
Très bonne question. Un post pourrait y être consacré. Néanmoins, même l’expire par la bouche devrait être évitée hors situation sportive ou consciente. En effet, anatomiquement, expirer par la bouche impose des tensions au niveau du cou et de la bouche qu’il n’y a pas avec une respiration nasale. De plus, on a tendance à trop expirer avec la bouche et surtout, bouche ouverte on inspire toujours un peu avec, ce qui fait qu’on inspire aussi trop. Donc à choisir, inspire/ expire par le nez.
Attention, ce n’est quand même pas un problème majeur d’expirer par la bouche…
Encore moi ! 🙂
« moins on a envie de respirer par la bouche » ? Ne serait-ce pas « plus on a envie de respirer par la bouche » ?
Bien vu, c’est par le nez effectivement
Slt,
Que l’on respire par le nez ou nez-bouche peu importe, le plus important c’est le principe de la suffisance,il faut respirer avec juste ce que l’on a besoin en fonction de l’activité.On ne prend plus le temps de s’oxygener et de souffler avec conscience.
Cdt.
Je suis désolé mais votre affirmation est complètement fausse. Le nez est fait pour respirer et la bouche, pour manger. Vous pouvez consulter tous les livres d’anatomie/physiologie existants et ils sont tous d’accord sur ce point.
Il existe une bonne trentaine de raisons de respirer seulement par le nez. En voici quelques unes:
1. Le nez réchauffe l’air entrant à 95 degrés Fahrenheit, qui est la température optimale pour les poumons.
2. La respiration nasale hydrate l’air entrant. En moyenne, une personne respire +20 000 fois par jour, en respirant par le nez, vous ajoutez un litre d’eau à votre environnement interne.
3. Les poils et les membranes du nez filtrent l’air pendant l’inhalation et aident à sécréter les muqueuses, empêchant la toux et le dégagement de la gorge.
4. Le mouvement de l’air à travers le nez maintient l’environnement autour des tubes auditifs internes libres de débris stagnants.
5. La respiration nasale déclenche la libération de molécules antibactériennes aidant à nettoyer l’air entrant et à augmenter le fonctionnement du système immunitaire.
6. L’air qui pénètre par le nez stimule la libération de molécules odoriférantes qui s’attachent aux molécules entrantes, de sorte que nous puissions sentir la qualité de l’air.
7. La respiration nasale nous sensibilise à la qualité de l’air en nous donnant des choix quant à savoir quel air est sain et ce qui ne l’est pas, pour que nous puissions agir.
8. La respiration nasale augmente notre sens de l’odorat, le reliant au système limbique, qui est le siège de notre corps émotionnel. Nous pouvons alors faire plus de choix sur ce que nous ressentons à propos des choses. L’odorat est un facteur environnemental très important pour notre survie.
9. La respiration nasale apporte de l’air dans les sinus sphénoïdes pour refroidir l’hypophyse et aider à réguler la température corporelle.
10. Respirer par le nez maintient les voies nasales ouvertes.
11. Avoir un passage nasal clair permet à la lumière d’atteindre la glande pituitaire à travers le sinus sphénoïdal pour aider à réguler les habitudes de sommeil.
12. La respiration nasale active le mouvement à plusieurs articulations de la tête et du cou. Ce sont l’articulation atlanto-occipitale, l’articulation atlanto-axiale, l’articulation sphénobasilaire et les sutures des os du visage et de la tête.
13. Respirer par le nez éclaircit la tête en remplissant les sinus avec de l’air et maintient les membranes des sinus lubrifiés et fonctionnels, ce qui réduit le risque d’infections des sinus.
14. Chez les enfants, respirer par le nez aide à former les sinus en activant leur croissance avec le mouvement de l’air. Les enfants qui respirent souvent ont des visages très étroits (machoires plus petites = moins d’espace pour les dents = dents croches = appareils dentaires). Les sinus ne commencent à grandir que vers l’âge de 4 ans.
15. La respiration nasale fait passer l’air le long de la cloison nasale, ralentissant le mouvement de l’air et facilitant une intégration plus complète du processus de ventilation avec d’autres processus biologiques, comme le remplissage et la vidange des poumons.
16. La respiration nasale permet à l’excès de larmes d’avoir un passage libre pour le drainage.
17. La respiration nasale facilite la production d’oxyde nitrique (ou monoxyde d’azote), qui est un bronchodilatateur et stérilise l’air dans les sinus sur le chemin des poumons.
18. La respiration nasale réduit le volume de dioxyde de carbone (CO2) libéré pendant l’expiration. Les sinus piègent le CO2 à la fin de l’expiration. Le CO2 aide à réduire la constriction dans les voies aériennes et les vaisseaux sanguins et facilite la libération d’oxygène des globules rouges et l’apport d’oxygène aux autres cellules du corps en aidant à équilibrer le pH du sang.
19. La respiration nasale ajoute un énorme réservoir de sensation à exploiter pour approfondir votre connexion avec vous-même et attirer votre attention sur le moment présent.
20. Respirer par le nez permet à l’air de passer par les structures qui marquent le centre de la tête, en gardant votre énergie équilibrée et centrée.
21. La respiration nasale facilite une méditation profonde.
22. La respiration nasale réduit l’anxiété.
23. La respiration nasale réduit le ronflement.
24. La respiration nasale active la production d’immunoglobulines (anticorps) pour renforcer le système immunitaire.
25. La respiration nasale aide à augmenter les fluctuations du liquide céphalo-rachidien par l’activation et le mouvement de l’articulation sphénobasilaire, nourrissant ainsi le système nerveux central.
26. Robert C. Fulford, DO, a déclaré: «N’oubliez pas: essayez toujours de respirer par les narines, et non par la bouche, car l’air doit entrer en contact avec les nerfs olfactifs pour stimuler votre cerveau et le mettre dans son rythme naturel. Ne respirez pas par le nez, dans un sens, vous n’êtes qu’à moitié vivant. »
27. Le fait de respirer par la bouche fait gonfler les tissus de votre nez et d’autres voies respiratoires et les rend plus difficiles à respirer.
28. « La respiration par la bouche a tendance à gonfler seulement les lobes supérieurs des poumons, qui sont connectés aux fibres nerveuses sympathiques, la branche du système nerveux qui active la réponse de combat ou de fuite (fight or flight) … Lorsque vous passez à la respiration du nez, vous gonfler les poumons entiers, y compris les lobes inférieurs, qui sont connectés à la branche parasympathique du système nerveux, la branche qui calme le corps, ralentit la fréquence cardiaque, se détend et apaise. Parfois, le pied est sur le frein, il est parfois sur le gaz. La fluctuation de va-et-vient est un acte d’équilibre que votre corps sait intrinsèquement comment gérer et que votre esprit apprécie.
Très bon tour d’horizon!
Bonjour, j’ai appris lors d’un cours sur la respiration que l’oxyde nitrique était produit par la respiration par le nez et pas par la bouche. Une de mes amies kinésithérapeute me dit que ce n’est pas vrai… Pouvez vous m’aider à y voir plus clair ? Un grand merci
Bonjour,
vous avez totalement raison. Pour plus d’infos, je vous renvoie à l’article sur le monoxyde d’azote sur le blog!
Un article super bien rédigé.
Un joli rappel ça fait du bien.
Je respire par le Nez (Inspi/ Expi) depuis début Décembre 2022 lorsque j’ai adhéré aux ateliers du Dr Philippe Pencalet ( 1 × par mois, un atelier de 3h axé 100% Respiration)
Une révélation pour moi !
Depuis, je dors avec un Scotch médical 3M sur la bouche toutes les nuits sans exception (même en voyage j’ai toujours mon rouleau 3M dans mes bagages)
Résultat, je n’ai plus la bouche sèche au réveil ! Et je ne me réveille quasiment plus !!! Je dors donc mieux et la récupération est meilleure.
J’ai appris aussi à Respirer 100% nasal ( Inspi/ Expi) en Marche Sportive ( entre 9 et 11km/h) que je pratique 3 × / semaine.
Mes séances de Muscu ( entretien ) idem tout par le Nez !
Une révolution chez moi !
En respirant par le Nez je suis plus calme, plus centré et donc plus concentré dans toutes mes activités sociales et sportives.
Gratitude infinie à mes instructeurs (Dr Philippe Pencalet et Ivan Cam )
Mieux Respirer pour mieux Vivre.
Patrick
Vous avez quelle profession Ivan ?
Je suis chercheur en biologie dans une start-up toulousaine 🙂