Retour aux sources avec ce billet, puisque le but de ce blog est de réfléchir et d’explorer ce que la respiration consciente peut réellement apporter à l’humain. Cela fait maintenant des années que je pratique de façon méthodique, en dehors de tout cadre religieux ou même spirituel traditionnel. Et pourtant, la question du « spirituel » s’est imposée, non par croyance, mais par l’expérience directe.

 

La respiration vers l'éveil

 

Des transformations profondes dans mon fonctionnement global ont fini par croiser des descriptions présentes dans de nombreuses pratiques ésotériques. Peu importe le dogme ou la culture, on y retrouve les mêmes signes, les mêmes évolutions dans le corps, l’esprit, l’être. Cela peut sembler curieux, mais plus la pratique du souffle conscient avance, plus elle révèle une forme de logique évolutive. Une logique naturelle — pas mystique — à condition d’avoir une vision globale, et de suivre quelques lois universelles :

  • Système dynamique
  • Recherche d’un point d’équilibre
  • Meilleure conservation de l’énergie
  • Adaptation à son environnement

La respiration chez l’humain, lorsqu’elle est pratiquée avec justesse, permet d’appliquer ces lois à la fois sur le plan mécanique, physiologique et psychique. Rien que cela, c’est déjà comprendre la puissance réelle du souffle. Mais la même logique s’applique aussi à l’esprit.

J’ai souvent parlé de l’effet miroir : l’esprit apprend par le corps. Et le corps, c’est notre interface avec le monde. La respiration est ce pont vivant entre les deux. Travailler le souffle en profondeur, c’est donc aussi travailler l’esprit. Et quand on applique les lois du vivant à l’esprit, qu’observe-t-on ?

 

Le système nerveux est d’abord réactif

 

Le système nerveux est d’abord réactif : en pilotant la survie, il provoque une tension générale, développe des peurs et, pour cela, reste en tension. Considérons cela comme une phase d’apprentissage. Le problème est que, pour la plupart d’entre nous, nous nous arrêtons à cette phase et nous nous identifions à cet ensemble de tensions.

Résultat :

  • comportements automatiques presque subis,
  • erreurs répétées,
  • réactions conditionnées,
  • impulsivité ou effacement,
  • mental suractif et envahissant.

L’identité elle-même finit par dépendre de ce bruit de fond. Les pensées sont constantes, empêchant le recul, et les tensions physiques se manifestent durablement. Un vide intérieur s’installe, souvent comblé par la recherche compulsive de désir (nourriture, possession, validation, sensations fortes…).

Dans de nombreuses traditions, cet état est justement celui du non-éveil. On comprend alors pourquoi certains prônent l’absence de désir ou la fuite du péché. Mais le désir ou le péché ne sont que des conséquences. Vouloir les supprimer directement, c’est créer encore plus de tension.

 

Avec la maturation, l’esprit cherche à se détendre

 

À un certain stade, l’esprit, s’il n’est pas bloqué, commence naturellement à chercher à réduire ses tensions. C’est un mouvement logique du vivant. Lorsque l’adaptation est en cours, l’équilibre devient la priorité. Cela réduit les tensions mentales et corporelles en même temps.

Ce retour vers l’équilibre permet une meilleure circulation de l’énergie et évite la stagnation. Mais il n’est pas automatique : il demande un certain entraînement, de la rigueur, et une compréhension fine de son propre fonctionnement.

Comment se manifeste cette maturation ?

  • Un tri progressif des croyances erronées.
  • Moins de besoin de mentir à soi-même.
  • Davantage de justesse dans les actions.
  • Une baisse significative du bruit mental.
  • Une stabilité émotionnelle croissante.

Cet état de clarté intérieure favorise une intuition étrange, une lecture plus fine du monde, des autres et de soi-même. Le savoir semble émerger sans explication logique. En contrepartie, les expériences mystiques deviennent plus rares, l’axe étant trop stable pour alimenter les projections mentales. C’est ce que plusieurs traditions désignent comme samatha, hui gong, nuit des sens, ou œuvre au blanc.

 

À force d’enlever les tensions, tout traverse et tout est accueilli

 

 

Vient ensuite une étape où les tensions sont si réduites que l’information traverse sans résistance. L’ego, toujours là en filigrane dans l’étape précédente, commence à s’effacer véritablement. L’action devient réponse, sans origine intérieure apparente. Tout se passe, et rien ne s’accroche.

Dans le corps, cela se perçoit comme un relâchement absolu. Les gestes sont précis, sans tension, sans volonté marquée. L’esprit devient lui aussi traversé : il ne surveille plus. Il ne commente plus.

C’est la dissolution du maintien, la simplification ultime. L’humain devient parfaitement adapté à son environnement, et le système entier entre dans un cercle vertueux. Moins de tension → plus de fluidité → plus d’adaptation → moins d’effort.

Le désir diminue, l’identification aussi. Et la perception s’élargit.

 

Une lecture alchimique, neuroscientifique et traditionnelle

Dans les traditions alchimiques, on parle souvent de trois grandes étapes de transformation : l’œuvre au noir, l’œuvre au blanc et l’œuvre au rouge. Curieusement, ces étapes correspondent à des processus observables dans le corps et l’esprit, mais aussi à des marqueurs étudiés en neurosciences modernes.

Trois œuvres, trois états de conscience :

  • Œuvre au noir (nigredo) : la phase de chaos et de confrontation. Tensions, automatismes, peurs, survie. Elle correspond à la première noble vérité bouddhiste, au système nerveux sympathique, et à l’activation limbique (amygdale).
  • Œuvre au blanc (albedo) : la stabilisation. Moins de réactivité, esprit plus clair, respiration fluide, système nerveux équilibré. Cela rejoint le samatha dans le bouddhisme, le début du hui gong taoïste, ou la nuit des sens chez Jean de la Croix.
  • Œuvre au rouge (rubedo) : l’intégration. Plus de séparation entre être et action. Le souffle est spontané, l’action juste, sans tension. Cela s’apparente à la grande circulation en taoïsme, au fanā/baqā soufi, au turiyatita hindou ou à la vie unitive chrétienne.

Ce que disent les neurosciences :

  • Œuvre au noir : prédominance des ondes bêta (13–30 Hz), associées à l’hypervigilance, au stress chronique, à l’activité du cortex préfrontal latéral et du système limbique. (Davidson et al., 2003, PNAS)
  • Œuvre au blanc : augmentation des ondes alpha (8–12 Hz) et thêta (4–8 Hz), corrélées à l’introspection, la régulation émotionnelle et la réduction du stress. Ces ondes sont bien documentées chez les pratiquants de respiration consciente et de méditation (Lutz et al., Nature Reviews Neuroscience, 2008).
  • Œuvre au rouge : synchronisation entre les ondes gamma (30–80 Hz) et thêta, observée chez des méditants experts tibétains. Cela reflète un état de conscience unifiée, de plasticité neuronale élevée et d’intégration perceptive (Fell et al., Scientific Reports, 2023).

 

Ces trois étapes décrivent un chemin universel. Et REBO2T s’inscrit naturellement dans cette logique évolutive. De façon amusante, on retrouve dans cette évolution de la méthodologie le cycle du corps, le cycle de l’esprit et le cycle du souffle.

 

Le souffle : une voie vers l’éveil… sans y croire

 

Quand je parle de souffle, je ne parle pas d’un rythme plaqué ou d’un exercice de relaxation. Je parle d’un souffle organique, profond, méthodique. Un souffle qui révèle, qui ajuste, qui transforme.

Ce souffle-là n’est pas là pour apaiser. Il est là pour organiser le chaos en donnant un axe. Pour structurer. Pour désencombrer.

Il agit comme un miroir du système intérieur. Il reflète les tensions. Il les fait émerger. Et il les dissout, sans force.

En régulant la respiration, on agit sur :

  • la physiologie,
  • l’attention,
  • la perception,
  • le mode de réponse.

Ce qui s’installe dans le souffle finit par transformer tout le reste : stabilité, simplicité, présence.

C’est là que commence, peut-être, une autre forme de fonctionnement. Ce que certains appellent éveil.

 

L’éveil : le fonctionnement simple et ajusté de l’humain

 

Et si l’éveil n’était pas un état extraordinaire ? Et s’il s’agissait simplement d’un fonctionnement humain juste, libéré de la surcouche ?

Ce que certains voient comme inaccessible est peut-être simplement ce qui apparaît quand on simplifie vraiment.

Pas besoin de dogme. Pas besoin de croyance. Juste observer. Ajuster. Laisser passer.

Et quand plus rien ne bloque, le vivant agit. Simplement.

Conclusion

 

Souvent, la spiritualité est verticale. Dogmatique. On nous dit quoi croire. Comment penser. Ce que l’on doit vivre. Et cela trouble l’expérience directe.

J’ai longtemps observé que les expériences mystiques les plus impressionnantes venaient de personnes très instables. Et cela m’a interrogé. Peut-être que ces visions sont le fruit de leur instabilité plus que d’un axe solide.

À l’inverse, quand le corps, l’esprit et la conscience sont organisés, les manifestations sont rares, mais ce qui est vécu est clair, stable, intégré.

C’est ce que permet le souffle. Un retour au réel. Une transformation par le bas. Par l’intérieur. Sans dogme. Et si un jour, une perception du divin se révèle, elle viendra comme une évidence. Pas comme une projection.

De toute façon, convaincre est à la fois illusoire et inutile. Ces expériences sont par essence subjectives. De plus, elles posent un problème, pour prouver, l’autre doit expérimenter la même chose et pour cela, il faut que le travail soit fait. Et s’il est fait, il n’aura plus besoin de preuve. Ce sera donc nécessairement un chemin solitaire qui mène à la foi en ce que nous vivons.

 

Voilà pourquoi je continue cette voie.

 

A bientôt

 

Yvan

 

 

 

FAQ – Respiration consciente et méthode REBO2T

Quelle est la différence entre la respiration consciente et la cohérence cardiaque ?
La cohérence cardiaque suit un rythme simple (souvent 5-5 secondes) pour apaiser le système nerveux. La respiration consciente, telle que pratiquée avec REBO2T, va plus loin : elle travaille en profondeur sur les structures physiques, mentales et émotionnelles pour favoriser une transformation globale.

Est-ce que la méthode REBO2T demande des croyances spirituelles ?
Non. REBO2T repose uniquement sur l’expérience corporelle et la régulation du souffle. Elle s’adresse autant aux personnes rationnelles qu’à celles en recherche intérieure. C’est une voie laïque, rigoureuse et fonctionnelle.

Quels sont les bienfaits concrets d’une pratique régulière ?
Meilleure gestion du stress, plus grande clarté mentale, baisse des tensions physiques, stabilité émotionnelle, amélioration du sommeil, réduction des pensées parasites, et parfois, perception plus fine de soi et du monde.

Est-ce qu’on peut atteindre un état d’éveil uniquement par la respiration ?
C’est ce que ce texte explore : non pas un « éveil » spectaculaire, mais un retour à une forme d’humanité simple, naturelle, fonctionnelle. Et la respiration en est l’un des chemins les plus accessibles.

La méthode REBO2T est-elle adaptée à tous ?
Oui. Elle peut être ajustée à tous les niveaux de pratique, du débutant à l’avancé. L’essentiel est l’engagement sincère et une compréhension progressive du souffle comme outil de transformation.

 

 

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