Montée de kundalini, transe, méditation, respiration holotropique, tous ces sujets sont devenus extrêmement à la mode. On parle de “réveil”, de “passage”, de “guérison”, comme si c’était à portée de main. Issues pour la plupart de pratiques traditionnelles où elles étaient une étape parmi d’autres mais jamais la première marche de la pratique.

J’ai toujours été prudent sur l’interprétation de ce que l’on perçoit dans ces états-là. Après maintenant presque une quinzaine d’années d’expérimentations et d’études (pratiques, nuits blanches, lectures, retours corporels), je commence à voir une différence flagrante dans ces différentes manifestations.
Le plus intéressant est qu’elles sont décrites dans beaucoup de traditions et qu’il y a également une correspondance (neuro)biologique à beaucoup d’entre elles.

J’ai observé des phénomènes récurrents, des motifs convergents, et des zones floues où le mystère se mêle à la biologie. J’ai appris à accepter que tout ne se réduise pas à “explicable”, mais aussi que tout ne soit pas “divin” ou “magique”.

Le but de cet article n’est pas de faire un inventaire ni de poser un modèle sur les mécanismes mais plutôt de faire un retour d’expérience pratique. Ce sera donc certainement très incomplet et les plus érudits trouveront à redire mais il me semble intéressant de borner un peu toutes ces pratiques et ceux qui suivent les cours REBO2T pourront ainsi voir la logique de progression sur cette partie du travail.

La décharge réflexe ou volontaire : une expression corporelle

 

La première catégorie dont je parlerai est celle de tout ce que je classe dans les décharges. Globalement, c’est une activation, souvent spectaculaire pour les réseaux sociaux, des tensions internes qui vont donner des mouvements spontanés et parfois des manifestations émotionnelles brutes surgissant de façon autonome.

De ce que j’observe, elles peuvent être déclenchées par des transes ou des hyperventilations légères ou simplement un cadre autorisé, et je les sépare en deux catégories.

La décharge volontaire : le théâtre du corps

 

Pour une bonne partie de ces phénomènes, c’est en quelque sorte de la comédie, c’est ce que j’appelle la décharge volontaire.
Ici, le mental joue un rôle, même s’il ne le sait pas toujours.
On “crée” l’espace : choix de musique, d’intention, de rythme respiratoire. Le corps répond. On accepte les mouvements, mais on les initie parfois.
Le mental est mêlé au récit : “je vais exprimer”, “je vais libérer”, “je vais vivre une vision”.
Le moteur, c’est l’intention.

Ce contrôle va entraîner des mouvements harmonieux, amples, et une représentation émotionnelle : crier, pleurer, rire.
Dans ces manifestations, le mental est pris dedans mais est aussi acteur puisqu’il crée ce rôle de la personne qui a une expérience spirituelle profonde.

Alors à quoi ça sert ?
À se défouler, et parfois, ces mouvements autorisés et l’expression émotionnelle peuvent servir à relâcher des tensions qui feront que la personne se sentira mieux physiquement.

Le danger ? Penser qu’il y a un travail de fond qui a été fait et devenir dépendant de ces séances pour relâcher librement ses tensions que l’on accumule par contre au quotidien.
En effet, aucun problème de fond n’est réglé, donc le résultat n’est pas durable.

La décharge réflexe : quand le corps s’auto-régule

 

Le niveau d’après est la décharge réflexe (ou somatique). Là, la situation est un peu différente.
Le mental observe calmement le corps se mettre à trembler, se contorsionner et à exprimer des émotions mais sans le moindre impact psychique.
C’est comme si on n’était pas aux commandes, voire légèrement dissocié.

Cela arrive lors de transes ou de pratiques qui vont amener au seuil de l’hypnagogie, comme certaines hyperventilations ou pratiques respiratoires.
La grosse différence se voit après, puisque la personne en général parle de l’expérience de façon totalement neutre et factuelle, même si elle a pleuré ou ri, alors que les autres décriront des “expériences incroyables”.

Quel intérêt ? En fait, plutôt élevé.
Dans cette situation, le corps va choisir les zones trop tendues et les mobiliser de façon réflexe pour leur redonner de la mobilité, réaligner des segments, lâcher des verrous internes.
J’ai déjà observé — et moi-même vécu — des reconfigurations posturales profondes lors de telles séances.

Pourquoi je classe les deux expériences de la même façon ?
Parce que dans les deux cas, on laisse la main au corps, qui instinctivement va chercher à se corriger et à s’alléger.
Pour cela, la respiration cyclique est un des meilleurs déclencheurs.

Dans la méthode REBO2T, on fait la même chose dans la roue des émotions mais sans croire que “ça se fait tout seul”.
On fait un travail somatique volontaire et conscient.

Comment distinguer les deux types de décharge

Trois critères simples :

  • Contrôlabilité : est-ce que j’arrête net si je le décide ? (oui = plutôt volontaire)

  • Récit post-séance : neutre/factuel vs grand récit épique (réflexe / volontaire)

  • Effets toniques 24–72 h : amplitude articulaire, détente spécifique, posture modifiée.

Quelques gardes-fous essentiels

  • Ne jamais faire une séance “pour aller plus loin” quand on est émotionnellement fragile.

  • Toujours ancrer l’expérience (marcher, boire, écrire, ressentir les pieds au sol).

  • Garder un temps de retour “énergie → quotidien” (jusqu’à 48 h).

  • Ne pas confondre “ce que j’ai ressenti” avec “ce qui m’a transformé”.

  • Vérifier : est-ce que je reviens dans mon corps, ou est-ce que je m’y perds ?

 

 

L’hypnagogie : le seuil du sommeil et des visions

L’hypnagogie est le seuil naturel que l’on explore lorsqu’on s’endort.
C’est à ce moment-là que des images, voix, conversations apparaissent.
C’est un état traître, puisque c’est là que l’on confond souvent rêve et révélation.

Toutes les pratiques qui amènent vers le sommeil comme les cycles hyperventilation/apnée, transes, hypnose, méditation peuvent y conduire.
Le mécanisme passe parfois par l’endormissement suggéré ou des décharges hormonales.

Parfois, l’hypnagogie est agréable, parfois terrifiante, selon la profondeur et l’état émotionnel. La paralysie du sommeil en est un bon exemple.

Pour en tirer profit, il faut rester conscient pendant l’endormissement et éviter de penser pour ne pas influencer les visions.

Entre illusion et mystère

C’est ici que le piège est le plus grand : croire que tout ce qu’on voit est réel.
Licornes, entités christiques, figures sacrées ou démoniaques : souvent ce sont des formes de vous-même, exprimant vos peurs ou vos espoirs.

Mais je l’ai constaté : parfois, l’expérience semble vraiment extérieure , avec des dialogues, des lieux inconnus, des formes “non-moi”.

Que croire ?


Je ne crois pas à l’illusion pure.
Ni à la pure réalité transcendante.

Ma position est la suivante : l’hypnagogie est un laboratoire de la perception, un espace entre psyché et mystère.

Rêve lucide et sortie astrale : deux portes du même seuil

 

À ce stade, deux pratiques s’offrent à vous :
le rêve lucide et la sortie astrale.

En hypnagogie, le cerveau ralentit. Dans cet état, on peut basculer en descendant encore :

  • le rêve lucide, je l’ai expérimenté souvent ;

  • la sortie astrale, quelques fois seulement.

Dans les deux cas, mon expérience dit que cela existe, mais à ce stade, je ne suis pas sûr que nous ne soyions pas encore dans le rêve.

Le rêve lucide est un terrain d’entraînement :
on peut y travailler ses peurs, résoudre des situations, dialoguer avec son inconscient.

La sortie astrale, plus complexe, donne l’impression absolue de réalité ,parfois avec des retours précis sur des informations inconnues.
Mais il est difficile de la valider par des tests objectifs.
Pourtant, il se passe bien quelque chose, certainement teinté par le subconscient, comme un rêve qui s’épaissit.

Pour l’hypnagogie, des respirations lentes (comme le carré) permettent d’atteindre cet état, à condition d’y consacrer du temps (environ 45 minutes) et de ne pas basculer dans le sommeil. Pour le rêve lucide ou la sortie astrale, des protocoles bien documentés existe (voir la Phase de Raduga)

Traverser l’hypnagogie : l’autre voie

Pour traverser l’hypnagogie, il faut s’apaiser émotionnellement jusqu’à ce que les visions disparaissent mais sans redevenir “conscient”.
Et là, il se passe quelque chose : une montée de chaleur partant du bassin, montant à la tête, parfois au-delà.
Ce que l’on pourrait appeler montée de kundalini ou grande respiration.

À ce stade, il faut continuer à diminuer l’activité pour se fondre dans l’obscurité.
Il peut faire froid dehors, mais l’axe est très chaud du bassin à la tête.
La difficulté est de rester neutre et de ne pas analyser.
Des sursauts ou secousses peuvent ramener au départ. IL est donc essentiel d’être le plus détendu possible.

Les quelques fois où j’y suis arrivé, j’ai vu un œil ou un tunnel, puis sensation d’accélération.
Mais l’effet est si impressionnant que ma conscience revient immédiatement.
Très clairement, il y a une suite, décrite dans la plupart des textes anciens mais bien au-delà de l’hypnagogie.

Conditions physiologiques de l’expérience

C’est objectivement long pour moi, peut-être à cause d’un manque de pratique.
J’y passe deux à trois heures, qui cependant paraissent plus courtes sur le moment mais sans perte de repère temporel. C’est assez bizarre.
J’y parviens en ralentissant ma respiration jusqu’à 1 ou 2 respirations par minute, ce qui demande du temps, de la progressiviré et provoque souvent une transpiration liée à l’hypercapnie.

Voilà où j’en suis.

En théorie, je vois bien la suite.
En pratique, je suis bloqué à ce niveau-là.

Conclusion : lucidité, souffle et discernement

Dans le fast-food spirituel ambiant, il est essentiel d’avoir des repères pour ne pas se perdre dans des illusions trop flagrantes.
La plupart des expériences accessibles “en une heure” ne sont ni profondes ni transformatrices.

L’exploration de la conscience est un sujet passionnant, presque inévitable quand on travaille sur le souffle.
C’est là qu’on comprend pourquoi, dans toutes les traditions, il y a préparation.

Pour éviter les écueils, le corps doit être prêt, l’esprit aussi, et le souffle le plus libre possible.
C’est ainsi que REBO2T a été construit.

Tout ceci n’est que mon expérience.
Je ne prétends pas à la vérité absolue.
Mais je suis convaincu d’une chose : les expériences faciles ne sont pas profondes.

Ce qui compte, ce n’est pas ce que tu vois pendant la séance, mais ce que tu deviens après — dans ta structure, ta respiration, ton esprit.

Alors dis-moi, qu’est-ce que toi tu as expérimenté comme chemin et sais tu comment aller plus loin ?

À bientôt,


Yvan

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