La respiration est un fondement de notre physiologie et de notre bio-mécanique comme on peut le voir sur ce blog. Avoir en place une respiration naturelle est donc fondamental pour la santé. Nous avons déjà vu qu’il existe de nombreux exercices pour cela et qu’elle peut se mettre en place en travaillant seul. Toutefois, parfois, recourir à une aide extérieur peut accélérer les choses ou aider à passer un cap plus compliqué lié à des tensions persistante.

C’est ce que nous allons voir dans cet article invité, où Issam Bendali, kinésithérapeute et praticien Shiatsu formé à l’université de Tokyo, va nous parler de l’apport du shiatsu pour rétablir une respiration naturelle. Je travaille avec Issam depuis un moment et nous avons conçu ensemble une méthode de travail postural (méthode HOP). Son approche est originale et riche puisqu’il est capable de s’appuyer sur des connaissances scientifiques fortes pour revisiter des pratiques traditionnelles qu’il utilise dans sa pratique professionnelle avec succès. Je lui laisse donc la parole pour parler de l’apport du shiatsu sur la respiration.

 

Le shiatsu : de quoi s’agit-il ?

Le Shiatsu est une discipline de thérapie manuelle signifiant “pression (shia) des doigts (tsu)”. Cet exercice vise à corriger des tensions musculaires et libérer la mobilité des articulations, et par voie de conséquence, optimiser les systèmes circulatoire, intestinal,  nerveux, et respiratoire du corps humain.

Son origine, bien que lointaine et regroupant diverses pratiques empiriques sur les siècles passés, peut être rattachée au milieu du XXe siècle, avec Tokujiro Namikoshi, qui après une pratique personnelle et des études en chiropraxie et médecine occidentale, fonda la première école officielle du même nom.

Le Shiatsu, qui se décline aujourd’hui en plusieurs écoles, est reconnu par le ministère de la santé au Japon et y occupe une place essentielle dans le monde de la médecine physique et de la prévention,  l’instar par exemple de la kinésithérapie ou de l’ostéopathie en France. Nous nous intéresserons à ce style standard hérité du fondateur, qui bien que reprenant des méthodes éprouvées au cours des siècles et souvent façonnées par la Médecine Traditionnelle Chinoise, n’a eu de cesse de progresser au Japon sous un regard scientifique et anatomo-physiologique.

Une respiration perturbée est une porte d’entrée pour la maladie

Il est établi aujourd’hui qu’une respiration perturbée et non ajustée physiologiquement peut conduire à des problèmes de santé plus importants. Nous entendons fréquemment des personnes dire à leurs proches présentant semblant mal gérer ce mécanisme à priori basique «respire» ou encore «souffle», «respire doucement, profondément».

Si cette connaissance du problème semble assez générale chez les individus présentant un minimum d’empathie et désireuses de prendre soin des autres, ce type d’injonction n’est pas d’une grande aide à long terme, faut d’outils pratiques et de conseils plus approfondis permettant aux personnes qui respirent mal de prendre conscience de leur mécanique respiratoire et des effets physiologiques puissants qu’elle met en jeu.

 

La mise en place d’une respiration naturelle, la base d’une bonne séance de shiatsu

 

Lors d’une séance de Shiatsu, la respiration abdominale ou diaphragmatique correcte s’impose doucement au patient allongé, via des pressions de la main douces et successives appelée «ampuku» (massage du bas ventre), au cours desquelles le rythme respiratoire du patient est respecté et la profondeur des cycles d’inspiration/expiration est ainsi progressivement augmentée. Séance après séance, la prise de conscience de cette respiration physiologiquement correcte se fait alors par un accompagnement manuel, et peut ensuite être à nouveau automatisée.

Le praticien s’attelle à respecter cette mécanique respiratoire afin que par effet de transfert les pressions exercées par le praticien entrent en résonance avec la mécanique respiratoire du receveur, qu’elles viennent guider et réguler. Le receveur, yeux fermés, se focalise au début consciemment sur sa respiration, puis passe au fur et à mesure en glissant vers le calme et la relaxation, d’un état de conscience et d’éveil à un «état de conscience modifiée volontairement» (comme le décrit le pharmacologue Roland Fischer dans son article paru dans la revue Science: A Cartography of the Ecstatic and Meditative States). L’automatisation de la respiration correcte commence alors une fois parvenu dans cette phase.

 

Le diaphragme, première cible du travail libérer la respiration

 

Le diaphragme, muscle respiratoire fondamental en allure de coupole, puise l’essentiel de l’air que nous inspirons par des cycles de contraction-relâchement, descendant légèrement dans le compartiment abdominal en provoquant ce «gonflement» du ventre caractéristique d’une respiration efficace. En rapport également avec les systèmes circulatoire et digestif, il joue un rôle dans notre circulation sanguine et lymphatique. Il est lié à diverses structures osseuses, cartilagineuses, et musculaires, au niveau de nos régions thoracique, lombaire haute, et abdominale. Il influe sur notre confort lombaire et notre transit via les petites pressions successives qu’il effectue vers le bas en se contractant.

Toutefois, le diaphragme, comme tout muscle, peut être le siège de tensions : des faisceaux musculaire se relâchent mal et le bon fonctionnement de l’ensemble du système s’en trouve altéré. Par des pressions progressives des doigts respectant cette zone sensible, il est possible de  dénouer ces tensions, comme pour tout muscle, afin de s’affranchir des contraintes proprement mécaniques qui gênent son bon fonctionnement. Cet abord est parfois nécessaire pour permettre efficacement une bonne reprogrammation de la respiration abdominale.

Le diaphragme peut être contacté physiquement en dessous des derniers cartilages costaux par des manœuvre prudentes et respectant un certains positionnement. Tout comme des tensions musculaires au niveau des muscles cervicaux nous empêchent de tourner la tête confortablement et nous oblige à pivoter d’un bloc ou en sollicitant les étages inférieurs du corps, les tensions du diaphragme peuvent gêner notre respiration et nous obliger à respirer via un «tirage sus-costal» c’est à dire une compensation par le haut de la cage thoracique, en sollicitant anormalement la ceinture scapulaire (cou et épaules).

Cette respiration modifiée est ce qu’on appelle souvent la respiration paradoxale, une respiration à changer au plus vite!

 

La deuxième cible: les muscles gênant le mouvement diaphragmatique

 

Nous observons souvent ce phénomène de respiration paradoxale chez les personnes ayant une attitude en cyphose (haut du dos courbé vers l’avant), et épaules rentrées vers l’intérieur. Lorsque nous demandons à ses personnes de respirer profondément, elles ont tendance à élever les épaules, voire à rentrer le ventre lors de l’inspiration. Cette respiration mal ajustée peut même à la longue être source de problèmes de santé beaucoup plus importants.

Aussi, en plus du relâchement du diaphragme, nous travaillons sur les différents tsubos (points de pression) situés au niveau des muscles rigides et présentant un tonus excessif au niveau du cou et des épaules. Libéré de ces tensions, et profitant de l’état de bien être et de liberté de mouvement retrouvé, la reprogrammation d’une bonne respiration s’en trouve facilitée.

La région dorsale est également abordée, car une rigidité dorsale, et une attitude progressive en scoliose (déviation de l’axe de la colonne dorsale en forme de S) peuvent également constituer une entrave à la respiration, les cotes adhèrent à nos vertèbres thoraciques. Les tensions musculaires qui initient ce phénomène seront également appelées à être corrigées.

Les entraves à une bonne respiration peuvent donc trouver leur source dans plusieurs tenants. Il est essentiel d’avoir une approche globale de l’anatomie humaine afin de briser le mécanisme vicieux.

Conclusion: le shiatsu, une méthode synthétique de massage idéale pour la correction respiratoire

Nous voyons donc qu’une mauvaise respiration est un problème holistique, faisant intervenir divers étages et divers mécanismes. Avoir plusieurs approches pour la traiter est donc nécessaire.  Le Shiatsu a la particularité d’être une méthode de thérapie manuelle et de relaxation amenant le receveur dans un état de calme et de détente. Cela lui permet de bénéficier au mieux d’un massage profond et correcteur par pressions de la main et des doigts. De plus, il acquiert aussi un confort et un état de conscience modifié, une respiration plus ample, plus fonctionnelle. Ainsi, les effets bénéfiques portent encore plus loin qu’une bonne oxygénation.

Si vous vous intéressez à la respiration, essayez donc le shiatsu pour potentialiser votre travail. Cela n’en sera que plus bénéfique!

Issam Bendali

Praticien en shiatsu Kuretake

Kinésithérapeute

 

 

Voilà pour cette introduction au lien shiatsu et respiration. Notez qu’Issam interviendra dans la formation moniteurs de respiration pour la mise en pratique de ce travail.

IL interviendra également régulièrement lors des ateliers respiration l’année prochaine. Si vous souhaitez le rencontrer pour une séance, vous pouvez le retrouver à Pinsaguel, village proche de Toulouse, dans son cabinet. N’hésitez pas, il est vraiment très bon dans son domaine!

 

A bientôt!

 

Yvan