Un article un peu particulier sur l’ordre et le chaos.

Jusqu’à présent sur ce blog, je me suis intéressé aux aspects très terre à terre de la respiration. La raison est qu’il faut selon moi bien comprendre ce que l’on fait pour ne pas confondre du banal avec du questionable comme j’en ai parlé dans un article précédent… Néanmoins, la pratique de la respiration est plus que cela. Elle amène également des changements profonds dans la manière de penser, de percevoir et d’interagir avec le monde. Il y a un point commun extraordinaire entre des gens comme Mikhail Ryabko, fondateur du systema, Dan Brulé, auteur de Respire tout simplement,  David Blaine ou plus généralement des grands apnéistes, des yogis ou des moines de toutes traditions. Ils semblent inébranlables. Pas dans le sens où ils sont surpuissants, plutôt dans le sens où ils parviennent à toujours rester présents.

Dans cet article, je vais m’intéresser à cette particularité de la respiration: la capacité à structurer la psyché en amenant constamment de l’ordre dans le chaos.

Mettre de l’ordre pour aller explorer le chaos

L’ordre et le chaos

L’ordre et le chaos sont deux forces qui régissent à peu près tout. La vie tend à aller vers la désorganisation la plus générale tandis que les êtres vivants cherchent au contraire à stabiliser leur situation. Autrement dit,  ils cherchent à rester en vie. Ce concept régit grandement notre manière de penser. 

Toutefois, il y a besoin d’un équilibre, trop d’ordre conduit à l’immobilisme et arrête l’évolution. On perd notre capacité à s’adapter et on meurt. Trop de chaos rend tout imprévisible, ce qui conduit à la même chose. Toute notre existence consiste à construire de l’ordre puis à aller explorer le chaos. C’est le fameux concept de sortir de la zone de confort. On retrouve cela dans toutes les grandes histoires. La comté des hobbits c’est l’ordre comme le dit Jordan Peterson, psychologue superstar supercontesté auteur des 12 règles pour une vie, antidote contre le chaos. Mais rester dans la comté c’est mourir à petit feu. Un hobbit est donc sorti de la comté pour aller tuer un dragon, récupérer un trésor et revenu en héro. Autrement dit, il est sorti de sa zone de confort, a vaincu sa peur, en a tiré de nombreuses leçons et en est revenu grandi. Pour plus d’infos, je vous recommande de lire 12 règles ou Maps of meaning.

Quel est le rapport avec la respiration? C’est ce que nous allons voir maintenant.

 

La respiration, un processus totalement sous contrôle

La respiration fonctionne très bien de façon autonome. Elle est l’ordre en situation classique. Le coeur aussi vous me direz. Oui. Mais, il y a une différence majeure. Lorsqu’une situation devient trop stressante, le coeur va s’emballer. Votre respiration? Elle va s’arrêter ou s’accélérer. Oui. Mais là, il y a la différence majeure que vous pouvez volontairement reprendre le contrôle de votre respiration. Et ça, ça change tout.

Nous avons vu la respiration d’ancrage, la respiration rythmique, la respiration explosive. Ce sont trois exemples de respirations qui vous permettent de reprendre la main sur votre respiration à tout moment. Ainsi, votre respiration est toujours sous contrôle, la respiration c’est l’ordre. Mieux, en contrôlant la respiration, vous pouvez reprendre le contrôle sur votre système nerveux autonome et donc reprendre le contrôle de votre corps.

Par la respiration, vous pouvez toujours revenir vers un état ordonné. Vous avez une ancre qui fait que même dans la tempête, vous pouvez revenir à quelque chose de connu. Vous retrouvez l’ordre. Cela ne veut pas dire que vous allez résoudre le problème extérieur, cela veut dire que vous êtes dans une position dans laquelle vous aurez toutes vos ressources pour vous adapter au problème. Vous êtes sorti de votre zone de confort, vous y revenez avec plus de richesse et donc plus de solutions.

La paix par l’expérience

Si on en revient à cette particularité des respirants, ils peuvent à n’importe quel moment revenir à quelque chose de connu. C’est ce qu’apporte les pratiques contemplatives. Cela apporte de la paix par l’expérience. L’équilibre entre l’ordre et le chaos est alors atteint puisque dès que l’on bascule trop du chaos, on revient à l’ordre en se réfugiant dans la respiration. On regarde le chaos depuis sa fenêtre pour pouvoir prendre la meilleure décision. Quand on a l’habitude de faire cela, cela devient un réflexe. Cela devient naturel et donc donne une immense sérénité. On ne pense pas être les meilleurs en quoi que ce soit, on sait juste que l’on peut retomber sur ses pieds à n’importe quel moment.

Le fameux retour au moment présent prôné depuis toujours et mis à la mode par Eckhard Tolle se trouve aisément dans la respiration. Cela permet une forme de détachement mais attention, pas d’inactivité. Au passage, qui est arrivé à saisir le concept de moment présent en essayant de le trouver par la pensée?

La respiration mène à explorer le chaos

Différencier le détachement de l’inaction ou de l’absence est fondamentale. En effet, l’inaction ou l’absence est une forme de fuite. On en revient à la différence entre détente et mollesse. La détente se base sur une structure forte. elle n’est possible que grâce à l’ordre et elle permettra de s’adapter au chaos. Par la respiration, on atteint le détachement, ce qui est l’équivalent de la détente atteinte par la structure corporelle. Ce détachement repousse les peurs et permet donc d’avancer sereinement dans l’inconnu. 

Les grands respirants sont généralement très actifs et impliqués dans leur communauté. Cette activité peut se faire dans toutes les directions d’ailleurs. Aussi bien dans la société, l’entreprenariat, l’éducation, le sport, la spiritualité! C’est logique, quand l’ordre s’étend, on cherche à explorer de plus en plus loin. On sait alors que si on va trop loin, on pourra toujours retrouver notre zone de confort simplement en respirant.

Ainsi, la respiration devient un outil de développement incroyable puisqu’il permet d’aller toujours plus loin et de découvrir ce qu’on est capable de faire.

Quand le chaos l’emporte

Souvenez vous de la dernière fois que vous avez perdu pied. Nous avons déjà parlé des micro-apnées, on parle d’avoir le souffle coupé, on s’étrangle de colère et en anglais, lorsqu’on perd ses mots, on « choke ». Dès que les émotions liées à une situation nous emporte, la première chose qui est affecté est notre respiration. Quand la respiration devient elle-même chaotique, aucune chance de ne pas perdre pied, notre structure la plus interne étant vacillante.

J’ai toujours été amusé par les personnes qui pratiquent de nombreuses disciplines prônant la zen attitude mais qui partent en vrille pour n’importe quelle broutille. Il faut un mental surpuissant pour compenser un problème de respiration. Encore une fois, la respiration est centrale, elle affecte tout votre être. Si elle tremble, tout s’effondre. Malheureusement, ce n’est pas une grande inspiration/ expiration qui va changer les choses (surtout si elle est mal faîte). La capacité à rester lucide dépendra totalement de votre capacité à ne jamais arrêter de respirer. 

Quand cela sera en place, tout le chaos peut s’abattre sur vous, mais, il y aura toujours de l’ordre chez vous qui vous donnera quelque chose à quoi s’accrocher. Encore une fois, ça ne garantit en rien le résultat de la situation, mais ça garantit le fait que vous soyez au maximum de vos capacités pour y faire face.

 

Conclusion: trouver l’équilibre entre l’ordre et le chaos

L’objectif de la pratique de la respiration est d’être capable de se trouver constamment à l’équilibre entre l’ordre et le chaos. On pourrait rapprocher ça de la pratique de la cohérence cardiaque qui équilibre l’ortho et le para-sympathique. L’orthosympatique permet d’aller s’adapter au chaos tandis que le para permet de rétablir de l’ordre. Trop d’orthosympatique c’est aller explorer le chaos sans carte. Trop de parasympathique, c’est ne jamais aller explorer. Les deux doivent être dans l’idéal toujours équilibrer. 

Les techniques respiratoires permettront ensuite de vous adapter à la situation. Vous voulez aller courir dans le froid, vous devez forcer l’orthosympatique (Wim Hof) pour être capable de vous adapter. Si vous ne revenez pas à l’équilibre, vous aller être complètement excité, renforcer l’ego en vous croyant tout puissant. A l’inverse, si vous avez subit trop de stress, vous devez stimuler le parasympathique pour retrouver de l’ordre avec le pranayama par exemple. Par contre, si vous le stimuler trop, le déséquilibre vous rendra mou et éthéré… Vous connaissez pleins de gens comme ça j’en suis sûr 😉

Pour conclure, cet article avait pour but de mettre le doigt sur l’importance de la respiration pour répondre à une dualité quasiment archétypale: l’ordre et le chaos. Trouver cet équilibre entre les deux est central dans la pratique. Ce jeu d’équilibre est ce qui garantit une évolution dans votre pratique et vous permettra d’en appliquer les bienfaits dans votre vie en générale.

Pour en savoir plus, je vous pose cette question, pourquoi votre pratique vous apporte-t-elle?

 

A bientôt

 

Yvan