Troisième article sur le stress en milieu professionnel! Après avoir parlé du stress en milieu professionnel et vu l’importance d’évaluer notre état régulièrement pour prendre conscience d’un stress chronique, nous allons voir dans cet article l’influence de la respiration sur cet aspect. Stress et respiration sont intimement liés. Le stress modifie la respiration mais la respiration peut réguler le stress! Nous allons donc voir dans cet article les liens entre les deux et les influences que l’un à sur l’autre. Vous serez certainement étonnés de constater à quel point ce lien est à la fois évident mais totalement négligé. Pourtant, vous verrez également que l’impact physique, physiologique et psychologique entre les deux est colossal!

 

Mauvaise posture, bouche ouverte, probablement en apnée… Le stress va perturber la respiration qui va augmenter le stress…

 

Les trois domaines d’influence de la respiration

Dans un article précédent, j’ai parlé des trois piliers de la respiration. Ces trois piliers sont les trois domaines sur lesquels la respiration possède une influence. Le domaine le plus évident pour tout le monde est la physiologie. Du moins pour son aspect le plus basique, à savoir, si on ne respire pas, on meurt. Tout aussi accepté du grand public, l’aspect « mental ». Respirer un grand coup pour se détendre est un réflexe commun. Le troisième aspect est déjà beaucoup moins connu: l’aspect mécanique avec une action directe sur la posture. Reprenons donc pourquoi la respiration influe sur ces trois domaines.

Tout d’abord l’aspect physiologique. Certes, si on ne respire pas on meurt et c’est la respiration qui amène l’oxygène aux tissus. Néanmoins, la respiration gère les échanges gazeux et donc la concentration d’O2 et de CO2 mais aussi de NO. Cette balance va avoir un impact sur la saturation en oxygène, sur le pH sanguin qui lui même joue un rôle sur le cerveau qui joue sur le système endocrinien… La manière de respirer va donc avoir un impact sur la physiologie de notre organisme à court et long terme.

Au niveau de l’aspect mental, la respiration permet de réguler l’activité du système sympathique. On va donc pouvoir ralentir le coeur, baisser la tension, avoir un effet euphorisant… Bref calmer la psyché ou au contraire l’activer! Le rythme respiratoire va donc donner de l’énergie ou au contraire diffuser celle qu’il y a en trop.

Dernier point, la structure. Avoir une bonne respiration permet d’utiliser l’action du diaphragme pour répartir les charges physiques sur l’ensemble du corps. Ceci permettra de créer moins de tensions corporelles qui vont à la fois gêner la respiration et son action sur les autres points mais aussi d’éviter l’apparition de douleurs dans différentes parties du corps, y compris nuque, dos et lombaires… Autre point, une bonne respiration se fait par le nez. Ceci impacte sur les muscles profonds participant à la tenue du corps.

L’effet du stress sur la respiration

Pour rappel, le stress est une réaction physiologique naturelle favorisant l’adaptation du corps à une contrainte. Le stress va donc avoir tendance à accélérer le métabolisme et pour cela, envoyer un maximum de sang et d’énergie dans les zones nécessaires à la fuite ou au combat. On va donc favoriser l’afflux sanguin vers les muscles, les jambes en particulier. A l’inverse, on va stopper ou ralentir les fonctions inutiles à ce moment là donc la digestion et les fonctions cognitives supérieures. Ceci se fait par une désactivation du système nerveux parasympathique. Tous les symptômes du stress sont liés à cela.

Cette désactivation va avoir pour effet une augmentation directe du rythme cardiaque. Par conséquent, la respiration va suivre et être à la fois plus rapide et plus superficielle. Ce qui va avoir pour effet de garder le parasympathique excité. Par conséquent, en cas de stress chronique, un cercle vicieux s’installe entre respiration superficielle et stimulation du système nerveux sympathique. On va donc avoir des troubles digestifs, une tension sanguine élevée, des maux de tête…

Au niveau mental, il va être difficile voir impossible de se calmer par la force de l’esprit. Le corps a pris la main en cas de stress chronique et est plein de cortisol et d’adrénaline. Il devient donc très difficile d’être reposé, tous les tissus sont en alerte, électriques. Vous sursautez au moindre bruit, sur-réagissez à la moindre stimulation et impossible de dormir. Vous devenez irritable et vous subissez de fortes variations émotionnelles. Faire des exercices de méditations pour vous calmer à ce niveau est inaccessible, l’activité nerveuse est trop importante.

Enfin au niveau physique, la respiration superficielle constante va déséquilibrer le tronc, en montant légèrement le centre de gravité, ce qui donnera immanquablement des douleurs de type TMS. Ensuite, cette respiration favorise la respiration buccale avec tous les problèmes associés que nous avons vus par ailleurs.

La respiration est affectée par le milieu professionnel

Le milieu professionnel va impacter la respiration de plusieurs manières. Bien sur directement via des situations stressantes mais va aussi en modifiant la respiration à cause d’une mauvaise habitude mettre le corps en situation de stress. Typiquement, l’apnée de l’email dont nous avons déjà et qui va entraîner un stress alors qu’il ne se passe rien. Un mauvais fauteuil peut également créer des problèmes. Une mauvaise position assise chez quelqu’un qui ne fait pas attention à la respiration va entraîner une modification dans la manière de respirer et donner une respiration superficielle. Cette respiration superficielle va mimer 8h/ jour une situation de stress, que le système nerveux végétatif va interpréter comme tel. Résultat, un stress chronique difficile à expliquer par des raisons psychologiques…

Mais il y a également des sources de stress vont jouer sur la respiration. Par exemple si vous avez un problème avec un collègue, chaque fois qu’il sera là, vous allez probablement faire une apnée ou vous énervez accélérant votre système végétatif et donc la respiration. Vous êtes contrarié dans une réunion? Idem. Vous avez un dossier urgent à rendre? Vous vous mettez en état de stress ce qui vous permettra d’augmenter vos performances mais votre respiration va partir en vrille.

Tous ces faits vont jouer sur votre respiration qui va au fur et à mesure vous faire rentrer ou vous maintenir dans un état de stress en stimulant l’excitation via un ou plusieurs des trois piliers. Ceci va favoriser l’installation d’un stress chronique sans même que l’on comprenne pourquoi… 

Evidemment, tout ne doit pas être mis sur le dos de la respiration. Nous avons vu dans les articles précédents que de nombreuses causes pouvaient être responsables du stress. Néanmoins, la respiration sera toujours affectée d’une manière ou une autre. Or, avec la respiration, si elle n’est pas avec vous, elle est contre…

Conclusion

Même si cela ne semble pas évident, respiration et stress au travail sont intimement liés. Dans cet article, nous avons vu que la respiration jouait sur les aspects physique, physiologique et mentaux de notre santé. Or, le travail peut créer des modifications de la respiration qui vont perturber un ou plusieurs de ces domaines. En perturbant la respiration, on prend le risque de commencer un cercle vicieux ou la respiration perturbée va elle-même donner le signal au corps qu’il y a un problème et le corps va donc déclencher le stress. C’est ainsi que l’on pourra se retrouver en situation de stress chronique alors que fondamentalement, il n’y a pas de gros problèmes. Toutefois, de gros problèmes peuvent également créer du stress qui lui-même va modifier la respiration… 

La respiration est donc clé pour mieux vivre en milieu professionnel. En y portant son attention déjà. Essayez de remarquer toutes les fois où votre respiration varie dans la journée sans que vous n’y prêtiez attention habituellement. Mais surtout, il va falloir reprendre votre respiration en main en travaillant dessus pour casser le cercle vicieux du stress. En effet, la respiration est votre unique point d’accès conscient à vos trois piliers! C’est ce point qui fera l’objet de mon prochain article de la série stress au travail!

A bientôt

Yvan