Un article un peu particulier aujourd’hui. En effet, suite à une conférence sur une pratique issue du yoga qui s’appelle pratique de Bhusunda, j’ai fait un parallèle avec un phénomène qui sous-tend ma pratique du systema et qui est également d’une grande aide dans ma pratique Taoïste. Cet article s’adresse donc plutôt aux personnes qui me suivent dans ce type de pratique et qui ont un niveau plutôt avancé. Ce sera plus simple de comprendre ce dont je parle si il y a les outils en place pour mettre en pratique.
Nous allons donc voir dans cet article comment la respiration peut aider à libérer le centre du mouvement!
Le mouvement en systema
Le mouvement est un élément central du systema, en tous cas celui que je pratique, le systema Ryabko. Trop souvent confondu avec la mobilité, le mouvement est ce qui donne cet aspect puissant mais relâché aux actions que l’on peut voir en systema. C’est également ce mouvement interne qui permet de rester dans le « temps » en permanence.
Pour arriver à faire cela, le systema utilise deux approches, la respiration et un reconditionnement physique. Malheureusement, il manque un troisième élément pour que ça fonctionne et celui-là, ils ne l’enseignent pas, ou du moins pas de la façon dont on l’attendrait.
Pourquoi ces deux types de travail sont nécessaires? Parce que le mouvement n’est pas de l’intention. Comme me l’a répété souvent Vladimir Zaykovskiy, le mouvement est quelque chose de très physique. C’est effectivement le cas.
La nature du mouvement
Je me garderai de donner un avis ferme sur ce qu’est ce mouvement. Autant le manifester m’est facile, autant le définir est plus compliqué. A un moment, je me suis demandé si ce n’était pas ce que l’on appelle le chi dans les arts martiaux chinois. Ou encore, ce que certains ostéopathes appellent le mouvement des fascias. Bien que la sensation soit proche, il y a un problème de lenteur dans ces deux phénomènes par rapport à ce que je travaille avec le mouvement. Néanmoins, le mouvement me permet sans problème de faire ce travail sur les fascias ou les muscles comme les kinés et ostéos qui travaillent avec moi ont pu le constater.
Le mouvement est donc autre, ou en tous cas une manifestation différentes de ces phénomènes. Ce qui est curieux toutefois, c’est que les personnes qui sont capables de manipuler ce travail sur les fascias ou l’énergie selon l’approche chinoise n’ont pas forcément de facilité pour le trouver.
La raison est que certaines choses bloquent le mouvement en particulier lié aux émotions. C’est en faisant ce travail que j’ai pu permettre à un de mes élèves de sentir ce phénomène et qui l’utilise dans son travail de professionnel de santé.
La pratique de Bhusunda
Bhusunda est un personnage tiré de certains textes de Yoga. C’est un corbeau décrit comme sage, très vieux et très sage… Je ne suis pas spécialiste donc je ne m’aventurerai pas à en parler plus que ça. Ce qu’il y a d’important dans ce qui nous intéresse ici est la pratique qu’il décrit. Cette pratique consiste à observer son souffle.
Pour mettre en place cette pratique, il faut s’asseoir, ériger la colonne et ouvrir la poitrine sur l’inspiration. Il faut ensuite chercher le centre de la poitrine et l’observer sur la pause respiratoire. Vous pouvez placer votre main sur la poitrine et appuyer doucement. Sur l’expiration, chercher à sentir un flux qui sort de cette zone et qui s’étend dans l’ensemble du corps en même temps que votre expiration. Renforcez cette sensation avec de la visualisation.
Au fur et à mesure des expirations, cherchez à sentir la zone dans laquelle ce flux se dissout dans l’air extérieur. Vous vous rendrez compte que ce point est face au centre de la poitrine et parallèle au sol.
Lorsque vous l’avez identifié, sur l’inspiration suivante, cherchez à sentir le départ de l’air inhalé sur ce point de dissolution et visualiser le trajet jusqu’au centre.
Vous sentirez qu’il y a une pause entre l’inspiration et l’expiration. Prêtez-y attention et voyez également où se manifestent ces pauses dans le corps. Vous sentirez à chaque fois le mouvement.
Le centre du mouvement
Cet exercice ne va pas vous donnez la possibilité d’utiliser le mouvement de façon dynamique. Par contre, il peut clairement vous faire sentir la nature du mouvement et son centre. Pour l’utiliser, le rendre plus fluide et l’envoyer dans le corps, cela passera par un autre type de travail. Un sur le corps et un sur l’ego dans un sens large. Pourquoi sentir ce centre est important? Parce que tout par de là et le contrôle du mouvement se fera dans un premier temps via ce centre.
Vous sentirez également que par la respiration vous pourrez « recharger le mouvement » quand vous avez la sensation d’être à plat si vous l’envoyez dans le centre.
La conséquence sera cette circulation fluide du mouvement qui permettra une meilleure utilisation du corps et la sensation d’être dans le bon temps. Vous aurez une meilleure gestion de votre force et une meilleure capacité à suivre les contraintes extérieures. La circulation du mouvement fera un autre travail qui sera de vous aligner et vous permettra ainsi de faire d’autres changements profonds en vous. Mais c’est un autre sujet.
Conclusion
Le mouvement et le centre du mouvement sont importants dans la pratique du Systema mais également dans la vie quotidienne. Pourquoi? Parce que le mouvement va énormément travailler sur vous si vous le laissez circuler dans le corps.
Une dernier point intéressant est la localisation du mouvement qui est exactement au même niveau que le centre émotionnel énergétique dans plusieurs traditions. Les émotions peuvent bloquer le mouvement, raison pour laquelle il est difficile de le sentir mais le mouvement peut permettre de relâcher ces émotions.
L’importance de ce lien oriente énormément mon travail en ce moment. Mes deux prochains stages sont d’ailleurs sur les émotions pour la respiration et sur le centre du mouvement pour le Systema. C’est vraiment un point central. Voilà pourquoi je recommande cet exercice issu du yoga pour sentir le mouvement, en particulier pour ceux qui ont une pratique avancée qui stagne un peu. Sentir la nature du mouvement vous donnera une piste pour avancer.
A bientôt!
Yvan
Bonjour Yvan,
La partie sur l’expiration me semble claire, autant la phrase « cherchez à sentir le départ de l’air inhalé sur ce point de dissolution » ne me le parait pas. Pourrais-tu la reformuler ou approfondir un peu ?
C’est assez surprenant car ton article fait écho pour moi au livre Guérir de David Servan-Schreiber que j’ai lu hier soir. Un passage où il explique le principe et ressenti de la cohérence cardiaque. Ayant pratiqué depuis un peu plus d’un an le yoga, j’y ai trouvé des choses pour ma pratique martiale (motricité, rapport à la respiration et visualisation). Tout ce qui aiguise mon intérêt pour les pratiques plus internes et ce qu’elles peuvent apporter. Est-ce que ce centre du mouvement à un point à voir avec le Hara ou Tanden ? Vois-tu ce « mouvement » comme uniquement la motricité du corps ? Ou l’assimiles-tu comme le flux général du mouvement du corps (déplacement interne et massage des organes, mouvements des flux d’énergie émis par le corps) ?
Hello,
non pour tes trois questions 🙂
Il n’y a qu’en sentant que je peux réellement expliquer de quoi je parle.