Aujourd’hui, un petit billet pour parler un peu de l’état d’esprit à avoir dans la pratique de la respiration et plus généralement de toute discipline impliquant un travail sur soi. Pourquoi cet article? Parce que que je le veuille ou non, la pratique de la respiration se trouve dans la nébuleuse des pratiques du développement personnel. Quel est le problème avec ça? C’est qu’elle est abordé globalement de la même manière, vite et superficiellement.

Il me semblait donc important de préciser mon point de vue sur comment la pratique de la respiration doit être abordée pour être la plus efficace possible. Ce n’est en effet que comme cela que des bénéfices solides apparaîtront. De même, l’enseignement me paraît un point important à aborder. Le développement personnel à ce travers important de générer des enseignant bien trop rapidement. J’en parlerai également dans ce billet parce qu’il me semble important de savoir comment choisir un enseignant pour pouvoir bien pratiquer.

 

Qu’est-ce qu’une bonne pratique de la respiration?

 

J’en ai déjà parlé un peu ailleurs en expliquant la différence entre une technique et une méthode. Pour moi, une bonne pratique ne peut reposer que sur une méthode. Et une méthode n’est pas la répétition ad nauseam d’une technique… La bonne pratique de la respiration nécessite une construction dont les fondations permettront d’aller travailler en profondeur sur tous les aspects de la personne. Par tous les aspects j’entends la performance physique, la santé du corps, l’acuité mentale et la santé mentale, la bonne gestion des émotions et pour ceux qui l’expérimentent le travail dit énergétique.

Or, quel que soit l’aspect, cela prend du temps de le changer. Si ce n’est pas le cas, c’est soit que vous avez moins de trois ans, mais il est peu probable que vous puissiez me lire, soit que vous vous mentez ou qu’on vous ment. Un petit changement de posture par exemple pour s’ancrer peut prendre six mois. Changer un petit fonctionnement mental, quelques mois aussi. Il est donc illusoire de penser qu’en un week-end ou même une semaine, des changements profonds et surtout durables auront lieu. C’est un peu comme une séance de massage, on se sent bien sur le coup mais un jour après, les tensions sont revenues.

Alors à quoi servent ces weeks-end de pratique? En effet, moi-même, j’en donne. Ils servent à deux choses: pour un débutant, découvrir une pratique et en vivre les effets. Pour un avancé, utiliser les qualités qu’il développe sur le travail au long cours pour traiter un problème particulier. Pour l’avancé, cela peut éventuellement lui donner un outil pour pratiquer seul. Tout dépend du niveau de l’avancé en question. Un bon indice pour savoir s’il pourra le faire est s’il demande s’il peut le pratiquer et comment l’intégrer dans son travail. S’il dit que demain il le fait, je suis sûr à 90 % que ce sera une perte de temps pour lui…

L’importance du suivi

 

En fait, les formats d’enseignement du développement personnel sont étranges. Les gens viennent picorer du stage qui est toujours le meilleur qu’ils aient jamais fait. Cependant, il y a une question intéressante à poser, si faire cela marche, pourquoi ce besoin d’aller toujours en faire des nouveaux? Lorsque je vois ce genre de comportement, je ne vois qu’une expression du besoin de consommer, d’être toujours à la surface des choses et de ne jamais trop s’arrêter sur comment on fonctionne… Cela se comprend, zapper est toujours plus agréable avec le sentiment de nouveauté que de se regarder en face avec toute la saleté que cela implique de nettoyer.

Or, il n’y a que cela qu’on arrive à quelque chose. Et c’est là que vient l’importance du suivi. Bien pratiquer implique d’avoir une vision claire de ce que l’on fait. Or, je n’apprendrai rien à personne en disant que s’il y a bien quelque chose dont nous ne sommes pas capables, c’est d’être totalement objectifs sur nous-mêmes. Même si on fait un travail de fond, c’est à mon sens de l’ordre de l’impossible d’être totalement objectif. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’avoir quelque chose ou quelqu’un qui puisse indiquer ce que l’on fait.

De base, je viens des arts martiaux. Il y a un avantage avec les arts martiaux, plus que le prof, c’est le partenaire. Si ce que vous faîtes est mauvais, le partenaire ne réagira pas. Si ce que vous faîtes est bon il tombera. C’est un peu la même chose avec les études où vous avez des évaluations pour jauger d’où vous êtes.

Le problème du développement personnel c’est que les critères d’efficacité sont vaseux et facilement falsifiables en jouant sur l’ego. Faîtes croire à n’importe qui mal dans sa peau qu’il est capable de manipuler l’énergie de l’univers en ayant une position de prof/ instructeur/ gourou/ coach/ thérapeute, il aura du mal à prendre le recul nécessaire pour se dire « et si c’était pas vrai »?

Un vrai suivi implique des tests objectifs et vérifiables dont l’idéal par l’élève lui-même et au pire par l’instructeur. Il n’y a que comme ça que l’on peut être conforté dans le fait que tout ne se passe pas uniquement dans notre tête…

 

L’importance du travail

 

Evidemment, s’il y a un suivi, cela veut dire qu’il y a un travail sur le long terme. Combien de temps ça vous a pris d’apprendre à marcher? Combien de temps ça vous a pris d’apprendre à lire? Par quel miracle la maîtrise des différents aspects de soi pourraient prendre seulement quelques heures? Pire, si ce travail est sur les autres?

L’obtention d’une compétence demande du temps. L’apprentissage théorique peut-être rapide mais la mise en pratique jamais. Il n’y a que dans la régularité que les progrès et les changements se manifestent. Lire un livre de développement personnel n’a jamais changé personne. Et la mise en pratique est toujours difficile. J’estime que sans pratiquer consciemment au minimum 4 heures par semaine, rien de bon ne peut en sortir. Du mauvais oui par contre avec l’ego qui pensera avoir acquis les choses.

Il faut donc investir du temps de pratique et se faire suivre et évaluer par un tiers. Professeur ou protocole d’ailleurs. Et oui, l’évaluation peut faire mal à l’ego, mais vous êtes là pour vous améliorer non?

 

Pourquoi enseigner?

 

Le dernier point que je trouve aberrant dans ce milieu est la facilité avec laquelle les instructeurs sont formés. J’assiste à une course à la certification facile où les CVs des coachs font plus penser à une liste de course qu’à une compétence. C’est quoi le problème avec le fait d’avoir une spécialité et de la faire extrêmement bien? Les gens doués dans ce qu’ils font n’ont pas besoin d’afficher 200 diplômes, ils ont juste besoin de faire. Mais revenons à cela. Quel est l’intérêt d’accumuler du diplôme pour un formateur si son but est réellement d’aider les gens? En fait, c’est le même problème qu’ale pratiquant qui passe de stage en stage dont je parlais plus haut. Cela évite de trop se regarder. Ce qui pour moi est aussi le signe que la personne n’est pas prête pour donner un bon enseignement.

La certification est devenue un business et le but est de faire des formations certifiantes courtes et de les multiplier. Peu importe le niveau du certifié, le but n’est pas là. Cela joue bien sur les gens qui n’ont pas cette stabilité et maintient le business florissant.

Si vous voulez vraiment enseigner pour aider les gens, prenez le temps de vous former et de développer une vraie compétence. Entourez vous de gens qui sont spécialistes dans des domaines où vous ne l’êtes pas. Là, vous aiderez votre client. Malheureusement, cela prend du temps et on ne devient pas bon en six mois. De plus, enseigner demande également que la pratique personnelle continue pour pouvoir délivrer un enseignement de qualité…

Comment reconnaître un bon enseignant?

 

C’est en effet difficile pour quelqu’un qui cherche à comprendre qui il est de savoir qui est la bonne personne pour lui enseigner. Pour moi, il y a trois critères majeurs: le premier, le courant doit bien passer. Un excellent instructeur ne l’est pas pour tout le monde. Ensuite, la pédagogie doit être claire et doit pouvoir tenir sur la durée. Je parle d’un cycle entier de trois ans minimum pour quelqu’un qui voudrait avancer.  Ceci montre que la personne suit une vraie méthodologie pour faire progresser les gens.

Enfin, le dernier point qui est crucial, quelle est la vie de la personne? Est-ce qu’elle est capable d’atteindre ses objectifs. Est-elle indépendante? Est-elle amère? Est-elle en colère contre le monde (même si de façade c’est un moine zen)? Si c’est le cas, la personne ne travaille pas assez sur elle. Cela n’impacte peut-être pas le premier point mais cela montre qu’elle n’a pas l’expérience nécessaire pour aller loin sur le second. Est-ce qu’elle a besoin de vous et de vous garder pour gagner sa vie? Si c’est le cas, cela va vite poser un conflit d’intérêt sur le fait qu’elle ne pourra pas trop vous faire progresser au risque de vous perdre…

Bref, ces points simples permettront de savoir si la personne avec qui vous travaillez pourra être réellement une aide pour vous. Petit bonus, demandez à la personne combien de temps cela lui a pris pour avoir son diplôme. Si elle en a des dizaines, demandez lui combien de temps elle passe pour travailler chacune des disciplines qu’elle propose… Là aussi ça peut faire du ménage.

Conclusion

 

La pratique de la respiration peut avoir les mêmes écueils que ceux que j’ai présenté dans cet article. Je vais conclure sur la façon dont je procède puisque la question m’a également été posée par mail. Mes cours réguliers en présentiel ou en ligne sont programmés sur l’année, pour développer des points bien précis qui permettent de construire quelque chose. Ces cours servent avant tout à vous faire vous sentir bien et exploiter un potentiel peu utilisé.

Est-ce qu’ils donnent la possibilité d’enseigner? Pas vraiment. Parce que même si on construit les choses correctement, je n’ai pas le temps d’expliciter pourquoi je fais les choses et quel est le plan général. Est-ce que cela empêche d’enseigner? Non. Mais je ne m’engage pas sur la qualité de ce qui est enseigné ni le fait qu’ils ont été formé par moi.

Ceci est la différence avec ma formation de moniteurs qui eux ont le plan et la pédagogie qui leur est explicitée. Ils ont également les cours régulier pour pouvoir progresser sur eux aussi avant de donner les cours. Ce n’est que comme ça que l’on connaît les problèmes auxquels les élèves seront confrontés. En fait, la logique serait de d’abord faire les cours en ligne et ensuite la formation de moniteur. Pourquoi ne pas l’avoir organisé comme ça? Parce que la demande que l’on me fait de cours en présentiel est forte et que je ne peux pas être partout. Par contre, je m’engage sur la compétence des moniteurs que j’aurai certifié et qui impliquera une compétence technique, un travail sur eux et une compétence pédagogique.

 

Voilà, j’espère avoir éclairci ma manière de voir les choses et d’avoir répondu aux gens qui m’ont écrit à ce propos!

 

A bientôt

 

Yvan

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